Il est, sans nul doute, indéniable que la crise que traverse le Mali a des conséquences sur la paix, la quiétude et le développement des pays de la sous-région en général et ceux qui partagent les frontières avec lui, en particulier. L’organisation sous régionale qui est la CEDEAO, avait dépêché une mission de haut niveau pour comprendre les causes de la crise et a fini par proposer des solutions qui étaient supposées être un compromis pour toutes les parties. Quelles sont ses propositions de sortie de crise ? Pourquoi n’ont-elles pas été appliquées ? La CEDEAO, qui est la gendarme de la sous-région, ne pourrait-elle pas brandir des sanctions contre tout contrevenant à ses propositions ?
La sous-région ouest-africaine était l’une des plus paisibles en Afrique avant la guerre au sahel. Elle devient aujourd’hui l’une des plus instables, à cause du terrorisme et de la mal gouvernance. Le Mali longtemps considéré comme un havre de paix est devenu, ces dernières années, une zone de turbulence. Les terroristes dictent leurs lois au grand nord et au centre, le sud est mis en coupe réglée par une minorité prédatrice qui s’est accaparée de toutes les richesses. C’est fort de ce constat alarmant et prenant son destin en main, une frange importante du peuple s’est soulevée pour dire non à la corruption, au népotisme, à la faim et pour plus de justice sociale. En réponse à ce cri de détresse des manifestants, le gouvernement a dit niet, jetant le pays dans une insurrection. C’est pour parer au plus pressé, avant que la crise ne dégénère, que la CEDEAO a dépêché une mission de haut niveau afin de diagnostiquer et de proposer des solutions de sortie de crise au gouvernement. Les solutions préconisées par la mission de la CEDEAO comprenaient entre autres la tenue des élections partielles dans les circonscriptions qui font l’objet de contestation, le remembrement de la Cour Constitutionnelle, pour avoir été la cause immédiate de la crise, après l’arrêt qu’elle a rendu, suite aux élections législatives. Et enfin la mission de la CEDEAO a proposé la mise en place d’un gouvernement d’union nationale regroupant toutes les forces vives de la nation.
Alors qui a enfreint à l’application de ces propositions qui semblent satisfaire toutes les deux parties en conflit ? Probablement le gouvernement qui n’a jusque-là pas donné aucun gage de bonne volonté pour mettre en œuvre les recommandations de la CEDEAO. Donc il revient à la CEDEAO, qui est une institution supranationale, d’imposer sa volonté au gouvernement malien, qui semble opter pour la méthode forte pour faire taire la contestation.
Selon nos informations, après les manifestations du 10 juillet 2020, violemment réprimées, le gouvernement a procédé par des arrestations de certains leaders du M5 RFP. Ces arrestations ne sont pas de nature à décrisper la situation déjà tendue, pour preuve, toute la journée du samedi il y a eu des échauffourées entre les jeunes du M5 RFP et les forces de l’ordre, au siège de la CMAS de l’Imam Mahmoud Dicko et aux alentours des ponts Fadh et Martyrs.
En somme, la CEDEAO a désormais du pain sur la planche, car si elle ne résout pas très vite cette crise sociopolitique, non seulement elle se décrédibiliserait et ferait également un précédent fâcheux dans la sous-région. Donc qu’elle mette en branle ses mécanismes de résolution des crises pour résoudre le cas malien avant qu’il ne soit trop tard.
Youssouf Sissoko
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