Au cours d’une rencontre d’information avec le Conseil économique, social et culturel, à l’initiative de ce dernier, le représentant spécial de la Cedeao au Mali a vanté les exploits de l’organisation sous-régionale dans la crise malienne. Mieux, il s’est prononcé sur les politiques et programmes de reconstruction nationale engagés dans notre pays.
Le jeudi 14 août 2014, ils étaient plusieurs membres du Cesc, en plus du personnel d’appui, à prêter une oreille attentive au représentant spécial de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, le Togolais Cheaka Abdou Touré. Il s’agissait pour ce dernier d’entretenir ses interlocuteurs sur le bien fondé de la mise en œuvre de l’ «Architecture de paix et de sécurité» de la Cedeao au Mali, tirer le bilan et dresser les leçons à retenir de l’intervention de la Communauté dans la crise malienne. Ce fut ainsi une occasion pour le représentant spécial de présenter ladite architecture en expliquant les objectifs, les organes, le processus ainsi que les conditions de mise en œuvre de ce mécanisme, entre autres.
Il a ensuite égrainé un chapelet d’actions entreprises par l’organisation sous-régionale aussi bien en amont que pendant le chaos malien. Tout en dénonçant le refus des autorités maliennes d’alors de regarder la réalité en face, la Cedeao ayant, à travers différentes missions, bien avant 2012, attiré l’attention de celles-ci sur la gravité de la situation politique et sécuritaire du Mali. Or, s’il est vrai que l’alerte précoce est la phase la plus critique et la plus importante du mécanisme, Cheaka Abdou Touré a toutefois rappelé que le rôle de la Cedeao en la matière s’arrête là. «La réponse dépend, dit-il, des autorités du pays concerné».
Convaincu que notre pays doit sa stabilité politico-institutionnelle et sécuritaire actuelle aux efforts de la Cedeao, l’orateur du jour s’est presque offusqué du fait que lesdits efforts ne sont pas reconnus à leur juste valeur par de nombreux Maliens. «La Cedeao a été tellement proactive que cela s’est retourné contre elle. Ils ne font que se réunir, ils ne font rien…Je puis vous dire que c’est grâce à ces réunions que le Mali est ce qu’il est aujourd’hui», a estimé M. Touré, pour qui la victoire leur a été volée au profit d’autres.
DDR, un passage obligé
En se prononçant sur les différents politiques et programmes de reconstruction nationale, le représentant spécial de la Cedeao a souligné toute l’importance de réussir ces phases. A l’en croire, si la réconciliation n’est pas restaurée la paix n’est que chimère. Aussi, l’orateur a estimé que le Mali n’a d’autre choix que de passer par le processus de désarmement, la démobilisation et la réinsertion socio-économique (DDR) des ex-combattants. Cette phase est critique et il faudra, dit-il, la préparer. Or, «sans entrer dans les détails, je puis vous dire que les conditions, nullement, d’aller dans ce programme n’existent pas encore, parce qu’au niveau politique aucune option n’est prise ». Et M. Touré d’ajouter que les discours qu’on prononce en faveur de la réinsertion ne peuvent nullement se substituer à une politique en la matière. «D’abord, vous ne pouvez pas cantonner un soldat si ce cantonnement n’est une partie d’un ensemble cohérent, pensé, planifié avec les moyens de mise en œuvre en place», a expliqué l’orateur. C’est pourquoi, Cheaka Abdou Touré a invité le gouvernement à se décider et à définir enfin une véritable politique de DDR, mais surtout à œuvrer à la restauration d’un Etat de droit.
Bakary SOGODOGO