La Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest(CEDEAO) continue de tirer les ficelles du jeu politique malien après la chute du président Ibrahim Boubacar Keïta(IBK). La dissolution du premier gouvernement dirigé par Moctar Ouane entre dans le cadre des réformes voulues par la CEDEAO dont le médiateur, Goodluck Jonathan, l’ancien chef d’Etat du Nigeria, était à Bamako lorsque le président de la transition dissolvait le gouvernement.
L’ancien président nigérian est arrivé à Bamako en début de semaine, bien avant la dissolution du gouvernement qui est intervenue en fin de semaine, le vendredi 14 mai 2021. Dès son arrivée sur le sol malien, Goodluck a entamé de nouvelles rencontres avec les forces vives de la nation et les autorités de la transition. Le but était d’aplanir les divergences entre la transition et les forces vives de la nation.
Lors de ses précédentes visites au Mali, le médiateur de la CEDEAO avait échangé avec les protagonistes de la scène politique dans le but de renouer le dialogue entre les autorités transitoires et le reste de la population. En une dizaine de va-et-vient, Goodluck Joathan a réussi à rapprocher les frères ennemis maliens. Certains responsables du M5 RFP, le mouvement à l’origine de la chute du président IBK, avaient été écartés de la gestion du pouvoir par les militaires.
Ces militaires se sont dans un premier temps agrippés à des postes de responsabilité stratégique dans l’attelage gouvernemental. Le Premier ministre civil, Moctar Ouane, a en effet été choisi parmi d’autres personnalités civiles sous la pression de la communauté internationale. C’était après un long bras de fer entre partisans des militaires du Comité national du salut du peuple(CNSP) et les forces favorables à la conduite de la transition par un civil.
La CEDEAO avait dû faire usage de menaces pour résoudre un cas similaire, à savoir la nomination d’un civil à la tête de la transition. C’est ainsi que les militaires ont été contraints de choisir Bah Ndaw, un colonel majeur à la retraite, pour diriger le pays pendant la période transitoire. Mais la transition ainsi mise en place a été dévoyée, selon plusieurs protagonistes qui parient sur l’échec des nouvelles autorités.
En clair, c’est la CEDEAO qui est en train de redistribuer les cartes du jeu politique malien à travers Goodluck Jonathan. Sa présence au Mali la semaine dernière a quelque chose à voir avec la dissolution du gouvernement. Le renouvellement du gouvernement est une plus grande opportunité pour l’ouverture que la CEDEAO et les autres partenaires du Mali ne cessent de demander. Le président de la transition a enfin l’occasion de réduire les contestations autour de la gestion du pouvoir(Fin).
D. Kéita