Dr. Moussa Coulibaly sur les sanctions de la CEDEAO : « En plus de la junte, c’est l’avenir du pays qui est en jeu »

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Selon le sociologue Dr. Moussa Coulibaly, le cortège de sanctions annoncé par le sommet de la Cédéao contre le Mali pour frapper lourdement la junte, n’est pas pour punir la junte, mais pour tenter d’étouffer un peuple déterminé à s’affranchir de l’exploitation néo-colonialiste. Il propose une insurrection citoyenne à l’image de l’appel du 18 juin 1940.

 

« Comme pour se libérer la conscience, les sanctions de la Cédéao ne concerneront pas les vivres et les médicaments. Ce que le sommet semble ne pas prendre en compte, les populations maliennes du nord, du centre qui vivent déjà depuis des mois les pénuries qu’on veut éviter aux populations », laisse entendre, Dr Moussa Coulibaly. Pour lui, notre pays regorge d’immenses richesses naturelles et qu’il fera toujours l’objet de convoitises malsaines. Un rappel est nécessaire. Un accord qui vise la partition programmée du pays a été signé sans le peuple en 2015, puisque n’ayant pas fait l’objet d’un vote par l’Assemblée nationale. Il a eu la caution des partenaires extérieurs du Mali notamment la France. Ce fut un coup de force contre le peuple malien.

En huit ans, malgré le déploiement de forces onusiennes, françaises et africaines, le Mali a sombré dans les ténèbres de la violence et de l’insécurité, avec des milliers de morts et de déplacés, déplore notre sociologue. Toutefois, il estime que notre pays est aujourd’hui à un tournant de son histoire. La coopération militaire avec la Russie est une dernière chance de survie, dit-il. Selon lui, les Maliens dans leur écrasante majorité l’ont compris.  Les Assises nationales qui viennent de se tenir l’ont confirmé. La fibre patriotique a vibré dans le cœur des participants parmi eux,  une grande majorité qui ont tourné le dos au mot d’ordre de boycott de leur parti. C’est dans ce contexte que s’est tenu ce sommet d’Accra. Le dimanche soir, beaucoup de conversations vont se conclure par “ils vont comprendre cette fois-ci” ou “ils sauront qu’ils sont impuissants face aux sanctions”, mais notre sociologue pense que « ce n’est pas la junte seule qui est visée, mais c’est l’avenir du pays qui est en jeu ».

Selon lui, il n’y a pas un seul Malien qui n’est pas par exemple admiratif du pouvoir de Paul Kagamé du Rwanda. Son pays sous son leadership qui est cité en exemple, a traversé les pires épreuves. Aucun pays n’arrivera à se libérer du joug extérieur sans sacrifices, dit-il. A ses yeux, les politiques sont ceux qui s’en réjouiront le plus. Ils sont pressés d’aller aux élections. Devant ces sanctions, Ils vont certainement se taire. Il y aura un silence complice en attendant d’assister au pire, c’est le scénario classique. Pour échapper à la punition qui les attend certainement dans les urnes dans les prochains mois, beaucoup vont demander à leurs bases d’éviter les sorties pour ne pas se faire remarquer, mais la mobilisation continuera.

Quant à la Cédéao, les chefs d’Etat comprendront bientôt que c’est le début de la fin d’un cycle. Ils auront très bientôt à faire face à des populations qui seront inspirées par le cas du Mali. Dr. Coulibaly appelle à opposer à ces sanctions une insurrection citoyenne. Faire pression pour tenir rapidement les élections ne vise qu’à mettre un pouvoir civil qui recevra des ordres et des orientations propres à créer et renforcer les liens de dépendance. Devant la concurrence chinoise et américaine, la France fera tout pour faire main basse sur nos ressources.

L’enjeu des trente prochaines années sera la course vers les sources d’énergie. Le Mali en regorge et en aura besoin pour son développement. Les Etats de la Cédéao auront besoin du Mali pour leur développement. La Cédéao des peuples a compris. Bientôt le cas malien inspirera cette Cédéao des peuples composée majoritairement de jeunes déterminés à s’extraire de l’exploitation néo-colonialiste. Un pays dont les deux tiers sont occupés, doit d’abord se libérer et récupérer le territoire avant d’aller aux élections. La junte malienne est en train de récupérer son territoire. Elle est en train d’assainir les finances du pays. Elle est en train sur fonds propres de doter notre armée de matériels de pointe. A l’image du président Modibo Keita entre 1960 et 1968.  Elle a renforcé sa coopération militaire avec la Russie. Elle a besoin du soutien des Maliens pour libérer notre pays et envisager son décollage économique.

Dans les conditions actuelles, une élection  n’est pas possible. Beaucoup de chefs d’Etat le savent. Les chefs d’Etat de la Cédéao se trompent de combat. Cette réunion au sommet m’a l’air d’un   scénario semblable à celui représenté par la fable ” les animaux malades de la peste. On se bat pour condamner un pouvoir de transition dont le seul pêché est de se battre pour sauver son pays de la tyrannie, des djihadistes et de sa partition programmée”. Même pour aller à la rencontre de leurs compatriotes et leur exprimer leur compassion, il arrive que les politiques sollicitent le soutien des forces de sécurité pour sécuriser leur convoi. Ce dispositif de sécurité particulier est un luxe qu’on ne peut offrir à chaque citoyen qui désire se déplacer pour faire la campagne ou pour aller voter. La cohérence exige d’abord la sécurisation du territoire avant les élections. Par rapport à l’action militaire qu’on veut mettre en place pour voir la possibilité de déloger la junte, cette option est une honte. C’est un manque de respect au peuple malien. Les actes posés par ce pouvoir de transition sont l’expression de la volonté populaire. En attendant, l’armée doit rester soudée comme un seul homme.

Cependant, Dr Coulibaly appelle le Président Assimi Goïta de créer les conditions d’un déploiement immédiat et massif de militaires russes pour renforcer le dispositif en cours au nord et au centre mais constituer une ceinture de sécurité autour des institutions à Bamako. A ce rythme, aucune piste n’est à écarter.  Quand on décide de faire appel à un pays comme la Russie dans le cadre de la coopération bilatérale, il faut se préparer à toutes les éventualités. L’histoire nous a enseigné, à l’image de l’appel du 18 juin 1940, que la liberté et l’indépendance s’obtiennent après des sacrifices, a conclu le sociologue Dr. Moussa Coulibaly.

Ibrahima Ndiaye 

 

 

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