Le dilemme de la CEDEAO au Niger : Intervenir ou s’abstenir ?

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Le cercle de la gestion du pouvoir en Afrique de l’ouest serait vicieux. Les interruptions volontaires de gouvernance se multiplient, et point d’alternatives n’est disponible afin de trouver une solution à une situation bien complexe. Face à un tel désarroi, la CEDEAO perd de plus en plus en crédibilité. Le dernier putsch au Niger aurait été la goutte d’eau qui fit déborder le vase. Une intervention militaire s’annonce imminente. En même temps, l’on dit privilégier la piste diplomatique, car étant contre toute violence. Le dilemme est là. Intervenir militairement au risque de faire des victimes innocentes ou prioriser la solution politique négociée et donner la latitude aux putschistes de gagner en force et en popularité.

Il s’agirait donc d’un exercice de dissuasion qui pourrait, assez vite, basculer dans la force active. Pour le moment, il semblerait que la CEDEAO se préparerait, peaufinerait les derniers réglages. En même temps, l’on lorgne du regards Niamey, espérant peut-être, une ultime lueur de raison de la part des auteurs du coup d’État. Il s’agirait donc d’un exercice d’équilibrisme qui pencherait plus vers l’option militaire.  La CEDEAO ne peut assister aux putschs sans sévir, et ce, de manière ferme. Le cas du Niger devrait servir d’exemple et envoyer un message clair à tout militaire qui aurait l’intention de profiter d’un quelconque prétexte, pour s’accaparer du pouvoir.

Pour les dirigeants de la CEDEAO, il faut se hâter, de manière appliquée, afin de mettre toutes les chances de réussite de son côté. Ils doivent aussi faire face à une forte vague de critiques qui les frappent depuis plusieurs années. Ils seraient à la solde de l’Occident et ne privilégieraient pas l’intérêt de leur peuple.

Sauf que, la force et la crédibilité de la CEDEAO, dépend aussi des pays qui la composent. Aujourd’hui, l’on attribue l’organisation sous-régionale aux seuls pays ayant des présidents démocratiquement élus ; en oubliant presque les autres États gérés par des pouvoirs dites de Transition qui font aussi partie de l’organisation.

A chaque situation de crise politico-institutionnelle, ce sont les pays qui ont un gouvernement assis de manière légale, ensemble ou de manière individuel, qui deviennent les arbitres. En 2012, l’on se souvient des nombreux déplacements du ministre Djibirl Bassolé à Bamako afin de dialoguer avec les putschistes d’alors. Aujourd’hui, malheureusement, le Burkina est du côté sombre de la pièce.

En tout état de cause, les coups d’États, sont rarement salutaires. Les condamner est une question de principe et démontre notre niveau d’attachement à la République et à l’orthodoxie institutionnelle. Ils sont les symptômes d’une gouvernance qui aura failli, d’un système en totale déphasage avec les réalités du pays, mais aussi, de l’opportunisme d’une certaine classe, civilo-militaire, beaucoup plus téméraire que foisonnante d’idées prometteuses pouvant faire sortir de pays de la tourmente.

Ahmed M. Thiam

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