Stupéfaite et impuissante, l’organisation sous-régionale Du 21 au 28 février 2025, les émissaires de la Cédéao étaient en pourparlers avec l’opposition politique bissau-guinéenne et le président Embalo. Coup de tonnerre dans le ciel ouest-africain : les émissaires de la Cédéao ont été sommés de quitter la Guinée- Bissau le 1er mars !
Le président Umaro Embalo Sissoco s’est taillé une réputation d’homme girouette. Après avoir soutenu bec et ongles les décisions de sanctions de la Cédéao, contre les pays membres de l’AES entre 2022 et 2023 pour non-respect de leur Constitution, le voilà sur la sellette pour les mêmes raisons. Son mandat a expiré le 27 février dernier. Mais il entend rester aux manettes du pouvoir jusqu’au scrutin présidentiel du 30 novembre 2025. Ce qui lui vaut une réprobation de la part de l’opposition. D’où la présence des émissaires mandatés par la Cédéao pour qu’ils accordent leur violon. Mais peine perdue, Embalo s’est fâché et a vivement éconduit la médiation. Péremptoire, il n’est pas parti par quatre chemins pour se faire comprendre :
« Je serai candidat, cela ne fait pas l’ombre d’un doute, et je vais gagner dès le premier tour. La mission qui vient de partir ne reviendra plus ici. Tant que je serai au pouvoir, rassurez-vous. Je voudrais vous dire que toutes les décisions de la Cédéao sont prises par les chefs d’Etat. Les Guinéens ont grandi maintenant, c’est moi qui ai donné l’ordre d’expulser cette mission. C’est moi qui les ai chassés d’ici. Quand une mission de la Cédéao, des Nations unies de l’Union africaine, vient dans un pays, elle vient avec une feuille de route et le président de la République du pays d’accueil valide ce document. Notre pays a ses règles, nous ne sommes pas une république bananière. Certains veulent banaliser nos institutions. Tant que je serai là, personne ne fera ça », s’est-il insurgé.
Pour rappel, il a eu l’honneur d’être président de la Cédéao, de juillet 2022 à juillet 2023 après la présidence de Nana Akufo Addo, si bien qu’il connaît le modus operandi de l’organisation sous-régionale, comme sa poche. Sous sa présidence, il a officié le différend entre Macky Sall et Diomaye Faye. Pourtant il n’a pas été déclaré persona non grata au Sénégal.
Exercice, Aujourd’hui, il met la Cédéao dans une situation intenable. L’attitude d’Embalo met l’opinion mal à l’aise.
Comment peut-il se mettre en porte-à-faux avec cette même Cédéao ?
Force est de reconnaître que cette organisation a été utilisée pour mener des missions au Mali, au Niger au Burkina Faso, en son temps.
L’on se rappelle que les pays de l’AES ont claqué la porte d’une ‘’ Cédéao aux ordres’’. Alors porte-étendard de cette même organisation, il était prêt à lever une armée pour réinstaller Bazoum dans son fauteuil au Niger. Son comportement insolite ? Ça pose un problème d’éthique. Selon certaines indiscrétions, son épouse lui avait prodigué des conseils avisés, le dissuadant de briguer un second mandat. Il semble avoir fait fi de ses promesses de ne pas se représenter à la présidentielle. La boulimie du pouvoir est passée par là.
Après les pays de l’AES, la Cédéao est en difficulté avec la Guinée-Bissau, où elle a joué un rôle important dans la confirmation de l’élection du président Embalo en 2020. La politique de deux poids deux mesures a de beaux jours devant elle : tapis rouge déroulé à ceux qui perpètrent un coup d’Etat-civil et sanctions contre ceux qui excellent dans un coup d’Etat militaire.
Au lieu qu’Alassane Dramane Ouattara et John Dramani Mahama s’évertuent à ramener le trio de l’AES au bercail, ils doivent plutôt recadrer le solitaire Embalo dans son délire.
En tout état de cause, la Cédéao avait-elle voulu sauver les meubles, avec l’envoi de sa mission, pour éviter à Embalo de marcher de façon soft sur les plates-bandes de l’AES ? On ne serait pas loin de le penser.
Mohamed Koné