La rectification de la Transition est bien amorcée maintenant avec, lundi dernier (7 juin 2021) la prestation de serment du Colonel Assimi Goïta devant la Cour suprême comme président de la Transition et la nomination du président du Comité stratégique du M5-Rfp (Dr Choguel Kokalla Maïga) à la Primature. Et comme il l’a maintes fois exprimé lors de ses récentes rencontres avec la presse et les forces vives de la nation, il faut tourner la page et se tourner vers l’avenir.
Visiblement, les dirigeants de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) sont arrivés à Accra (Ghana) le 30 mai 2021 avec la conviction que le vin était déjà tiré et qu’ils n’avaient d’autres choix que de le boire. Face à la nouvelle donne politique au Mali où la Transition a changé de leaders six jours avant, il ne leur restait qu’à sévir sans accabler un peuple déjà éprouvé par une conjoncture sans pareille. Et pour une fois, elle a été plus clémente que d’ordinaire en suspendant le pays des instances de l’organisation, mais en restant ferme sur la durée de la Transition, la formation d’un gouvernement inclusif et l’impossibilité pour le président et son PM de se présenter aux prochaines élections, notamment la présidentielle et les législatives.
La mollesse des réactions dans le pays et la décision de la Cour constitutionnelle de proclamer Assimi Goïta président de Transition chef de l’État le 28 mai 2021, ont contraint les dirigeants ouest-africains à revenir à ce qu’ils avaient catégoriquement refusé au début du processus : laisser le président du Comité national pour le salut du peuple (CNSP) diriger la Transition ! Même si la Charte de la Transition prévoit cela, la communauté ouest africaine s’opposa à ce qu’un militaire soit Président ou PM.
Et pourtant, après la démission du président IBK le 18 août 2020, la majorité des Maliens a souhaité une transition militaire parce que ne faisant plus confiance à la classe politique. Face à l’intransigeance de la Cédéao et de la Communauté internationale, les jeunes officiers ont jeté leur dévolu sur un ancien officier qui n’est plus en activité : Bah N’Daw, Colonel-major à la retraite. Ils misaient sans doute sur la redevabilité de cet homme de conviction réputé pour son caractère assez trempé pour ne pas être malléable. Mais, ce choix a visiblement un bon compromis pour tous les protagonistes.
Tout le monde sauf bien sûr le M5-RFP, qui lorgnait sur le poste et qui se sentait floué, ainsi que le CNSP privé ainsi de l’opportunité de remettre le pays sur les rails comme il le souhaitait avant de passer les rennes du pouvoir aux civils. Aujourd’hui, c’est chose faite puisque le processus de rectification tant réclamé par les leaders du M5-RFP est désormais en marche avec la prestation du Colonel Goïta comme président de transition et la nomination du président de son Comité stratégique, Dr Choguel Kokala Maïga, comme Premier ministre.
«Nous avons tous agi au regard de l’intérêt suprême de la nation. A l’impossible nul n’est tenu. Il fallait choisir entre la stabilité du Mali et le chaos. Nous avons choisi la stabilité. Aujourd’hui, il y a trop d’enjeux autour du Mali, raison pour laquelle nous avons besoin d’une coalition, nous avons besoin de nous donner la main pour sauvegarder l’intérêt suprême de la nation. Nous n’avons pas d’autre choix», a plaidé le Colonel Goïta lors de sa rencontre avec la presse le 2 juin 2021.
Se donner la main pour avancer en hiérarchisant les priorités de la transition
Il est vrai qu’une démocratie sérieuse ne peut s’accommoder de la prise du pouvoir par la force, notamment par celle des armes. Mais, nous devons tous nous mettre dans la posture des dirigeants de la Cédéao : boire le vin déjà tiré par la tournure des récents événements ! Et comme il l’a maintes fois exprimé le nouveau chef de l’Etat lors de ses récentes rencontres avec la presse et les forces vives de la nation, il faut tourner la page et se tourner vers l’avenir.
«L’idéal aurait été de rester attaché à la charte de la transition telle qu’elle a été adoptée. Mais à ce stade, il ne sert à rien de vouloir un civil ou un militaire à la présidence. Le principal est de trouver l’unité au sein de l’exécutif et d’avancer pour sortir de la transition», a souligné Soumeylou Boubèye Maïga dans un entretien paru dans l’hebdomadaire Jeune Afrique de la semaine dernière.
Nous devons nous donner la main pour aller de l’avant, hiérarchiser ensemble les priorités et les défis pour les neuf mois qui restent de la transition. «Maintenant, il faut nous aider à pouvoir organiser des élections libres et transparentes dans neuf mois et rompre avec 30 ans de gestion calamiteuse du pays. Aujourd’hui, le Mali manque de leadership, c’est-à-dire, un homme de caractère qui gouverne avec comme seule motivation, l’intérêt général», a souhaité le Colonel Assimi Goïta, lors de sa rencontre avec la presse le 1er juin 2021, en donnant une idée de ce qui doit être notre priorité pour les mois à venir.
«Nous devons nous battre dès à présent pour réaliser le Mali Koura dont nous rêvons tous, pas pour nous, mais pour les générations futures. Pour ce faire, je compte sur votre professionnalisme et votre patriotisme», avait-il conclu sollicitant vivement l’accompagnement de la presse. Cet accompagnement, il doit en bénéficier de toutes les forces vives de la nation, pas pour lui, mais pour l’intérêt supérieur de la nation.
Autant personne ne doit chercher à distraire les nouveaux exécutifs par des futilités, autant le soutien de la presse et de l’ensemble des forces vives ne doit pas être un blanc-seing. Autrement, ce soutien ne doit pas être synonyme de complaisance pour ne pas dénoncer les actes qui peuvent aller à l’encontre des intérêts de ce pays, qui peuvent compromettre notre futur. Les critiques doivent être émis avec cette ferme volonté d’aider à réussir la transition, à poser les jalons d’un Mali émergeant dans le concert des nations !
Naby