La crise au Mali : Les limites et faiblesses de la CEDEAO

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Depuis le putsch du 22 mars 2012 dirigé par le capitaine Amadou Haya Sanogo contre le président Amadou Toumani Toure (ATT) du fait de son incapacité à gérer la crise qui secoue le Nord du pays, suite à une mutinerie causée par la mort de plus de 70 militaires au Nord, une crise sans précédent frappe le Mali. Les trois régions du Nord (Tombouctou, Gao et Kidal) sont entre les mains des rebelles touaregs du MNLA, des djihadistes du groupe Ansar-dine, et Al- Qu’aida au Maghreb Islamique (AQMI). Ainsi le pays est divisé en deux et l’État perd complètement le contrôle sur la partie nord. Face à cette situation, la CEDEAO qui est censée être la première institution régionale responsable de la gestion de la crise après les autorités locales du pays, et dont l’un des principaux buts est le maintien et la consolidation de la paix, de la sécurité et de la stabilité au sein de la Communauté, a réagi non sans difficulté pour mettre un terme à la crise. En fait, l’objectif visé par la CEDEAO est le retour vers la paix avec un gouvernement de transition après la junte et la reconquête de l’intégrité territoriale du pays par la récupération de la partie occupée par les groupes islamistes du Nord. Les obstacles auxquels elle a fait face montrent des failles qu’on associerait à des limites et faiblesses et même à un échec à un certain niveau. Les raisons d’un tel phénomène sont aussi variées que complexes et si certaines limites découlent de facteurs dont la CEDEAO peut dégager toute responsabilité, d’autres relèvent d’un manquement de la part de celle-ci.

Un mois avant la mutinerie qui s’est soldée par le renversement du pouvoir au Mali, plus précisément le 23 février 2012, une délégation de médiateurs des différents pays membres de la CEDEAO dirigée par son président, le Béninois, Albert Tevoedjre accompagné de ses collègues du Burkina Faso, Alima Déborah Traoré; de la Côte d’Ivoire, N’golo Coulibaly; du Mali, Diango Sissoko et du Sénégal, Pr. Sérigne Diop, s’est rendue au Mali pour s’enquérir du dossier de la situation qui prévaut au nord du pays. Durant leur audience avec le président ATT, ce dernier aurait minimisé cette crise disant qu’il s’agit juste d’une minorité qui, par agitation, utilise la peur pour ébranler le peuple. Normal! Il y a aucun président au pouvoir qui accepterait que son pays est en train de vivre une crise profonde à moins que cela ne dégénère et ne cause de terribles dégâts humains visibles de partout ailleurs comme c’est le cas actuellement. Tant que la crise d’un pays n’a pas atteint une telle ampleur, ses dirigeants diront toujours que la situation est sous contrôle. Accepter que le pays est en crise serait synonyme d’une incapacité à bien gouverner de leur part donc ces propos étaient alors très compréhensifs pour tout connaisseur de la politique gouvernementale d’un État, et les membres de cette délégation le sont je suppose, si non ils ne seraient pas appeler à faire de la médiation sur une affaire qui relève de la plus haute sphère d’un État ou pouvons nous même dire de la sécurité nationale d’un pays.

En ce moment-la, la crise du nord n’était pas aussi accablante et sérieuse qu’elle l’ait aujourd’hui et rien n’empêchait cette délégation à essayer de joindre les rebelles du nord pour chercher une issue pacifique à la crise. Dans toute bonne médiation on doit rencontrer les deux protagonistes ensemble ou séparément afin de recueillir des avis différents voire opposés pour mieux faire la part des choses. Les rebelles du MNLA affirment aujourd’hui être prêts à une discussion autour d’une table pour un retour à la stabilité. Si cela avait été fait, ca aurait peut- être empêché la crise d’atteindre ce niveau de violence aujourd’hui. Le ministre des Affaires Étrangères du Burkina Faso, Djibril Bassolé, représentant le médiateur de la CEDEAO, son Excellence Blaise Compaoré, s’est rendu avec un conseiller malien dans les villes de Gao et de Kidal, et a ainsi rencontré en tête à tête Iyad Ag Ghali, le 7 août passé. Si le dialogue se fait avec ce dernier, leader d’Ansar Dine, il semble bien plus compliqué avec le Mujao avec qui il n’a pas cherché à s’entretenir. Peut-être avait-il reçu des consignes dans le sens de ne pas le rencontrer? Et pourtant au même titre que les islamistes le leader d’Ansar Dine a bien réaffirmé sa volonté d’instaurer la charia dans le nord du Mali. Donc si le dialogue est possible avec celui-ci, il doit l’être avec l’autre.

De très bonnes mesures ont été prises par la CEDEAO en prenant des décisions courageuses pendant le tout premier Sommet de l’Autorité des Chefs d’État et de Gouvernement tenu à Abidjan. Les principales mesures ont été le départ des membres de la junte et le rétablissement d’un gouvernement civil de transition pour ensuite aller vers la récupération de l’intégrité territoriale du Mali. Toutefois, force est de constater que ces décisions n’ont pas été suivies d’effet. La junte et ses partisans civils n’ont pas facilité l’exécution correcte des décisions de la CEDEAO malgré les mesures coercitives qui les avaient accompagnées dont l’interdiction de voyager et le gel des avoirs. La puissance des sanctions de la CEDEAO tient aussi au fait que toute la communauté internationale, à savoir l’Union africaine et les Nations Unies s’alignent sur les positions de la CEDEAO du fait du principe de subsidiarité. Mais dans le contexte spécifique du Mali, la CEDEAO aurait dû tenir compte des risques pris par la junte et de la politique de pourrissement pratiquée par ATT pour trouver très tôt une porte de sortie honorable du capitaine Amadou Haya Sanogo, chef de la junte. Cela aurait évité l’humiliation faite au président intérimaire Diokounda Traoré, blessé après une agression perpétrée par les partisans de la junte.

Rappelons aussi que les missions de médiation ont été nombreuses. En plus de cette mission de médiateurs indépendante de la CEDEAO, d’autres qui relèvent de la comite des sages de la CEDEAO sont mandatées par le conseil de médiation et de sécurité de celle-ci. Les nombreux Sommets des chefs d’État ont dépêché sur le terrain beaucoup d’autres missions. Il s’ajoute un ballet incessant de missions entre Ouagadougou et les responsables des différentes factions sans compter celles faites en direction des différents groupes politiques et religieux dans la formation d’un gouvernement d’union nationale, perçu comme un gouvernement de mission pour apporter la cohésion de tous contre l’ennemi commun, les occupants de la partie nord du pays. L’une des médiations qui paraissait être la plus fructueuse est celle du 11septembre passé avec le ministre ivoirien de l’Intégration africaine, Ally Coulibaly, représentant le président en exercice de la CEDEAO, le Président ivoirien Alassane Ouattara, et le ministre burkinabé des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Djibrill Bassolé, émissaire et bras droits du Président Blaise Compaoré, lequel joue le rôle de médiateur dans la crise malienne. Même si l’intention est louable, les résultats restent aussi faibles, pour ne pas dire en-deçà de ce que la communauté ouest africaine pouvait faire.

D’autres bonnes mesures ont aussi été prises par la CEDEAO en ce qui concerne la prévention des conflits dans la sous région notamment dans le cadre de la prévention des conflits publié en janvier 2008 par la commission de la CEDEAO plus précisément dans la partie de la diplomatie préventive. Malheureusement ce qui se trouve dans les textes ne s’applique pas toujours sur le terrain. Ceci est t-il due à une manque d’efficacité de la part des médiateurs qui sont choisis grâce à leur expérience politique et leur connaissance dans la gestion d’un État? D’un manque de moyen ou de bons médiateurs? Je ne s’aurais le dire. De toute façon ils n’avaient rien à perdre et en cas d’un échec à vouloir dialoguer avec les rebelles du nord ou les islamistes ; ils auraient au moins essayé. Il faut juste préciser que même si la délégation dirigée par Albert Tevoedjre n’est pas mandatée par le conseil de médiation et de sécurité de la CEDEAO bien qu’elle ait fait cette médiation au nom des gouvernements qui composent celle-ci, Djibril Bassolé lui y est au nom de la CEDEAO. La médiation de la CEDEAO à commencé récemment, juste après le sommet d’Abidjan ce qui est anormal parce que qu’elle aurait pu intervenir bien avant même qu’ATT ne soit renversé car tout ceci se voyait certainement venir à l’avenir, et comme on le dit souvent ; mieux vaut prévenir que guérir.

Plus récemment encore, précisément le dimanche 7 octobre, un autre médiateur de la CEDEAO a enfin rencontré les rebelles du MNLA à Bamako à la demande de ces derniers. Pourtant c’est au médiateur qu’il devrait appartenir de proposer sa médiation et non d’attendre à ce que l’un des parties prenants fasse appel. L’article 27 du mécanisme de prévention des conflits l’a bien stipulé pourtant. Espérons seulement que le vieil adage selon lequel il n’est jamais trop tard pour bien faire s’appliquera bien dans ce cas de figure. La CEDEAO a signé un accord cadre avec la junte militaire qu’elle va devoir ne pas respecter en collaborant avec le président par intérim Dioncounda Traore. L’accord avec la junte ne peut être appliqué dans un contexte socio politique aussi différent.

La CEDEAO semble être perdue alors, et à force de vouloir rectifier les erreurs du passé et de trouver coûte que coûte une solution, elle est allée jusqu’à reconnaitre la légitimité de putschistes qui on renversé un président démocratiquement élu à quelque mois des élections et mieux encore qui n’avait pas l’intention de se représenter. La CEDEAO a d’abord menacé la junte malienne de sanctions pécuniaires en gelant leurs avoirs et en leurs interdisant de déplacement dans les autres pays si elle ne rendait pas le pouvoir aux civils. Cela n’a malheureusement pas marché et pour montrer à ces derniers qu’ils tiennent toujours les reines du pouvoir le capitaine Sanogo et ses hommes ont empêché les délégations de chefs d’états de la sous région qui se rendaient au Mali d’atterrir à l’aéroport de Bamako. Alors ils leurs ont pris plus au sérieux et ont adopté la voix du dialogue sachant qu’il n’est pas aussi facile de faire quitter le pouvoir des gens qui ont risqué leurs vies pour s’en acquérir. Ceci n’a pas été facile car depuis que le président Charles Taylor s’est fait condamné par la CPI alors qu’on lui avait promis aucune poursuite judiciaire, il devient de plus en plus difficile de faire quitter les putschistes du pouvoir par des promesses. C’est le cas de Dadis Camara et de Gbagbo, la parole de la CEDEAO perd complètement sa valeur. Heureusement, pour le cas précis du Mali cela s’est bien passé grâce à l’intervention de certains guides religieux. Même le consentement de la majorité de la population au putsch et l’échec notoire d’ATT dans la gestion de la crise ne justifie pas cet acte qui va à l’encontre des principes de la dite communauté et qui pourrait encourager et favoriser les coups d’états dans la sous région. La CEDEAO semble ne pas avoir une très bonne stratégie de sortie de crise au Mali et fait ce que d’aucuns qualifieraient de tâtonnement.

Après un « échec » dans le cadre de la prévention, la CEDEAO semble avoir des difficultés pour gérer la crise. La principale raison de cette faiblesse est la différence de position des États membres, certains pays membres veulent une chose alors que d’autres défendent le contraire. Ceci est fréquent en Afrique, on se souvient de la position de l’Union Africaine quand l’OTAN bombardait la Lybie qui était opposée à celle de certains dirigeants africains pourtant membre de la dite union. Pour la CEDEAO, une unité des pays membres autour cette dernière pour aider le gouvernement du président Dioncounda Traore à mètre fin à la situation catastrophique que vit le nord de son pays semble être une mission impossible.

La principale faiblesse de la CEDEAO est le fait qu’elle n’a aucune autorité sur les pays membres surtout en ce qui concerne l’envoi des hommes sur le terrain et ne peut en aucun cas le leur imposer s’ils ne veulent pas le faire. Certains pays son libres pour une raison ou une autre d’envoyer ou non leur troupes dans un pays secoué par une crise. La CEDEAO devrait disposer d’une force spéciale prête à intervenir en cas d’urgence. Pourtant dit on, la brigade principale de la CEDEAO serait à ce jour composée de 5000 hommes prêts à se déployer dans les 90 jours ainsi que d’un élément spécial en disponibilité opérationnelle d’un peu plus de 2700 pouvant être déployés dans les 30 jours. Un état-major spécial de ce groupement a été établi à Abuja et dispose d’un élément de planification (PLANELM) opérationnel. Alor pourquoi depuis l’annonce du président malien de son souhait d’avoir une intervention militaire au nord de son pays, cette force en attente de la CEDEAO ne peut être déployée pour une mission de stabilité à Bamako qui est une zone stratégique en attendant la résolution des Nations Unis et la préparation d’une force ouest africaine mieux équipée pour intervenir au nord qui est, reconnaissons le, un terrain très hostile. Les dires s’opposent parfois aux faits et réalités.

Dans un conflit armé le temps compte beaucoup, et regrouper des effectifs et trouver une stratégie nécessite des études des moyens et des décisions et du temps, mais plus cela dure plus la crise s’intensifie et plus les rebelles ou islamistes gagnent du terrain et de la crédibilité et tuent des innocents. Depuis que le président par intérim Dioncounda Traore a officiellement annoncé sont souhait d’avoir une force militaire au Mali pour mètre fin à cette crise, rien n’a été fait et en attendant, les islamistes sont entrain d’imposer la charia au nord, exécutant des personnes et leurs amputant de leurs mains ou de leurs pieds soit disant au nom de l’islam. Et les rebelles de du MNLA même s’ils appellent au dialogue continuent leur conquête du territoire nord et de réclamer la scission des régions de l’AZAWAD et le reste du pays et a proférer des menaces surtout à l’endroit du gouvernement français qui soutient une intervention militaire dans cette zone, dont ils disent mètre en risque la vie de ses ressortissants pris en otage dans le sahel depuis novembre 2011. .

Des pays comme le Benin, le Togo, le Nigeria sont prêts a envoyer chacun 600 hommes, d’autres comme le Niger disent ne pouvoir envoyer que 100 hommes de même que le Sénégal qui après avoir reçu des menaces et une tentative d’intimidation de la part des islamistes a d’abord refusé d’en envoyer soit disant parce que beaucoup de militaires sénégalais se trouvent dans des zones de conflit dans la sous région notamment en Guinée Bissau. Quant à la Cote d’Ivoire et au Liberia, ils disent ne pas être en mesure d’en envoyer et y’en a d’autres comme le Ghana qui ne se sont même pas encore prononcés la dessus et qui ne semblent pas avoir l’intension d’envoyer des troupes. L’Algérie, pays non membre de la CEDEAO qui dit prêt à apporter son soutient est accusée de défendre ses propres intérêts, ceux de ne pas voir les islamistes de AQMI traverser la frontière pour entrer dans le pays. Quoi qu’il en soit, tout ce fait dans la différence. C’est même ironique à la limite quand des institutions dont les noms sont formés de mots tels que « union » (UA) et « communauté » (CEDEAO) qui symbolisent l’unité, font presque tous dans la différence la plus totale.

Le principal handicap de la CEDEAO face à cette crise comme face à beaucoup d’autres qui on eut à frapper la sous région se trouve sur le volet financier. Prendre des discisions est une chose mais aussi avoir les moyens nécessaires et suffisants pour l’exécution de ces décisions en est une autre. Il semblerait qu’une intervention militaire au Mali couterait la coquette somme de 10 millions d’euros environs. N’ayant pas les moyens de se payer une opération aussi couteuse et encore moins l’armement approprié, la CEDEAO qui compterait plus de 40 millions de dollars d’arriéré à ce jour doit faire appel à des institutions internationales ayant un budget pouvant leur permettre de telles dépenses ou pouvant apporter leur soutient financier ou logistique. Et par institutions internationales, j’entends les Nations Unies car l’Union Africaine semble être totalement absente sur cette crise. D’où la nécessité d’une résolution des NU.

L’autre facteur qui se classe parmi les plus défavorables à la CEDEAO face à cette crise malienne est le fait que la plupart des personnes qui se trouvent à la tête de certaines de ses instances sont des novices, ils sont non seulement sans expérience pour n’ayant jamais fait face à une épreuve telle que les crises mais aussi et surtout sont méconnaissables du fonctionnement de la CEDEAO. C’est le cas du président en exercice de la CEDEAO l’ivoirien Alassane D. Ouattara qui n’a jamais dirigé la dite communauté et qui depuis son arrivé à la tête de celle-ci n’a pas eu à gérer une crise. Pour des raisons d’une crise interne dans son pays son prédécesseur le nigérian Goodluck Jonathan n’a pas eu le temps d’accompagné celui-ci dans ses débuts. C’est pareil pour le président de la commission et même du secrétaire exécutif. Alors on voit nettement que certaines insuffisances de la CEDEAO sont le fruit de facteurs externes et sont indépendantes de sa volonté mais ceci ne constitue pas une excuse valable car face à de telles situations toute erreur est regrettable.

Certains analystes prétendent que l’Union Européenne notamment la France et les États Unis qui s’imprègnent autant sur ce dossier on des intentions cachées. Il semblerait qu’il y aurait de l’or noir en quantité inestimable sur cette partie nord du Mali et que même les islamistes sont soutenus par des puissances arabes telles que l’Arabie Saoudite, l’Iran, la Lybie du temps de Kadhafi …. Même si la présence de 80 soldats français de la force Licorne fortement armés se trouvent dans la zone sahélienne entre le Niger et le Burkina pour la libération d’otages français nous laisse réticents quant à l’intention de la France qui par la voix de son ministre des Affaires Etrangères dit ne jamais avoir l’intention d’intervenir militairement, on ne pourrait prendre ces rumeurs trop au sérieux. Jimmy Carson le plus haut responsable du Département d’État charger des affaires africaines à la maison blanche est du même avis. Rien que ces otages français et la question du terrorisme constituent des motifs suffisants pour faire intervenir ces deux puissances. Néanmoins les maliens sont septiques vis-à-vis des intentions de l’occident à tel enseigne que d’aucuns leurs accusent d’être derrière cette rébellion pour des raisons encore obscures. Quoi qu’il en soit la CEDEAO ne peut en aucun cas être accusée d’avoir des intensions mal saines à l’endroit du peuple malien et de son gouvernement et elle est plus avantageuse que l’occident car bénéficiant de la confiance du peuple. Selon un ressent sondage d’opinion sur la crise au Mali réalisé par un statisticien et économiste malien du nom de Sidiki Guindo, le rôle de la CEDEAO en tan que médiateur est très bien apprécié par la population en général car contrairement pour les USA et la France, le dit sondage révèle que pour 66% de la population, la CEDEAO aide le Mali contre les rebelles tandis que 27% des enquêtés pensent que la CEDEAO est neutre, donc seulement 6% pensent que la CEDEAO aide surtout les rebelles. Elle détient alors des atouts considérables en plus du principe de subsidiarité et doit alors être la première intervenante à défaut d’être la seule du fait de sont incapacité à gérer financièrement et techniquement la crise d’où le recours auprès des NU.

Bien que annoncée officiellement par le présidant par intérim, une intervention militaire de la CEDEAO n’est pas chose souhaitable pour tous les maliens. Une marche a été organisée contre cette intervention militaire le 28 septembre passé dans laquelle on accusait le président Dioncounda de « brader la dignité du mali ». Environ la moitié des maliens ne le souhaitent pas. Pour confirmer ce refus de la présence d’une force militaire en sol malien par les maliens, le même sondage de Sidiki Guindo a aussi révélé que 54% de la population optent pour une utilisation de la force pour récupérer le nord alors que 45% souhaite la voie de la négociation, ceci met mal à l’aise la CEDEAO et rend difficile sa tache. Ignorent-ils peut être que le président ATT a échoué de même que le capitaine Sanogo à trouver une feuille de route pour gérer pacifiquement la crise, donc la seule alternative semble être une intervention militaire. Si les rebelles de l’Ansar-dine appellent au dialogue, les islamistes en revanche disent être prêt à prendre les armes et d’aller en guerre si jamais cela s’annonçait nécessaire mais ne comptent renoncer à leur actes pour rien au monde et même un quelconque dialogue serait dans le cadre de l’application de la charia dans tout le territoire national. Ils déplorent le fait qu’ils soient écartés des négociations en cours et prétendent qu’une intervention militaire au nord Mali solderait par un échec. Devant un tel scenario même si le dialogue ne peut être complètement exclue, une intervention armée restes très envisageable voir inévitable.

Néanmoins, il est aussi bon de rappeler que des efforts très considérables ont été fournis aussi bien dans le cadre de la médiation que de la résolution de la crise malienne. Même si elle a péché quelque part, il faut reconnaitre l’engagement et la volonté de la CEDEAO de par la médiation des certains membres du comite des sages tels que les présidents Blaise Compaoré et Alassane Ouattara, les sommets qu’elle organise comme récemment en Cote d’Ivoire enfin de trouver les voix et moyens pour une sortie de crise. Dans le cas spécifique du Mali, la CEDEAO fait face à beaucoup de facteurs bloquants aussi complexes les uns que les autres. En plus de l’aspect financier dont on a tantôt évoqué, de la réticence de la population quant à une intervention militaire et de l’inexpérience des dirigeants de certaines instances, le nord du Mali est une zone presque désertique et par conséquent très défavorable à une opération militaire à moins que celle-ci ne soit très bien équipée (aviation, drones), ce dont ne dispose pas la CEDEAO. Pour preuve, ce n’est pas pour rien que la force Licorne présente sur cette partie du Sahel depuis des mois n’arrive pas à libérer les six otages français détenus par AQMI. Alors une résolution du Conseil de Sécurité des Nations Unies apparait donc comme une nécessité.

Le Conseil de sécurité des Nations Unies à finalement adopter à l’unanimité la résolution pour une intervention militaire au nord du Mali et demande maintenant à la CEDEAO de faire un bilan de l’opération dans les 45 jours à venir. La CEDEAO avec le soutient de l’UA doit alors faire une évaluation des besoins logistiques, de la stratégie militaire à adopter et du coût de l’opération. L’ONU est même prête à envoyer une équipe d’experts en stratégie militaire en cas de besoin. Les chefs d’Etat major se seraient déjà réunis et auraient mis en place le plan d’opération et auraient juste besoin que celle-ci soit validé pour être exécuté. Alors tous les ingrédients semblent être réunis pour qu’enfin cette intervention se fasse dans la réussite la plus totale. Par ailleurs, au cas où la CEDEAO présenterait un bilan peut convainquant, les Nations Unies menacent de se passer de celle-ci et d’intervenir directement au nord du Mali avec une force internationale pour déloger les islamistes et reconquérir cette partie du pays. La CEDEAO reste parfois fidele à sa passiveté face à certaines crises car n’oublions pas que bien que les contextes soient différents, il a fallu l’intervention de la Force Licorne pour déloger Gbagbo de sa résidence présidentielle. Espérons seulement que nous n’en serons pas là, ceci confirmerait l’idée selon laquelle la CEDEAO est incapable de bien gérer les crises qui frappent la sous région notamment celle du Mali. Un échec au Mali montrerait les limites de la CEDEAO, cela laisserait penser qu’elle est faible et sans résistance face à un ennemi se trouvant dans une zone hostile et que le terrain était juste favorable sur les missions qu’elle a eu à effectuer avec succès dans le passé. Ainsi, cette opération au nord du Mali représente un challenge pour la CEDEAO et un défit à relever à tout prix car elle est et restera l’une des situations les plus désavantageuses et défavorables auxquelles elle aura à faire face au cours de l’histoire.

Aussi paradoxalement que ca puisse paraitre, la CEDEAO apparaît selon le bilan de la mise en place de la FAC comme étant celle dont les réalisations sont les plus avancées et se rapprochent le plus des objectifs de l’architecture africaine de paix et de sécurité et l’architecture de paix de l’Afrique de l’Ouest se révèle être un modèle d’inspiration tant pour les autres sous-régions que pour l’Union africaine. Nul n’ignore que dans le passé la CEDEAO a montré une efficacité vraiment exemplaire dans beaucoup de ses missions dans la sous région notamment au Liberia en 1990 et 2003 en Sierra Leone en 1997, Côte d’Ivoire en 2002 entre autres pour un cessé de feu et un retour a la paix. Cependant, face à cette crise malienne elle semble vraiment atteindre ses limites même s’il est vrai que certaines causes de ses faiblesses ne relèvent pas de sa propre volonté mais d’une force extérieure vraiment incontournable.

En tout état de cause, si malgré toutes ces limites et faiblisses tantôt énumérées, la CEDEAO occupe encor une place de privilège parmi les organisations sous régionales en Afrique, alors ceci laissent croire que l’Afrique vit une situation d’instabilité inégalable. Si par exemple un chef d’État comme le président Blaise Compaoré du Burkina dont la gouvernance symbolise la dictature au vrai sens du terme, qui est arrivé au pouvoir à l’issue d’un coup d’état qui à causé la mort du président Sankara, qui est y est depuis 25 ans et qui prévoit de changer la constitution pour s’y éterniser est considéré comme le principal médiateur des crises qui frappent la sous région comme en Cote d’Ivoire, en Guinée, au Mali…, alors il y a vraiment de quoi avoir peur. Ainsi, pour des raisons aussi inquiétants que des faits de ce genre, ne devrons nous pas nous soucier pour l’avenir de ce pauvre continent qui est déjà au bord du gouffre car gangrené par une pauvreté opiniâtre et une violence manifeste? Ceci reste une question en suspend.

Par Latyr TINE  / sudonline.sn// Publié le 20/10/2012 | 15H58 GMT

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5 COMMENTAIRES

  1. parlez franchement de ce qui se passe la bas dès….y 👿 👿 a ma mifa laba oh…hum!!!!!!!!!!!!!!

  2. Vous affirmez MR le journaliste que les proputchistes ont agréssé Dioncunda si cela est vrai il va falloir que vous veniez temoigner car les coupables ne sont pas encore en prison une chose anormale ,mon ami l’histoire vous jugera ,vous et tous ceux qui masquent la verité car des gens(la copam) qui ont mobilisé des centaines de milliers de maliens le 21 mai n’avait pas interet à un sabotage de leur mobilisation carla bastonade (supposée ou réelle) d’un homme à terre deja n’avait pour but que le sabotage et le noyautage de la grande mobilisation posez vous la question à qui profitait cet acte impardonable s’il est réeel un bon journaliste fait des investigations avant de reprendre des infos de grins 👿 👿

  3. coco=blanche neige= sanene ba kulé fa kulé den kulé itakou bakou 👿 ❓ 😀

  4. Ceux qui sollicitent l’intervention de la CEDEAO ignorent la composition actuelle de cette organisation sous regionale. La Côte d’ivoire avec ses chasseurs, le Bukina avec quelques mercenaires nationaux et du MNLA, le Nigeria qui n’a pas fini avec ses discidents du nord, le Senegal avec sa rebellion, la Guinée qui est toujours en période de transition, le Niger toujours instable et indécis , cette organistion n’a même pas de ressouce necessaire pour tenir deux jours de combat. Alors chers compatriotes comptons sur notre propre armée car ces zones ont été occupées sans combat et je suis sûr que notre armée pourrait recuperer ces zones en quelques jours d’hostilité. Avec des brebis étrangères, les choses se compliqueront d’avantage. Les aides dont aurait besoin notre armée seront le renforcement des services de renseignements, la logistique, l’alimentation et les soinS. Le seul coté qui ferait encore une zone d’ombre serait d’évacuer de ces zones tous les jeunes qui y habitent et qui ne sont pas membres ou complices des occupants illegaux.
    Trop de réunions et de bruits, il est temps d’agir tout en finissant le plus vite que possible avec les problèmes internes.
    Vive le Mali un et indivisible

  5. la CEDEAO a tres mal debuté sa mission au Mali, il fallait allé cherché les racines même de cette crise depuis bien avant le coup d’Etat. Les tueries de janvier et février d’Agloc était une preuve palpable pour dejà enticipé une mediation mais comme l’a dit le reporter la CEDEAO n’a pas d’autorité sur les pays membres ça c’est à revoir. En ce ki concerne après le cout d’Etat la CEDEAO devait ecouté le peuple malien comment ? en organisant le referendum tant demandé, si cela était faite on en sera pas aujourd’hui et il n’est jamais trop tard pour le faire. 😳 😳 😳

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