Le Haut représentant spécial du président de la Cedeao auprès du Mali, l’Ambassadeur Aboudou Touré, était mardi dernier avec les médias nationaux et internationaux auxquels il a exposé l’architecture de paix et de sécurité de la Cedeao (Aps). C’était au cours d’un atelier intitulé «Architecture de paix et sécurité de la Cedeao à l’épreuve de la crise malienne : accomplissements et leçons apprises».
C’est suite à un atelier organisé par la Cedeao à Akosongo, au Ghana, pour faire l’évaluation de l’Aps appliqué à la crise malienne, que des journalistes maliens présents à cette rencontre, ont fait la proposition au Haut représentant d’organiser une rencontre du genre avec les journalistes et communicateurs maliens, qui ignorent tout de cet architecture qui a permis au Mali de sortir de la crise politico sécuritaire.
Plusieurs personnalités dont le colonel M’Bow (Misahel) et Ali Nouhoum Diallo (premier président du parlement de la Cedeao) ont pris part à la journée de formation des journalistes….
Campant le décor de la rencontre, le président de la Maison de la presse, Makan Koné a jeté un regard rétrospectif sur la situation de confusion dans laquelle le Mali était plongé, il y a deux ans, avec une rébellion qui venait d’éclater au nord, une partie importante du territoire qui commençait à échapper au pouvoir central, une situation qui n’était pas non plus rassurante au sud où un coup d’Etat finit par mettre un terme au pouvoir du président Amadou Toumani Touré, à quelques semaines d’une élection dont personne ne peut prévoir l’issue. «Nombreux étaient ceux qui ont perdu espoir. Rares sont ceux qui n’étaient pas convaincus que la crise n’était pas partie pour durer au moins une dizaine d’années», a déclaré Makan Koné. Pour le président de la Maison de la presse, si notre pays est sorti très vite de la crise, il y a lieu de s’interroger sur les secrets de la solution miracle. «Un nouveau président a été élu, l’Assemblée nationale a été renouvelée et le territoire est quasiment entièrement sous le contrôle de l’Etat», a déclaré M Koné. Qui ne se fait pas d’illusions. Selon lui, s’il y a une certaine baraka de notre pays dans cet état dé fait, cela ne doit pas non plus amener à perdre de vue le rôle déterminant et (décisif) joué par la Cedeao, qui a été le premier regroupement à se précipiter au chevet du Mali. «Elle a joué un grand rôle dans la mobilisation des autres amis et la communauté internationale et a même pris le leadership», rappelle Makan Koné.
Pour le ministère de l’économique numérique de l’information et de la communication, la Cedeao a été bien inspiré d’organiser un tel atelier sur le mécanisme de paix et de sécurité qui a aidé notre pays à sortir très rapidement de la crise. Occasion aussi pour le chef du département de rendre un vibrant hommage aux chefs d’Etats et aux dirigeants de la Cedeao qui, aux premières heures de cette crise, se sont retrouvés de manière désintéressée aux cotés du Mali, pour l’aider à retrouver son intégrité territoriale et restaurer l’ordre constitutionnel.
«Sans l’audace et la détermination de la Cedeao nous ne serions pas là aujourd’hui», avoue le ministre de l’économie numérique de l’information et de la communication
L’Ambassadeur Aboudou Touré a évoqué les premières initiatives prises par les pairs de l’indépendance, des initiatives qui portaient déjà en elles les germes de ce qui a permis de doter aujourd’hui la Cedeao d’un efficace mécanisme de paix et de sécurité. Un mécanisme dont le fonctionnement a été expliqué dans les moindres détails par l’Ambassadeur Touré, qui a insisté le système d’alerte précoce à travers lequel la Cedeao, au regard de l’existence de certains signaux, anticipe en informant l’Etat sur les risques de survenance de la crise.
Sur le cas spécifique de la crise malienne, le Haut représentant a profité pour donner des explications sur l’intervention (très critiquée) de la Cedeao. «Le Mali est Etat fondateur et signataire des différents protocoles de la Cedeao ? Quand la Cedeao a décidé d’intervenir les pays respectait toutes les conditions définies…», dira le représentant spécial.
Pour Aboudou Touré, l’intervention de la Cedeao au Mali, a été très salutaire même si aujourd’hui c’est plutôt d’autres qui sont applaudis par les populations maliennes. Selon lui, la communauté internationale n’était pas dans la logique d’intervenir au Mali, la France non plus. Selon lui, même quand il a décidé d’intervenir au Mali, le nouveau président, François Hollande avait exclu tout déploiement de troupes (françaises) au sol, avant de s’y résoudre pour les besoins de recherches de leurs otages. Pour M Touré, la crise malienne a permis de retenir une leçon fondamentale : la nécessité pour les Etats africains de compter sur eux-mêmes pour prévenir et gérer les crises qui peuvent concerner leur espace. Ce qui, ajoute M Touré, doit passer nécessairement par une mutualisation par les Etats de leurs forces.
Le représentant spécial a aussi expliqué comment, sous la pression de la Cedeao, la junte du 22 mars 2012 a accepté que le pays revienne à l’ordre constitutionnel. «C’est encore la Cedeao qui a souhaité que l’acceptation donnée par la junte soit formalisé dans l’accord du 6 avril 2012, qui a produit trois conséquences majeures : la restauration de la constitution, le retour de l’Etat et des institutions et la fermeture de la parenthèse du coup d’Etat», a précisé le représentant spécial du président de la Cedeao.
Papa Sow