Ghana: la Cédéao finalise les modalités du divorce avec l’AES

Réunis pendant deux jours dans la capitale ghanéenne, les ministres des Affaires étrangères de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) ont planché sur un plan d’urgence visant à répondre au retrait du Burkina Faso, du Mali et du Niger.

24 Avr 2025 - 09:40
24 Avr 2025 - 19:53
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Ghana: la Cédéao finalise les modalités du divorce avec l’AES
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Ghana: la Cédéao finalise les modalités du divorce avec l’AES

Une session extraordinaire du Conseil des ministres de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) s’est tenue les 22 et 23 avril à Accra, au Ghana, pour examiner le plan d’urgence et les modalités du retrait du Burkina Faso, du Mali et du Niger de l’organisation régionale.

Convoquée sur instruction de l’Autorité des Chefs d’État et de gouvernement de la Cédéao, la réunion visait à analyser les conséquences pratiques et politiques du retrait officiel de ces trois États, effectif depuis le 29 janvier 2025. Les discussions ont notamment porté sur l’impact sur les programmes communautaires, la relocalisation éventuelle d’institutions, et la continuité de la libre circulation des personnes et des biens dans la région.

Le ministre ghanéen des Affaires étrangères, Samuel Okudzeto Ablakwa, hôte de la session, a ouvert les travaux en soulignant que cette réunion ne visait pas à polémiquer sur le retrait, mais à définir des réponses coordonnées face à une situation inédite. Il a insisté sur les liens profonds entre les peuples de la région, appelant à la sagesse, au tact et à l’unité pour préserver la cohésion ouest-africaine.

Le ministre a aussi rappelé l’engagement du Ghana en faveur de l’intégration régionale, à l’occasion du 50e anniversaire de la Cédéao. Le président de la Commission de la Cédéao, Omar Alieu Touray, a présenté un plan d’urgence structuré autour de cinq axes : les ajustements juridiques et institutionnels ; l’intégration économique et l’accès aux marchés ; la coopération en matière de paix et de sécurité ; la continuité des programmes de développement sectoriels ; et la sauvegarde des acquis sociaux. Il a appelé à jeter les bases de nouvelles formes de coopération avec les pays de l’Alliance des États du Sahel (AES).

Le ministre nigérian des Affaires étrangères et président en exercice du Conseil des ministres de la Cédéao, Yusuf Maitama Tuggar, a, quant à lui, exhorté les États membres à rester unis et résilients face à ce défi. Reconnaissant la souveraineté des États sortants, il a insisté sur la nécessité de maintenir le cap d’une intégration régionale inclusive au service des générations futures. Cette session d’urgence s’est tenue après le lancement des célébrations du cinquantenaire de la Cédéao, également organisées à Accra.

À cette occasion, le président ghanéen John Dramani Mahama a prononcé un discours dans lequel il a placé l’unité régionale au cœur des priorités. « Aujourd’hui n’est pas qu’une célébration. C’est un moment de réflexion sur notre parcours collectif et une invitation à renouveler notre engagement aux principes qui nous unissent depuis cinquante ans », a-t-il déclaré devant plusieurs chefs d’État, anciens dirigeants et hauts représentants de la région.

Face aux défis que traverse actuellement l’organisation – instabilité politique, insécurité au Sahel, inégalités économiques et impacts du changement climatique –, Mahama a rappelé que la diplomatie et la solidarité devaient rester « notre première ligne de défense ». Sans mentionner directement les dirigeants de l’AES, absents malgré une invitation confirmée, il a qualifié de « regrettable » la décision du Mali, du Burkina Faso et du Niger de quitter la Cédéao. Il a néanmoins plaidé pour une approche constructive : « La réponse ne doit pas passer par l’isolement ou la condamnation, mais par l’écoute, le dialogue et la volonté d’engager. » Mahama a affirmé avoir fait de la reprise des liens diplomatiques avec les pays de l’AES une priorité. Il a évoqué la nomination d’un envoyé spécial ainsi que ses propres missions diplomatiques dans les capitales concernées. 

« Le Ghana est prêt à servir de pont pour recoudre le tissu de l’unité ouest-africaine », a-t-il assuré. Le président ghanéen a également salué l’héritage diplomatique de la Cédéao dans la résolution de crises majeures en Afrique de l’Ouest, citant les cas du Libéria, de la Sierra Léone, de la Gambie, de la Côte d’Ivoire et du Togo. Pour lui, l’organisation est la preuve que « les solutions africaines par la diplomatie africaine fonctionnent ».

Insistant sur le rôle essentiel des citoyens, Mahama a appelé à renforcer les capacités des institutions communautaires, afin que la Cédéao soit perçue comme « une communauté vivante, proche de leurs luttes et porteuse de leurs espoirs ». Mahama a, pour finir, exhorté ses pairs à faire des cinquante prochaines années une ère d’écoute, de cohabitation pacifique et de prospérité partagée. 

AC/Sf/APA

Source: apanews.net

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