Gestion de la crise institutionnelle: Le Mali et la Cedeao, passions humiliantes

3

Le Mali, a donné, récemment une image, peu flatteur, de lui même, lorsque des manifestants, survoltés, ont porté atteinte a l’intégrité physique du Président par intérim. Cet incident regrettable est le reflet des dissensions internes qui divisent profondément  la population malienne en deux camps antagoniques que la presse qualifie de pro et anti putsch.                                                  

La réalité est plus nuancée. En effet, c’est l’intervention de la Cedeao qui a constitué la ligne de fracture entre les maliens. La Cedeao, en prenant un certains nombre de mesures très impopulaires pour obliger la junte a remettre le pouvoir a ceux qui étaient au pouvoir depuis 20 ans et qui sont  coresponsables de la faillite du pays, a outre passé ses prérogatives.  Ce sont les héritiers d’Att chassés par le coup de force qui bénéficient du retour à l’ordre constitutionnel,  on a tendance à l’oublier. La prise des décisions  de la Cedeao  sous le couvert d’un retour à l’ordre constitutionnel a été mal vécue par toute la population malienne hormis quelques politiciens dont la quiétude et les privilèges sont menacés.  La Cedeao  a crée un ressentiment profond contre ses oukases dans une  large partie de l’opinion. Alassane Ouattara et ses amis se sont plus préoccupés  du confort constitutionnel de ceux qui étaient au pouvoir que du sort des  populations maliennes meurtries par les effets de l’embargo,  par la division du pays en deux et par  le risque de dégradation de leurs conditions de survit. Traités avec condescence  les membres de la junte ont eu à faire face a deux forces hostiles dont une légitime, la Cedeao. La junte a qui l’on reproche a tort  de ne pas libérer le Nord alors que le Sud était pris en otage par Alassane Ouattara, coutumier de ce genre de situation.

Pourquoi, la Cedeao n’a pas d’abord pris fait et cause pour la libération immédiate  du Nord du pays avant d’imposer toute action coercitive contre la junte relativement à un retour a l’ordre constitutionnel. C’est le blocus  qui a pour effet immédiat de casser la dynamique de la reconquête du Nord.

Quel est le pays de la Cedeao qui est a l’abri d’une partition ou  d’un coup d’Etat ? Pas la Cote d’Ivoire ni le Nigeria. Lorsque la Cote d’Ivoire a été divisée pendant 10 ans par une rébellion dont Alassane Ouattara serait  le parrain, a t’il  subi un embargo de la part des pays voisins dont le Mali ?  Et pourtant il avait pris les armes contre le pouvoir légitime de Gbagbo et divisé la Cote d’Ivoire comme les rebelles l’ont fait au Mali. La Cedeao ignorait elle qu’allumer le feu au Sud,  l’empêcherait  d’aller à la reconquête du Nord.?  La menace d’Aqmi et des  autres rebelles extrémistes  de Boko Haram est d’autant plus forte que les responsables de la Cedeao n’auront pas privilégié la reconquête du Nord, au lieu de s’empêtrer dans les querelles byzantines des politiciens de Bamako, en prenant position pour un camp.

Face à Alain Foka de Rfi, Alassane déplorait la lutte pour les portefeuilles au Mali et arguait que le coup d’Etat ne se justifiait pas. Nous ne l’avons pas entendu dénoncer la tentative de coup de force de sa rébellion contre le régime de Gbagbo en 2002.

Si ce n’était pas une lutte pour le pouvoir, qu’il nous dise ce que c’était. Quelles justifications donne t’il a cette tentative qui a terme a entrainé la Cote d’Ivoire dans la guerre civile. Quelle leçon Alassane va t’il donner aux maliens?

La croisade de la Cédéao contre la frange patriotique de  l’armée malienne a un parfum de surréalisme.

Le deal entre la Cedeao et Att réfugié dans la clandestinité aux premières heures du coup de force,  est apparu au grand jour lorsque Att de sa cachette recommandait a la junte de se mettre d’accord par les dirigeants de l’organisation sous régionale  pour le sauver en réalité. Dioncounda qui au départ se satisfaisait des 40 jours d’intérim, a proposé a ses pairs de le proroger sur 12 mois sachant bien que cette modification n’est inscrite nulle part dans la constitution ainsi que celle relative au mandat des députés.

C’est bien ce diktat de la Cedeao qui constitua la pomme de discorde avec la junte qui croyait attendre que 40 jours pour récupérer le pouvoir avec la bénédiction de l’organisation sous régionale.

Comme Att, le désamour entre le Président par intérim et la population hors  politiciens partisans est profond. Cela remonte à la première transition lorsqu’Att truqua les élections en faveur des Dioncounda et de leurs chefs et partisans qui lui retournèrent l’ascenseur en 2002, après avoir pillés proprement le Mali qui croulait sous une pluie d’aides financières en tout genre. C’est ce jeu de chaises musicales entre Att et l’Adema dont le gourou est Dioncounda qui a exacerbé les antagonismes entre les partisans de différents bords. La Cédéao en se focalisant sur le retour a l’ordre constitutionnel , donc a l’ordre ancien n’a pas pris  la bonne décision , en remettant en scelle de vieux cavaliers désarçonnés par la crise du nord et par les coups de boutoirs de la junte.

Dans la tradition malienne, toute autre considération mise a part, on doit respect aux ainés. On ne doit pas les insulter, a fortiori les agresser physiquement. On observe depuis un certains temps, que  les politiciens sont  couverts d’opprobre chaque fois qu’une  partie du peuple est en désaccord avec eux sur un certain nombre  de sujets.

Les jeunes manifestants  érigent des barricades et obligent les automobilistes à insulter gravement les politiciens y compris le chef de l’Etat avant qu’on leur accorde le  passage.

Att a essuyé des quolibets  et des injures gravissimes à certaines occasions telles que l’adoption controversée  du projet de code de famille.

Lire des manifestants contre Dioncounda est alimenté par leur aversion envers  Att d’abord et envers  tous ceux qui ont occupé des fonctions importantes pendant la décennie Att.

L’assemblée nationale, s’était illustrée par des prises de position pro Att dans le vote de tous les projets de loi controversés qu’Att avait initié. L’essentiel des députés sont de la mouvance présidentielle et Dioncounda était leur chef. Le coup de force au Mali a eu donc un goût d’inachevé. Les maliens le savent.

Des drames comme les violences qui ont opposé deux factions de l’armée et la tentative de lynchage du président par intérim ne sont que les soubresauts d’une situation politico militaire  qui peine à se stabiliser.

Le Mali n’est le long fleuve tranquille que nous avions observé depuis l’indépendance. Il est traversé par des courants centrifuges déstabilisateurs.

L’immixtion d’une Cedeao des chefs d’Etats compliquent singulièrement la donne. En se prenant pour organisation vertueuse en matière de respect de la légalité constitutionnelle, alors que la plupart de ses dirigeants sont mal  élus, elle donne le sentiment d’être une organisation favorable a la restauration de l’ordre ancien.

Si en définitive, le coup d’Etat au Mali ne se justifiait pas, la rébellion qui a porté Alassane au pouvoir non plus, pas plus que de force au Niger. Ce sont les contradictions de la gestion du pouvoir qui entraine une rupture violente de l’ordre constitutionnel y compris au Mali dans lequel Att avait acheté une respectabilité à bon compte en qualité d’ancien Putschiste.

 

Birama FALL

Commentaires via Facebook :

3 COMMENTAIRES

  1. Mr, le coup d’état ne se justifiait pas à deux mois des élections présidentielles. Le mali dispose d’une constitution qui dit en cas de vacances ou d’empêchement du président de la république, le président de l’assemblée nationale lui succède pour 40 jours pour organiser des élections. Si pendant les 40 jours il ne peut pas, il faut retourné devant la cours constitutionnelle qui va proroger le mandat.Vous savez bien que les coups d’état sont condamnables par les organisations africaines et internationales. 3 exemples où la cédéao a intervenu pour restaurer l’état de droit: la Séraléonne, le Niger et la Côte d’ivoire.
    Comment peut-on avoir une fragilité d’esprit, pendant que le pays est en guerre avec des bandits armés ,on ouvre à tort ou à raison, une voie royale pour occuper le pays? A se que je sache, le mali n’a jamais demander l’aide de la cédéao pendant sa guerre avec les rebelles. C’est ATT qui a subit le coup de force.Forcement, ce ses héritiers des bénéfices des retombés du retour à l’odre constitutionnels. Arrêter votre chauvinisme.

  2. la seule solution actuelle est l’intervention d’une armée internationale appuyant bien sûr celle du Mali .
    Plus de temps passe plus ces groupes armés et leur complice ( le MNLA )
    s’installent pour du bon !
    Alors je suis triste de voir mon pays bien aimé perdre une partie de lui ,jai honte et encore je pleure , j’ai honte ! pour mon pays !

  3. OK “ma priorité c’est le nord” “Je suis une solution pour le Mali je ne serai pas un problemme” nous disent Dioncounda et le Capitaine Sanogo je leur demande d’agir sur le terrain face aux occupants de nos territoires au lieu de nous tromper en nous disant qu’ils sont “la solution pour le Mali”.Pour le moment ils nous ont apporté que des problèmes. Ce que je ne comprend pas du tout pourquoi la cour constitutionnelle n’internient pas, pour que le peuple se retouve un peu. La situation se complique parceque c’est les hommes politiques qui n’arrivent pas à s’entendre, interviennent sur les antennes radio et télé alors que le peuple ne fait pas beaucoup de confiance à ces hommes. Si la cour constitutionnelle avait intervenu depuis le debut de cette crise, je pense que nous n’en seront pas là aujourd’hui. Les 9 (neuf) sages du Mali nous attendons votre verdicts.
    QUE DIEU BENISSE LE MALI

Comments are closed.