Le chaos malien inquiète l’Ouest africain

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Alors que les voisins du Mali continuent à faire pression sur les putschistes pour un retour au pouvoir du président Touré, l’avancée des rebelles touaregs pousse la force armée de la Cédéao à mettre 2000 hommes en alerte. Pas question que l’unité territoriale du pays pâtisse de la crise.

Depuis que des militaires mutinés ont pris le pouvoir au Mali, reprochant notamment au président Amadou Toumani Touré son échec contre la rébellion touarègue, les rebelles, voyant une opportunité dans ce changement de régime, multiplient les attaques. Et ils gagnent régulièrement du terrain. Vendredi, ils ont pris le contrôle de la ville stratégique de Kidal, dans le nord-est du pays. Après 48 heures de combats, le groupe armé islamiste Ansar Dine, appuyé par des éléments du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA), le grand groupe rebelle touareg, a fait son entrée dans la ville. Et le chef d’Ansar Dine, Iyad Ag Ghaly, natif de Kidal, a pu s’offrir le plaisir d’un défilé triomphal à la tête d’un cortège de véhicules sur lesquels flottait le drapeau noir frappé du sceau du prophète, habituel emblème des salafistes et des islamistes radicaux. Samedi c’était au tour de Gao d’être sous le feu à l’arme lourde des rebelles touaregs. Principale ville du nord Mali encore sous contrôle des forces gouvernementales, à environ 1000 km au nord-est de Bamako, Gao abrite notamment l’état-major de l’armée pour toute la région septentrionale.

Une avancée qui a poussé la junte militaire à s’alarmer de cette situation “critique” et à appeler au soutien “extérieur” pour l’endiguer. Les nouveaux chefs du Mali semblent surtout incapables de contrer l’alliance objective qui s’est nouée entre le MNLA, groupe rebelle aux positions laïques, et le groupe islamiste Ansar Dine – deux fractions que rien n’unit, si ce n’est leur opposition à l’armée malienne. Avant Kidal et Gao, les rebelles s’étaient déjà attaqués, avec succès, aux localités d’Aguelhok, Tessalit et Tinzawaten, de sorte qu’ils contrôlent désormais la quasi-totalité du nord-est malien, considéré comme le berceau des Touaregs.

La tension monte à Bamako

Totalement isolée sur la scène internationale depuis le renversement du président Amadou Toumani Touré, la junte appelle désormais au secours. La Cédéao, qui réclame un retour au pouvoir du président Amadou Toumani Touré, a menacé jeudi la junte au pouvoir au Mali depuis le 22 mars d’un “embargo diplomatique et financier” faute d’un retour à l’ordre constitutionnel “dans un délai maximum de 72 heures“, soit lundi “au plus tard“. Mais face à l’avancée des rebelles, l’organisation politique ouest-africaine a “mis en alerte une force armée de 2000 hommes“, a affirmé samedi son président en exercice, le chef de l’Etat ivoirien Alassane Ouattara, disant vouloir “préserver à tout prix l’intégrité territoriale du Mali“. “Notre souhait est d’éviter la guerre. Si la légitimité est rétablie et que ces mouvements armés s’aperçoivent qu’il y a une mobilisation régionale et internationale, ils quitteront Kidal tout de suite“, a-t-il estimé.

Face aux condamnations internationales unanimes, les putschistes se sont surtout efforcés jusqu’à présent d’instaurer un état de fait, multipliant les mesures visant à une normalisation, notamment l’adoption d’une Constitution censée régir la transition jusqu’à des élections à une date non déterminée. Ils savent pouvoir s’appuyer sur l’adhésion d’une partie des Maliens vivant dans la pauvreté et écoeurés par la corruption. Mais à Bamako, le climat s’est détérioré ces dernières heures, avec des affrontements jeudi entre pro et anti-junte, alors que la presse internationale est de plus en plus prise à partie par les partisans du nouveau régime.

L’envoyé spécial de Radio France à Bamako a ainsi été agressé et menacé de mort par des militaires pro-junte dans la nuit de mercredi à jeudi. Des militaires “m’ont demandé qui j’étais. Quand ils ont vu que j’étais journaliste, ils m’ont mis des menottes, attaché à un arbre, ensuite mis à genoux parce que mes poignets saignaient, puis ils m’ont autorisé à m’asseoir“, a raconté Omar Ouahmane, grand reporter à la rédaction de France Culture. “Cela a duré toute la nuit, ils m’ont mis en joue, ont menacé de m’éclater la cervelle, (…) ils ont cassé mon matériel, (…) ils étaient en colère parce qu’ils accusent la France de soutenir” le président Touré. Son calvaire n’a finalement pris fin qu’à l’arrivée d’un gradé qui lui a permis d’être libéré. Ce qui n’a pas empêché l’un de ses tortionnaires de le menacer une dernière fois : “si je te revois, je te tue“. Un incident révélateur des tensions auxquelles sont confrontées les journalistes étrangers depuis ces derniers jours à Bamako.

TF1
le 31 mars 2012 à 14:00

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4 COMMENTAIRES

  1. Gao puis Tombouctou aux mains des rebelles,voila les conséquences d’un coup d’Etat idiot et non reflechi;qui aurait pu croire à la reussite d’un tel coup en 2012 sous pretexte d’incompétence de SEM ATT voila ou nous à méner leurs compétence (junte).
    après le retour à l’ordre constitutionnel il faudra que cette junte reponde de leurs acte devant la justice Malienne.
    le retour constitutionnel signifie alors l’application de la constitution,je ne comprends donc pas pourquoi une convention nationale devrait mettre en place une organe de transition ????
    Tout ça pour ne constater que leurs incapacité après 10 jours passé au pouvoir menant le peuple Malien dans le chaos et le desespoirs et divisant le Mali en laissant le Nord à l’azawad !!!!

  2. Oui, ce chaos est voulu et fabriqué depuis des années par les Négriers de la Françafrique. Aussi, il ne faut plus se faire d’illusions sur les institutions africaines. Elles sont au service des Occidentaux servis par les pantins et les fantoches Nègres de la Françafrique.
    Dès que le Mali aura réglé cette crise, si l’UA et la CEDEAO ne bougent pas dans le bon sens à savoir le respect et la défense de l’intégrité du Mali, il faudra généraliser la déstabilisation de toute la sous région pour redessiner la carte des États. On verra alors ce qui restera du Burkina-Faso, du Niger, de la Côte d’Ivoire, du Libéria, du Nigéria, bref de tous ces Etats ouest-africains dans leur configuration actuelle. Les Occidentaux se frotteront les mains et on verra que seront devenus les Blaise Compaoré, Ouattara, Boni Yayi et tous ces pantins de Nègres criminels qui maintiennent l’Afrique dans un cycle historique négrier de plus de 500 ans. Et si nos peuples ne prennent pas au sérieux la malfaisance de ces fantoches à la tête de nos Etats nous n’aurons nos yeux que pour pleurer nos morts. En ce moment crucial, on nous distrait avec des élections néocoloniales pipées d’avance et financées par les occidentaux; mais les vraies menaces qui pèsent sur notre avenir, ce sont des guerres généralisées de remise en cause des frontières, des massacres de masses et le démantèlement de nos Etats. Et c’est aux patriotes africains de barrer la route à cet avenir noir que ces Nègres fantoches nous préparent, après le Soudan, la Côte d’Ivoire, la Libye…
    Peuple du Mali et d’Afrique, ATT n’est pas à sauver, mais bien l’intégrité et l’unité du Mali en tant qu’Etat souverain. Il ne faut pas se tromper de combat. Et viendra le moment de régler le sort à tous ces rois négriers que sont Ouattara, Blaise Comparé un serpent à double tête nommé médiateur, mais pompier-pyromane, Bony Yayi et consorts…Bref rien que des rois négriers criminels, qui à la manœuvre contre l’Afrique et ses peuples, méritent notre mépris et nos crachats.
    Respect pour l’intégrité et la souveraineté du Mali ! La patrie ou la mort, nous vaincrons !

    • Merci Phare,vous etes l’une des rares personnes a comprendre l’enjeu geopolitique de ces conflits. 😳

      • Modère ton langage.Tu parles comme si tu n’étais pas malien.Les vrais maliens leurs soucis c’est de mettre fin a cette crise.Cesse s’il te plaît de mettre le feu à la case.

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