En parvenant à convaincre ses homologues de la Cédéao sur le bien-fondé de la mise à l’écart de certains produits sous embargo contre le Mali, le président Sénégalais, Macky Sall, a non seulement défendu les intérêts de son pays, mais il a aussi mis le Mali à l’abri d’un embargo total.
Lors de la rencontre par vidéoconférence des chefs d’Etat consacré à la situation au Mali, tenu vendredi 20 août 2020, le président du Sénégal, Macky Sall comme tout bon démocrate, a condamné le coup d’Etat au Mali. Le successeur d’Abdoul Wade a appelé la CEDEAO à « réapprécier les sanctions annoncées pour tenir compte des impératifs humanitaires ».
Dans cette perspective, les denrées de première nécessité, les produits pétroliers et les produits pharmaceutiques ne devraient pas être concernés par l’embargo. Cet amendement a été accepté et intégré dans la déclaration finale.
Intervenant à ce Sommet extraordinaire, le chef de l’Etat du Sénégal a également prôné la même lucidité concernant le recours à la force qui « nécessiterait un mandat de l’Onu ». Accompagner le Mali par le dialogue pour un retour à l’ordre constitutionnel, telle est la position du président Sall.
En agissant de la sorte, le président Macky Sall est parvenu à convaincre ses pairs et à amoindrir intelligemment les conséquences de l’embargo dans son pays.
Selon les données des autorités du pays de la Terranga, le Sénégal est le pays où plus de 70% des marchandises du Mali transitent. Parmi les produits maliens qui passent par le Sénégal et qui génèrent des ressources pour le trésor sénégalais, figurent les marchandises dont Macky a demandé leur mise à l’écart, c’est-à-dire qu’ils ne soient pas parmi les produits sous embargo.
Selon des données de la Chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture de Dakar, le transport de marchandises entre le Sénégal et Mali est dominé à près de 80 % par les camionneurs maliens.
Les estimations portuaires sont plus explicites. Le transit malien atteint plus de 60 % en transport d’hydrocarbures. Et sur ce transport des hydrocarbures, « le monopole est de fait, en faveur des Maliens ».
Pour remonter à 2014, les chiffres sont explicites sur les produits défendus lors de la conférence par M. Sall. Le transit Dakar-Bamako était estimé à 2 796 867 tonnes. Ces importations et exportations maritimes au profit du Mali sont composées de : produits pétroliers (20,45 %), de produits alimentaires (15,59 %), de produits agricoles essentiellement de coton (2,47 %) de produits chimiques et miniers (46,28 %) etc.
Il est à noter qu’entre le Sénégal et le Mali, la route est dotée d’une rotation de 300 camions par jour.
Djibril Diallo