La crise au Mali : Les limites et faiblesses de la CEDEAO

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Depuis le putsch du 22 mars 2012 dirigĂ© par le capitaine Amadou Haya Sanogo contre le prĂ©sident Amadou Toumani Toure (ATT) du fait de son incapacitĂ© Ă  gĂ©rer la crise qui secoue le Nord du pays, suite Ă  une mutinerie causĂ©e par la mort de plus de 70 militaires au Nord, une crise sans prĂ©cĂ©dent frappe le Mali. Les trois rĂ©gions du Nord (Tombouctou, Gao et Kidal) sont entre les mains des rebelles touaregs du MNLA, des djihadistes du groupe Ansar-dine, et Al- Qu’aida au Maghreb Islamique (AQMI). Ainsi le pays est divisĂ© en deux et l’État perd complĂštement le contrĂŽle sur la partie nord. Face Ă  cette situation, la CEDEAO qui est censĂ©e ĂȘtre la premiĂšre institution rĂ©gionale responsable de la gestion de la crise aprĂšs les autoritĂ©s locales du pays, et dont l’un des principaux buts est le maintien et la consolidation de la paix, de la sĂ©curitĂ© et de la stabilitĂ© au sein de la CommunautĂ©, a rĂ©agi non sans difficultĂ© pour mettre un terme Ă  la crise. En fait, l’objectif visĂ© par la CEDEAO est le retour vers la paix avec un gouvernement de transition aprĂšs la junte et la reconquĂȘte de l’intĂ©gritĂ© territoriale du pays par la rĂ©cupĂ©ration de la partie occupĂ©e par les groupes islamistes du Nord. Les obstacles auxquels elle a fait face montrent des failles qu’on associerait Ă  des limites et faiblesses et mĂȘme Ă  un Ă©chec Ă  un certain niveau. Les raisons d’un tel phĂ©nomĂšne sont aussi variĂ©es que complexes et si certaines limites dĂ©coulent de facteurs dont la CEDEAO peut dĂ©gager toute responsabilitĂ©, d’autres relĂšvent d’un manquement de la part de celle-ci.

Un mois avant la mutinerie qui s’est soldĂ©e par le renversement du pouvoir au Mali, plus prĂ©cisĂ©ment le 23 fĂ©vrier 2012, une dĂ©lĂ©gation de mĂ©diateurs des diffĂ©rents pays membres de la CEDEAO dirigĂ©e par son prĂ©sident, le BĂ©ninois, Albert Tevoedjre accompagnĂ© de ses collĂšgues du Burkina Faso, Alima DĂ©borah TraorĂ©; de la CĂŽte d’Ivoire, N’golo Coulibaly; du Mali, Diango Sissoko et du SĂ©nĂ©gal, Pr. SĂ©rigne Diop, s’est rendue au Mali pour s’enquĂ©rir du dossier de la situation qui prĂ©vaut au nord du pays. Durant leur audience avec le prĂ©sident ATT, ce dernier aurait minimisĂ© cette crise disant qu’il s’agit juste d’une minoritĂ© qui, par agitation, utilise la peur pour Ă©branler le peuple. Normal! Il y a aucun prĂ©sident au pouvoir qui accepterait que son pays est en train de vivre une crise profonde Ă  moins que cela ne dĂ©gĂ©nĂšre et ne cause de terribles dĂ©gĂąts humains visibles de partout ailleurs comme c’est le cas actuellement. Tant que la crise d’un pays n’a pas atteint une telle ampleur, ses dirigeants diront toujours que la situation est sous contrĂŽle. Accepter que le pays est en crise serait synonyme d’une incapacitĂ© Ă  bien gouverner de leur part donc ces propos Ă©taient alors trĂšs comprĂ©hensifs pour tout connaisseur de la politique gouvernementale d’un État, et les membres de cette dĂ©lĂ©gation le sont je suppose, si non ils ne seraient pas appeler Ă  faire de la mĂ©diation sur une affaire qui relĂšve de la plus haute sphĂšre d’un État ou pouvons nous mĂȘme dire de la sĂ©curitĂ© nationale d’un pays.

En ce moment-la, la crise du nord n’était pas aussi accablante et sĂ©rieuse qu’elle l’ait aujourd’hui et rien n’empĂȘchait cette dĂ©lĂ©gation Ă  essayer de joindre les rebelles du nord pour chercher une issue pacifique Ă  la crise. Dans toute bonne mĂ©diation on doit rencontrer les deux protagonistes ensemble ou sĂ©parĂ©ment afin de recueillir des avis diffĂ©rents voire opposĂ©s pour mieux faire la part des choses. Les rebelles du MNLA affirment aujourd’hui ĂȘtre prĂȘts Ă  une discussion autour d’une table pour un retour Ă  la stabilitĂ©. Si cela avait Ă©tĂ© fait, ca aurait peut- ĂȘtre empĂȘchĂ© la crise d’atteindre ce niveau de violence aujourd’hui. Le ministre des Affaires ÉtrangĂšres du Burkina Faso, Djibril BassolĂ©, reprĂ©sentant le mĂ©diateur de la CEDEAO, son Excellence Blaise CompaorĂ©, s’est rendu avec un conseiller malien dans les villes de Gao et de Kidal, et a ainsi rencontrĂ© en tĂȘte Ă  tĂȘte Iyad Ag Ghali, le 7 aoĂ»t passĂ©. Si le dialogue se fait avec ce dernier, leader d’Ansar Dine, il semble bien plus compliquĂ© avec le Mujao avec qui il n’a pas cherchĂ© Ă  s’entretenir. Peut-ĂȘtre avait-il reçu des consignes dans le sens de ne pas le rencontrer? Et pourtant au mĂȘme titre que les islamistes le leader d’Ansar Dine a bien rĂ©affirmĂ© sa volontĂ© d’instaurer la charia dans le nord du Mali. Donc si le dialogue est possible avec celui-ci, il doit l’ĂȘtre avec l’autre.

De trĂšs bonnes mesures ont Ă©tĂ© prises par la CEDEAO en prenant des dĂ©cisions courageuses pendant le tout premier Sommet de l’AutoritĂ© des Chefs d’État et de Gouvernement tenu Ă  Abidjan. Les principales mesures ont Ă©tĂ© le dĂ©part des membres de la junte et le rĂ©tablissement d’un gouvernement civil de transition pour ensuite aller vers la rĂ©cupĂ©ration de l’intĂ©gritĂ© territoriale du Mali. Toutefois, force est de constater que ces dĂ©cisions n’ont pas Ă©tĂ© suivies d’effet. La junte et ses partisans civils n’ont pas facilitĂ© l’exĂ©cution correcte des dĂ©cisions de la CEDEAO malgrĂ© les mesures coercitives qui les avaient accompagnĂ©es dont l’interdiction de voyager et le gel des avoirs. La puissance des sanctions de la CEDEAO tient aussi au fait que toute la communautĂ© internationale, Ă  savoir l’Union africaine et les Nations Unies s’alignent sur les positions de la CEDEAO du fait du principe de subsidiaritĂ©. Mais dans le contexte spĂ©cifique du Mali, la CEDEAO aurait dĂ» tenir compte des risques pris par la junte et de la politique de pourrissement pratiquĂ©e par ATT pour trouver trĂšs tĂŽt une porte de sortie honorable du capitaine Amadou Haya Sanogo, chef de la junte. Cela aurait Ă©vitĂ© l’humiliation faite au prĂ©sident intĂ©rimaire Diokounda TraorĂ©, blessĂ© aprĂšs une agression perpĂ©trĂ©e par les partisans de la junte.

Rappelons aussi que les missions de mĂ©diation ont Ă©tĂ© nombreuses. En plus de cette mission de mĂ©diateurs indĂ©pendante de la CEDEAO, d’autres qui relĂšvent de la comite des sages de la CEDEAO sont mandatĂ©es par le conseil de mĂ©diation et de sĂ©curitĂ© de celle-ci. Les nombreux Sommets des chefs d’État ont dĂ©pĂȘchĂ© sur le terrain beaucoup d’autres missions. Il s’ajoute un ballet incessant de missions entre Ouagadougou et les responsables des diffĂ©rentes factions sans compter celles faites en direction des diffĂ©rents groupes politiques et religieux dans la formation d’un gouvernement d’union nationale, perçu comme un gouvernement de mission pour apporter la cohĂ©sion de tous contre l’ennemi commun, les occupants de la partie nord du pays. L’une des mĂ©diations qui paraissait ĂȘtre la plus fructueuse est celle du 11septembre passĂ© avec le ministre ivoirien de l’IntĂ©gration africaine, Ally Coulibaly, reprĂ©sentant le prĂ©sident en exercice de la CEDEAO, le PrĂ©sident ivoirien Alassane Ouattara, et le ministre burkinabĂ© des Affaires Ă©trangĂšres et de la CoopĂ©ration internationale, Djibrill BassolĂ©, Ă©missaire et bras droits du PrĂ©sident Blaise CompaorĂ©, lequel joue le rĂŽle de mĂ©diateur dans la crise malienne. MĂȘme si l’intention est louable, les rĂ©sultats restent aussi faibles, pour ne pas dire en-deçà de ce que la communautĂ© ouest africaine pouvait faire.

D’autres bonnes mesures ont aussi Ă©tĂ© prises par la CEDEAO en ce qui concerne la prĂ©vention des conflits dans la sous rĂ©gion notamment dans le cadre de la prĂ©vention des conflits publiĂ© en janvier 2008 par la commission de la CEDEAO plus prĂ©cisĂ©ment dans la partie de la diplomatie prĂ©ventive. Malheureusement ce qui se trouve dans les textes ne s’applique pas toujours sur le terrain. Ceci est t-il due Ă  une manque d’efficacitĂ© de la part des mĂ©diateurs qui sont choisis grĂące Ă  leur expĂ©rience politique et leur connaissance dans la gestion d’un État? D’un manque de moyen ou de bons mĂ©diateurs? Je ne s’aurais le dire. De toute façon ils n’avaient rien Ă  perdre et en cas d’un Ă©chec Ă  vouloir dialoguer avec les rebelles du nord ou les islamistes ; ils auraient au moins essayĂ©. Il faut juste prĂ©ciser que mĂȘme si la dĂ©lĂ©gation dirigĂ©e par Albert Tevoedjre n’est pas mandatĂ©e par le conseil de mĂ©diation et de sĂ©curitĂ© de la CEDEAO bien qu’elle ait fait cette mĂ©diation au nom des gouvernements qui composent celle-ci, Djibril BassolĂ© lui y est au nom de la CEDEAO. La mĂ©diation de la CEDEAO Ă  commencĂ© rĂ©cemment, juste aprĂšs le sommet d’Abidjan ce qui est anormal parce que qu’elle aurait pu intervenir bien avant mĂȘme qu’ATT ne soit renversĂ© car tout ceci se voyait certainement venir Ă  l’avenir, et comme on le dit souvent ; mieux vaut prĂ©venir que guĂ©rir.

Plus rĂ©cemment encore, prĂ©cisĂ©ment le dimanche 7 octobre, un autre mĂ©diateur de la CEDEAO a enfin rencontrĂ© les rebelles du MNLA Ă  Bamako Ă  la demande de ces derniers. Pourtant c’est au mĂ©diateur qu’il devrait appartenir de proposer sa mĂ©diation et non d’attendre Ă  ce que l’un des parties prenants fasse appel. L’article 27 du mĂ©canisme de prĂ©vention des conflits l’a bien stipulĂ© pourtant. EspĂ©rons seulement que le vieil adage selon lequel il n’est jamais trop tard pour bien faire s’appliquera bien dans ce cas de figure. La CEDEAO a signĂ© un accord cadre avec la junte militaire qu’elle va devoir ne pas respecter en collaborant avec le prĂ©sident par intĂ©rim Dioncounda Traore. L’accord avec la junte ne peut ĂȘtre appliquĂ© dans un contexte socio politique aussi diffĂ©rent.

La CEDEAO semble ĂȘtre perdue alors, et Ă  force de vouloir rectifier les erreurs du passĂ© et de trouver coĂ»te que coĂ»te une solution, elle est allĂ©e jusqu’Ă  reconnaitre la lĂ©gitimitĂ© de putschistes qui on renversĂ© un prĂ©sident dĂ©mocratiquement Ă©lu Ă  quelque mois des Ă©lections et mieux encore qui n’avait pas l’intention de se reprĂ©senter. La CEDEAO a d’abord menacĂ© la junte malienne de sanctions pĂ©cuniaires en gelant leurs avoirs et en leurs interdisant de dĂ©placement dans les autres pays si elle ne rendait pas le pouvoir aux civils. Cela n’a malheureusement pas marchĂ© et pour montrer Ă  ces derniers qu’ils tiennent toujours les reines du pouvoir le capitaine Sanogo et ses hommes ont empĂȘchĂ© les dĂ©lĂ©gations de chefs d’états de la sous rĂ©gion qui se rendaient au Mali d’atterrir Ă  l’aĂ©roport de Bamako. Alors ils leurs ont pris plus au sĂ©rieux et ont adoptĂ© la voix du dialogue sachant qu’il n’est pas aussi facile de faire quitter le pouvoir des gens qui ont risquĂ© leurs vies pour s’en acquĂ©rir. Ceci n’a pas Ă©tĂ© facile car depuis que le prĂ©sident Charles Taylor s’est fait condamnĂ© par la CPI alors qu’on lui avait promis aucune poursuite judiciaire, il devient de plus en plus difficile de faire quitter les putschistes du pouvoir par des promesses. C’est le cas de Dadis Camara et de Gbagbo, la parole de la CEDEAO perd complĂštement sa valeur. Heureusement, pour le cas prĂ©cis du Mali cela s’est bien passĂ© grĂące Ă  l’intervention de certains guides religieux. MĂȘme le consentement de la majoritĂ© de la population au putsch et l’échec notoire d’ATT dans la gestion de la crise ne justifie pas cet acte qui va Ă  l’encontre des principes de la dite communautĂ© et qui pourrait encourager et favoriser les coups d’états dans la sous rĂ©gion. La CEDEAO semble ne pas avoir une trĂšs bonne stratĂ©gie de sortie de crise au Mali et fait ce que d’aucuns qualifieraient de tĂątonnement.

AprĂšs un « Ă©chec » dans le cadre de la prĂ©vention, la CEDEAO semble avoir des difficultĂ©s pour gĂ©rer la crise. La principale raison de cette faiblesse est la diffĂ©rence de position des États membres, certains pays membres veulent une chose alors que d’autres dĂ©fendent le contraire. Ceci est frĂ©quent en Afrique, on se souvient de la position de l’Union Africaine quand l’OTAN bombardait la Lybie qui Ă©tait opposĂ©e Ă  celle de certains dirigeants africains pourtant membre de la dite union. Pour la CEDEAO, une unitĂ© des pays membres autour cette derniĂšre pour aider le gouvernement du prĂ©sident Dioncounda Traore Ă  mĂštre fin Ă  la situation catastrophique que vit le nord de son pays semble ĂȘtre une mission impossible.

La principale faiblesse de la CEDEAO est le fait qu’elle n’a aucune autoritĂ© sur les pays membres surtout en ce qui concerne l’envoi des hommes sur le terrain et ne peut en aucun cas le leur imposer s’ils ne veulent pas le faire. Certains pays son libres pour une raison ou une autre d’envoyer ou non leur troupes dans un pays secouĂ© par une crise. La CEDEAO devrait disposer d’une force spĂ©ciale prĂȘte Ă  intervenir en cas d’urgence. Pourtant dit on, la brigade principale de la CEDEAO serait Ă  ce jour composĂ©e de 5000 hommes prĂȘts Ă  se dĂ©ployer dans les 90 jours ainsi que d’un Ă©lĂ©ment spĂ©cial en disponibilitĂ© opĂ©rationnelle d’un peu plus de 2700 pouvant ĂȘtre dĂ©ployĂ©s dans les 30 jours. Un Ă©tat-major spĂ©cial de ce groupement a Ă©tĂ© Ă©tabli Ă  Abuja et dispose d’un Ă©lĂ©ment de planification (PLANELM) opĂ©rationnel. Alor pourquoi depuis l’annonce du prĂ©sident malien de son souhait d’avoir une intervention militaire au nord de son pays, cette force en attente de la CEDEAO ne peut ĂȘtre dĂ©ployĂ©e pour une mission de stabilitĂ© Ă  Bamako qui est une zone stratĂ©gique en attendant la rĂ©solution des Nations Unis et la prĂ©paration d’une force ouest africaine mieux Ă©quipĂ©e pour intervenir au nord qui est, reconnaissons le, un terrain trĂšs hostile. Les dires s’opposent parfois aux faits et rĂ©alitĂ©s.

Dans un conflit armĂ© le temps compte beaucoup, et regrouper des effectifs et trouver une stratĂ©gie nĂ©cessite des Ă©tudes des moyens et des dĂ©cisions et du temps, mais plus cela dure plus la crise s’intensifie et plus les rebelles ou islamistes gagnent du terrain et de la crĂ©dibilitĂ© et tuent des innocents. Depuis que le prĂ©sident par intĂ©rim Dioncounda Traore a officiellement annoncĂ© sont souhait d’avoir une force militaire au Mali pour mĂštre fin Ă  cette crise, rien n’a Ă©tĂ© fait et en attendant, les islamistes sont entrain d’imposer la charia au nord, exĂ©cutant des personnes et leurs amputant de leurs mains ou de leurs pieds soit disant au nom de l’islam. Et les rebelles de du MNLA mĂȘme s’ils appellent au dialogue continuent leur conquĂȘte du territoire nord et de rĂ©clamer la scission des rĂ©gions de l’AZAWAD et le reste du pays et a profĂ©rer des menaces surtout Ă  l’endroit du gouvernement français qui soutient une intervention militaire dans cette zone, dont ils disent mĂštre en risque la vie de ses ressortissants pris en otage dans le sahel depuis novembre 2011. .

Des pays comme le Benin, le Togo, le Nigeria sont prĂȘts a envoyer chacun 600 hommes, d’autres comme le Niger disent ne pouvoir envoyer que 100 hommes de mĂȘme que le SĂ©nĂ©gal qui aprĂšs avoir reçu des menaces et une tentative d’intimidation de la part des islamistes a d’abord refusĂ© d’en envoyer soit disant parce que beaucoup de militaires sĂ©nĂ©galais se trouvent dans des zones de conflit dans la sous rĂ©gion notamment en GuinĂ©e Bissau. Quant Ă  la Cote d’Ivoire et au Liberia, ils disent ne pas ĂȘtre en mesure d’en envoyer et y’en a d’autres comme le Ghana qui ne se sont mĂȘme pas encore prononcĂ©s la dessus et qui ne semblent pas avoir l’intension d’envoyer des troupes. L’AlgĂ©rie, pays non membre de la CEDEAO qui dit prĂȘt Ă  apporter son soutient est accusĂ©e de dĂ©fendre ses propres intĂ©rĂȘts, ceux de ne pas voir les islamistes de AQMI traverser la frontiĂšre pour entrer dans le pays. Quoi qu’il en soit, tout ce fait dans la diffĂ©rence. C’est mĂȘme ironique Ă  la limite quand des institutions dont les noms sont formĂ©s de mots tels que « union » (UA) et « communautĂ© » (CEDEAO) qui symbolisent l’unitĂ©, font presque tous dans la diffĂ©rence la plus totale.

Le principal handicap de la CEDEAO face Ă  cette crise comme face Ă  beaucoup d’autres qui on eut Ă  frapper la sous rĂ©gion se trouve sur le volet financier. Prendre des discisions est une chose mais aussi avoir les moyens nĂ©cessaires et suffisants pour l’exĂ©cution de ces dĂ©cisions en est une autre. Il semblerait qu’une intervention militaire au Mali couterait la coquette somme de 10 millions d’euros environs. N’ayant pas les moyens de se payer une opĂ©ration aussi couteuse et encore moins l’armement appropriĂ©, la CEDEAO qui compterait plus de 40 millions de dollars d’arriĂ©rĂ© Ă  ce jour doit faire appel Ă  des institutions internationales ayant un budget pouvant leur permettre de telles dĂ©penses ou pouvant apporter leur soutient financier ou logistique. Et par institutions internationales, j’entends les Nations Unies car l’Union Africaine semble ĂȘtre totalement absente sur cette crise. D’oĂč la nĂ©cessitĂ© d’une rĂ©solution des NU.

L’autre facteur qui se classe parmi les plus dĂ©favorables Ă  la CEDEAO face Ă  cette crise malienne est le fait que la plupart des personnes qui se trouvent Ă  la tĂȘte de certaines de ses instances sont des novices, ils sont non seulement sans expĂ©rience pour n’ayant jamais fait face Ă  une Ă©preuve telle que les crises mais aussi et surtout sont mĂ©connaissables du fonctionnement de la CEDEAO. C’est le cas du prĂ©sident en exercice de la CEDEAO l’ivoirien Alassane D. Ouattara qui n’a jamais dirigĂ© la dite communautĂ© et qui depuis son arrivĂ© Ă  la tĂȘte de celle-ci n’a pas eu Ă  gĂ©rer une crise. Pour des raisons d’une crise interne dans son pays son prĂ©dĂ©cesseur le nigĂ©rian Goodluck Jonathan n’a pas eu le temps d’accompagnĂ© celui-ci dans ses dĂ©buts. C’est pareil pour le prĂ©sident de la commission et mĂȘme du secrĂ©taire exĂ©cutif. Alors on voit nettement que certaines insuffisances de la CEDEAO sont le fruit de facteurs externes et sont indĂ©pendantes de sa volontĂ© mais ceci ne constitue pas une excuse valable car face Ă  de telles situations toute erreur est regrettable.

Certains analystes prĂ©tendent que l’Union EuropĂ©enne notamment la France et les États Unis qui s’imprĂšgnent autant sur ce dossier on des intentions cachĂ©es. Il semblerait qu’il y aurait de l’or noir en quantitĂ© inestimable sur cette partie nord du Mali et que mĂȘme les islamistes sont soutenus par des puissances arabes telles que l’Arabie Saoudite, l’Iran, la Lybie du temps de Kadhafi 
. MĂȘme si la prĂ©sence de 80 soldats français de la force Licorne fortement armĂ©s se trouvent dans la zone sahĂ©lienne entre le Niger et le Burkina pour la libĂ©ration d’otages français nous laisse rĂ©ticents quant Ă  l’intention de la France qui par la voix de son ministre des Affaires EtrangĂšres dit ne jamais avoir l’intention d’intervenir militairement, on ne pourrait prendre ces rumeurs trop au sĂ©rieux. Jimmy Carson le plus haut responsable du DĂ©partement d’État charger des affaires africaines Ă  la maison blanche est du mĂȘme avis. Rien que ces otages français et la question du terrorisme constituent des motifs suffisants pour faire intervenir ces deux puissances. NĂ©anmoins les maliens sont septiques vis-Ă -vis des intentions de l’occident Ă  tel enseigne que d’aucuns leurs accusent d’ĂȘtre derriĂšre cette rĂ©bellion pour des raisons encore obscures. Quoi qu’il en soit la CEDEAO ne peut en aucun cas ĂȘtre accusĂ©e d’avoir des intensions mal saines Ă  l’endroit du peuple malien et de son gouvernement et elle est plus avantageuse que l’occident car bĂ©nĂ©ficiant de la confiance du peuple. Selon un ressent sondage d’opinion sur la crise au Mali rĂ©alisĂ© par un statisticien et Ă©conomiste malien du nom de Sidiki Guindo, le rĂŽle de la CEDEAO en tan que mĂ©diateur est trĂšs bien apprĂ©ciĂ© par la population en gĂ©nĂ©ral car contrairement pour les USA et la France, le dit sondage rĂ©vĂšle que pour 66% de la population, la CEDEAO aide le Mali contre les rebelles tandis que 27% des enquĂȘtĂ©s pensent que la CEDEAO est neutre, donc seulement 6% pensent que la CEDEAO aide surtout les rebelles. Elle dĂ©tient alors des atouts considĂ©rables en plus du principe de subsidiaritĂ© et doit alors ĂȘtre la premiĂšre intervenante Ă  dĂ©faut d’ĂȘtre la seule du fait de sont incapacitĂ© Ă  gĂ©rer financiĂšrement et techniquement la crise d’oĂč le recours auprĂšs des NU.

Bien que annoncĂ©e officiellement par le prĂ©sidant par intĂ©rim, une intervention militaire de la CEDEAO n’est pas chose souhaitable pour tous les maliens. Une marche a Ă©tĂ© organisĂ©e contre cette intervention militaire le 28 septembre passĂ© dans laquelle on accusait le prĂ©sident Dioncounda de « brader la dignitĂ© du mali ». Environ la moitiĂ© des maliens ne le souhaitent pas. Pour confirmer ce refus de la prĂ©sence d’une force militaire en sol malien par les maliens, le mĂȘme sondage de Sidiki Guindo a aussi rĂ©vĂ©lĂ© que 54% de la population optent pour une utilisation de la force pour rĂ©cupĂ©rer le nord alors que 45% souhaite la voie de la nĂ©gociation, ceci met mal Ă  l’aise la CEDEAO et rend difficile sa tache. Ignorent-ils peut ĂȘtre que le prĂ©sident ATT a Ă©chouĂ© de mĂȘme que le capitaine Sanogo Ă  trouver une feuille de route pour gĂ©rer pacifiquement la crise, donc la seule alternative semble ĂȘtre une intervention militaire. Si les rebelles de l’Ansar-dine appellent au dialogue, les islamistes en revanche disent ĂȘtre prĂȘt Ă  prendre les armes et d’aller en guerre si jamais cela s’annonçait nĂ©cessaire mais ne comptent renoncer Ă  leur actes pour rien au monde et mĂȘme un quelconque dialogue serait dans le cadre de l’application de la charia dans tout le territoire national. Ils dĂ©plorent le fait qu’ils soient Ă©cartĂ©s des nĂ©gociations en cours et prĂ©tendent qu’une intervention militaire au nord Mali solderait par un Ă©chec. Devant un tel scenario mĂȘme si le dialogue ne peut ĂȘtre complĂštement exclue, une intervention armĂ©e restes trĂšs envisageable voir inĂ©vitable.

NĂ©anmoins, il est aussi bon de rappeler que des efforts trĂšs considĂ©rables ont Ă©tĂ© fournis aussi bien dans le cadre de la mĂ©diation que de la rĂ©solution de la crise malienne. MĂȘme si elle a pĂ©chĂ© quelque part, il faut reconnaitre l’engagement et la volontĂ© de la CEDEAO de par la mĂ©diation des certains membres du comite des sages tels que les prĂ©sidents Blaise CompaorĂ© et Alassane Ouattara, les sommets qu’elle organise comme rĂ©cemment en Cote d’Ivoire enfin de trouver les voix et moyens pour une sortie de crise. Dans le cas spĂ©cifique du Mali, la CEDEAO fait face Ă  beaucoup de facteurs bloquants aussi complexes les uns que les autres. En plus de l’aspect financier dont on a tantĂŽt Ă©voquĂ©, de la rĂ©ticence de la population quant Ă  une intervention militaire et de l’inexpĂ©rience des dirigeants de certaines instances, le nord du Mali est une zone presque dĂ©sertique et par consĂ©quent trĂšs dĂ©favorable Ă  une opĂ©ration militaire Ă  moins que celle-ci ne soit trĂšs bien Ă©quipĂ©e (aviation, drones), ce dont ne dispose pas la CEDEAO. Pour preuve, ce n’est pas pour rien que la force Licorne prĂ©sente sur cette partie du Sahel depuis des mois n’arrive pas Ă  libĂ©rer les six otages français dĂ©tenus par AQMI. Alors une rĂ©solution du Conseil de SĂ©curitĂ© des Nations Unies apparait donc comme une nĂ©cessitĂ©.

Le Conseil de sĂ©curitĂ© des Nations Unies Ă  finalement adopter Ă  l’unanimitĂ© la rĂ©solution pour une intervention militaire au nord du Mali et demande maintenant Ă  la CEDEAO de faire un bilan de l’opĂ©ration dans les 45 jours Ă  venir. La CEDEAO avec le soutient de l’UA doit alors faire une Ă©valuation des besoins logistiques, de la stratĂ©gie militaire Ă  adopter et du coĂ»t de l’opĂ©ration. L’ONU est mĂȘme prĂȘte Ă  envoyer une Ă©quipe d’experts en stratĂ©gie militaire en cas de besoin. Les chefs d’Etat major se seraient dĂ©jĂ  rĂ©unis et auraient mis en place le plan d’opĂ©ration et auraient juste besoin que celle-ci soit validĂ© pour ĂȘtre exĂ©cutĂ©. Alors tous les ingrĂ©dients semblent ĂȘtre rĂ©unis pour qu’enfin cette intervention se fasse dans la rĂ©ussite la plus totale. Par ailleurs, au cas oĂč la CEDEAO prĂ©senterait un bilan peut convainquant, les Nations Unies menacent de se passer de celle-ci et d’intervenir directement au nord du Mali avec une force internationale pour dĂ©loger les islamistes et reconquĂ©rir cette partie du pays. La CEDEAO reste parfois fidele Ă  sa passivetĂ© face Ă  certaines crises car n’oublions pas que bien que les contextes soient diffĂ©rents, il a fallu l’intervention de la Force Licorne pour dĂ©loger Gbagbo de sa rĂ©sidence prĂ©sidentielle. EspĂ©rons seulement que nous n’en serons pas lĂ , ceci confirmerait l’idĂ©e selon laquelle la CEDEAO est incapable de bien gĂ©rer les crises qui frappent la sous rĂ©gion notamment celle du Mali. Un Ă©chec au Mali montrerait les limites de la CEDEAO, cela laisserait penser qu’elle est faible et sans rĂ©sistance face Ă  un ennemi se trouvant dans une zone hostile et que le terrain Ă©tait juste favorable sur les missions qu’elle a eu Ă  effectuer avec succĂšs dans le passĂ©. Ainsi, cette opĂ©ration au nord du Mali reprĂ©sente un challenge pour la CEDEAO et un dĂ©fit Ă  relever Ă  tout prix car elle est et restera l’une des situations les plus dĂ©savantageuses et dĂ©favorables auxquelles elle aura Ă  faire face au cours de l’histoire.

Aussi paradoxalement que ca puisse paraitre, la CEDEAO apparaĂźt selon le bilan de la mise en place de la FAC comme Ă©tant celle dont les rĂ©alisations sont les plus avancĂ©es et se rapprochent le plus des objectifs de l’architecture africaine de paix et de sĂ©curitĂ© et l’architecture de paix de l’Afrique de l’Ouest se rĂ©vĂšle ĂȘtre un modĂšle d’inspiration tant pour les autres sous-rĂ©gions que pour l’Union africaine. Nul n’ignore que dans le passĂ© la CEDEAO a montrĂ© une efficacitĂ© vraiment exemplaire dans beaucoup de ses missions dans la sous rĂ©gion notamment au Liberia en 1990 et 2003 en Sierra Leone en 1997, CĂŽte d’Ivoire en 2002 entre autres pour un cessĂ© de feu et un retour a la paix. Cependant, face Ă  cette crise malienne elle semble vraiment atteindre ses limites mĂȘme s’il est vrai que certaines causes de ses faiblesses ne relĂšvent pas de sa propre volontĂ© mais d’une force extĂ©rieure vraiment incontournable.

En tout Ă©tat de cause, si malgrĂ© toutes ces limites et faiblisses tantĂŽt Ă©numĂ©rĂ©es, la CEDEAO occupe encor une place de privilĂšge parmi les organisations sous rĂ©gionales en Afrique, alors ceci laissent croire que l’Afrique vit une situation d’instabilitĂ© inĂ©galable. Si par exemple un chef d’État comme le prĂ©sident Blaise CompaorĂ© du Burkina dont la gouvernance symbolise la dictature au vrai sens du terme, qui est arrivĂ© au pouvoir Ă  l’issue d’un coup d’état qui Ă  causĂ© la mort du prĂ©sident Sankara, qui est y est depuis 25 ans et qui prĂ©voit de changer la constitution pour s’y Ă©terniser est considĂ©rĂ© comme le principal mĂ©diateur des crises qui frappent la sous rĂ©gion comme en Cote d’Ivoire, en GuinĂ©e, au Mali
, alors il y a vraiment de quoi avoir peur. Ainsi, pour des raisons aussi inquiĂ©tants que des faits de ce genre, ne devrons nous pas nous soucier pour l’avenir de ce pauvre continent qui est dĂ©jĂ  au bord du gouffre car gangrenĂ© par une pauvretĂ© opiniĂątre et une violence manifeste? Ceci reste une question en suspend.

Par Latyr TINE  / sudonline.sn// Publié le 20/10/2012 | 15H58 GMT

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5 COMMENTAIRES

  1. parlez franchement de ce qui se passe la bas dĂšs….y 👿 👿 a ma mifa laba oh…hum!!!!!!!!!!!!!!

  2. Vous affirmez MR le journaliste que les proputchistes ont agrĂ©ssĂ© Dioncunda si cela est vrai il va falloir que vous veniez temoigner car les coupables ne sont pas encore en prison une chose anormale ,mon ami l’histoire vous jugera ,vous et tous ceux qui masquent la veritĂ© car des gens(la copam) qui ont mobilisĂ© des centaines de milliers de maliens le 21 mai n’avait pas interet Ă  un sabotage de leur mobilisation carla bastonade (supposĂ©e ou rĂ©elle) d’un homme Ă  terre deja n’avait pour but que le sabotage et le noyautage de la grande mobilisation posez vous la question Ă  qui profitait cet acte impardonable s’il est rĂ©eel un bon journaliste fait des investigations avant de reprendre des infos de grins 👿 👿

  3. coco=blanche neige= sanene ba kulĂ© fa kulĂ© den kulĂ© itakou bakou 👿 ❓ 😀

  4. Ceux qui sollicitent l’intervention de la CEDEAO ignorent la composition actuelle de cette organisation sous regionale. La CĂŽte d’ivoire avec ses chasseurs, le Bukina avec quelques mercenaires nationaux et du MNLA, le Nigeria qui n’a pas fini avec ses discidents du nord, le Senegal avec sa rebellion, la GuinĂ©e qui est toujours en pĂ©riode de transition, le Niger toujours instable et indĂ©cis , cette organistion n’a mĂȘme pas de ressouce necessaire pour tenir deux jours de combat. Alors chers compatriotes comptons sur notre propre armĂ©e car ces zones ont Ă©tĂ© occupĂ©es sans combat et je suis sĂ»r que notre armĂ©e pourrait recuperer ces zones en quelques jours d’hostilitĂ©. Avec des brebis Ă©trangĂšres, les choses se compliqueront d’avantage. Les aides dont aurait besoin notre armĂ©e seront le renforcement des services de renseignements, la logistique, l’alimentation et les soinS. Le seul cotĂ© qui ferait encore une zone d’ombre serait d’Ă©vacuer de ces zones tous les jeunes qui y habitent et qui ne sont pas membres ou complices des occupants illegaux.
    Trop de rĂ©unions et de bruits, il est temps d’agir tout en finissant le plus vite que possible avec les problĂšmes internes.
    Vive le Mali un et indivisible

  5. la CEDEAO a tres mal debutĂ© sa mission au Mali, il fallait allĂ© cherchĂ© les racines mĂȘme de cette crise depuis bien avant le coup d’Etat. Les tueries de janvier et fĂ©vrier d’Agloc Ă©tait une preuve palpable pour dejĂ  enticipĂ© une mediation mais comme l’a dit le reporter la CEDEAO n’a pas d’autoritĂ© sur les pays membres ça c’est Ă  revoir. En ce ki concerne aprĂšs le cout d’Etat la CEDEAO devait ecoutĂ© le peuple malien comment ? en organisant le referendum tant demandĂ©, si cela Ă©tait faite on en sera pas aujourd’hui et il n’est jamais trop tard pour le faire. 😳 😳 😳

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