La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) est une organisation régionale qui regroupe huit (08) pays africains de la zone CFA (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée, Mali, Niger, Sénégal, Togo), plus le Cap-Vert, la Gambie, le Ghana, la Guinée-Bissau, le Liberia, le Nigeria et la Sierra Leone.
Créée le 28 mai 1975 à Lagos (Nigeria) avec pour mission de promouvoir l’intégration économique dans tous les domaines. Son objectif majeure était de constituer, en 2005 un marché ouest-africain et une Union monétaire n’a pas été atteint en raison des problèmes politiques, économiques et monétaires affectant ses membres en particulier l’alignement entre le CFA et les autres monnaies, qui devraient adopter leur propre monnaie commune: l’ECO.
La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) s’est fortement impliquée dans la solution des problèmes régionaux (Sierra Leone, Cote d’Ivoire) et l’envoi de forces du maintien de la paix, pour mettre fin à la guerre au Liberia avec la création de l’ECOMOG (ou ECOWAS monitoring group, Groupe d’observation militaire). Cette dernière structure, de nature militaire, est dominée par le Nigeria en raison de son poids économique et humain déterminant dans la région.
Rappelons que le Nigeria a longtemps joui d’une solide réputation de stabilité économique qui faisait de lui le point de mire des observateurs de l’Afrique; mais sur le plan politique, depuis l’indépendance, le pays se trouvait dans un état de crise chronique qui devait éclater avec le coup d’État de janvier 1966, lequel entrainait une détérioration rapide de la situation. Et l’on voit bientôt le Nigeria aux prises avec la sécession orientale et sombrant dans la guerre civile dont, aux derniers jours de 1967, on ne pouvait encore prédire la fin.
Quant au Niger dont le président assure la présidence de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), on disait du Niger vers les années 1964-1966 qu’il est un pays heureux et sans histoire. Mais aujourd’hui c’est tout le contraire. Le Niger a été admis à l’ONU, le 20 septembre 1960. Il fait partie des grandes organisations internationales.
On retiendra que c’est le 7 juillet qu’à Paris, Diori Hamani signait avec le gouvernement français des accords relatifs à l’exploitation d’un important gisement d’uranium, gisement d’Arlette, découvert près d’Agadès après six (06) ans de recherches entreprises par le Commissariat français à l’Énergie atomique.
Rappelons que l’idée force de Diori était la coopération saharienne qui ferait de ce territoire le trait d’union entre l’Afrique blanche et l’Afrique noire. Après la sécheresse de 1973, Diori exige la multiplication par 7 du prix de l’uranium extrait par la France et devant son refus, signe un traité de coopération avec la Libye, l’adversaire de la France. C’est un camouflet pour Paris, qui, alerté sur les préparatifs d’un coup d’État des militaires, n’en informe pas Diori, renversé, en 1974 par le chef d’État-major Seyni Kountché qui restera au pouvoir jusqu’en 1987. Ces rappels des faits mettent à nue l’impartialité de la CEDEAO et la main mise de la France sur cette organisation.
Les Maliens ne doivent rien attendre de la vidéoconférence de ce lundi des chefs d’État de la CEDEAO. Au-delà de l’engagement des États directement concernés sur le plan politique et économique parce qu’ils partagent le Sahara et les Touaregs, il est important de savoir pourquoi les mécanismes pour la prévention et la gestion des conflits armés, créés par cette organisation-sous-régionale, n’ont pas fonctionné.
Le traité de la CEDEAO, révisé, depuis le 24 juillet 1993, a conféré à l’organisation un statut supranational, en vertu de l’article 58 alinéas 2 du traité. Mais, en aucun cas, la CEDEAO en tant qu’entité, ne saurait se substituer aux Etats souverains.
En effet, l’article 3 (d) du protocole de 1999 de la CEDEAO a étudié les dispositifs à prendre sur la prévention des conflits, l’alerte précoce, les opérations de maintien de la paix, de la lutte contre la criminalité transfrontalière, du terrorisme international, de la prolifération des armes légères et des mines anti- personnelles. Dans ce contexte, un mécanisme d’alerte précoce a été créé. Celui-ci comporte un centre d’observation et de suivi au sein duquel, les données basées sur les indicateurs d’alerte précoce sont collectées.
Cependant, si le dispositif adopté, en 2008, dans le cadre de la prévention des conflits en référence au principe de la responsabilité de protéger, reste en théorie largement partagé par les États membres, dans la pratique, la transposition reste problématique à l’échelle nationale. Estimés à plus de 6.000 soldats, les effectifs de la CEDEAO et les 2.000 soldats tchadiens ont déployé une force d’intervention de lutte contre les terroristes au Nord du Mali, dans le cadre de la MISMA (Mission internationale de soutien au Mali). Cette mission est encadrée par la résolution 2085 des Nations-Unies, adoptée, le 20 décembre 2012.
Ainsi, l’effectif des forces internationales de la MISMA dirigée par le général nigérian, Shehu Abdulkadir a été renforcé: Nigeria (2.000), Togo (540), Niger (500), Burkina Faso (500), Bénin (300), Ghana (180), Guinée Conakry (145), Sénégal (450), Tchad (2.000), France (4.000), l’Union européenne (450 dont 200 instructeurs). La MISMA bénéficie également du soutien logistique (carburant, avions et approvisionnement) du Royaume-Uni, des États-Unis, du Danemark, de la Belgique, de l’Allemagne et du Canada.
Auparavant, le rôle de la CEDEAO dans la crise malienne a été ambigu, car l’organisation prônait la fusion des groupes Ansar Dine et le Mouvement nationale de libération d l’Azawad (MNLA) pour une revendication commune, alors que ces deux mouvements n’ont pas les mêmes objectifs. Si le premier a opté pour l’application de la charia, l’autre a revendiqué son autonomie.
Toutefois, un évènement inattendu a précipité le calendrier, les 10 et 11 janvier 2013: la prise par les islamistes des localités de Konna et de Diabali (frontière interne et de fait entre le Nord et le Sud); et l’incapacité de l’armée malienne à les repousser a obligé le président Dioncounda Traoré, à demander le soutien de la France pour repousser l’offensive des djihadistes qui projetaient une descente vers Bamako, la capitale.
Le déploiement des soldats africains est important sur le plan politique et symbolique parce qu’il montre la volonté des Africains de «résoudre» un problème africain. Il est évident que les forces françaises (l’aviation, l’infanterie et les forces spéciales) ont pallié la faiblesse logistique et de renseignements des troupes maliennes lors de «l’opération Serval». Elles ont aussi permis le déploiement des forces africaines qui n’en sont pas à leur première intervention dans la gestion des crises en Afrique.
Mais, il faut également rappeler que les précédentes missions africaines en Sierra Leone ou au Liberia (utilisées pour s’interposer entre les belligérants pendant les conflits des années 1990) ont été critiquées par certaines organisations humanitaires (dont la Croix rouge) sur le respect des droits de l’Homme (viols, corruption).
Pour l’instant, il faut retenir que l’intervention des forces de la MISMA a non seulement mis fin à l’offensive des djihadistes vers le Sud, mais a permis au Mali de retrouver son intégrité territoriale, hormis Kidal. Faut-il poser un jour la question aux Français ? Elle a complètement changé la position du MNLA. Isolé par les terroristes, le Mouvement nationale de libération d l’Azawad (MNLA) a décidé alors de soutenir l’initiative française et se propose même de contribuer à la lutte contre les islamistes «leurs anciens alliés de circonstances».
En conséquence, ayant choisi cette alliance, les insurgés touaregs devront renoncer à leur tentation sécessionniste dans un contexte où les Algériens et les Nigériens affichent leur réticence à toute tentative de sécession qui pourrait provoquer un effet domino sur leur territoire (Touareg du Niger, du Hoggar et la Kabylie).
On se rappelle que l’intangibilité des frontières issues de la colonisation est une doctrine de l’UA (Union africaine) après la guerre des sables (Maroc-Algérie, 1963) pour qui la partition du Mali est une menace pour tout le continent. De même, les États de l’espace sahélo-sahariens et même au-delà, ont compris que leur sécurité et leur stabilité politique dépendaient aussi de la restauration de l’intégrité territoriale du Mali.
Cette position est largement partagée par les États de l’Union africaine (UA) qui venaient d’élire pour la première fois une femme présidente de la commission (Nkosazana Dlamini Zuma de l’Afrique du Sud, ex-épouse du Président Jacob Zuma). C’est dans ce contexte que la conférence des donateurs pour le Mali s’est tenue, le 29 janvier 2013, à Addis Abeba (Ethiopie).
Organisée par l’UA, à l’issue de son 20ème sommet des chefs d’État et de gouvernement, la rencontre visait à mobiliser les fonds en vue de financer les opérations de la Mission internationale de soutien au Mali (MISMA), ainsi que le renforcement des capacités de l’armée malienne. Aidée au départ par l’UE (Union européenne), l’Union africaine (UA) contribuerait à la somme de 461,5 millions de dollars pour le financement des opérations pendant un an. La conférence des donateurs a promis de mobiliser plus de 455,53 millions de dollars.
Safounè KOUMBA