Les chefs d’État et de gouvernement de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ont tenu un sommet extraordinaire sur la situation politique au Mali, le 30 mai 2021 à Accra au Ghana. Dans le communiqué final de la rencontre, les chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO ont décidé de suspendre le Mali des institutions de la CEDEAO conformément aux dispositions de la CEDEAO. Pour la CEDEAO, la « date du 27 février 2022 déjà annoncée pour l’élection présidentielle doit être absolument maintenue ».
Selon le communiqué final rendu public à la fin de la rencontre, il ressort que le Sommet extraordinaire a été convoqué pour faire le point sur la crise sociopolitique qui prévaut au Mali à la suite de l’arrestation, de la détention et des démissions subséquentes du Président et du Premier Ministre de la transition le 26 mai 2021, ainsi que pour déterminer la prochaine ligne d’action pour la transition. Après la présentation du rapport par Goodluck Ebele JONATHAN, ancien président de la République fédérale du Nigéria et envoyé spécial et médiateur de la CEDEAO au Mali, indique le communiqué de la CEDEAO, les chefs d’État ont exprimé de vives et profondes inquiétudes face à la crise actuelle au Mali qui arrive à mi-chemin de la fin de la période de transition convenue dans le contexte des défis de sécurité liés aux attaques terroristes incessantes et à la pandémie de Covid-19 avec ses conséquences socio-économiques désastreuses.
Dans ce communiqué final, les chefs d’État demandent la libération immédiate de l’ancien président et le premier ministre de la transition, assignés à résidence. Le communiqué évoque aussi que les chefs d’État condamnent fermement ce récent coup d’État qui est une violation des décisions prises lors du sommet extraordinaire tenu au Peduase Lodge, Aburi, Ghana, le 15 septembre 2020 et une violation de la Charte de transition. « Après de longues discussions sur la situation au Mali, les chefs d’État et de gouvernement ont pris les décisions suivantes : Réaffirmons l’importance et la nécessité de respecter le processus démocratique d’accession au pouvoir, conformément au Protocole de 2001 de la CEDEAO sur la démocratie et la bonne gouvernance. Ils condamnent en particulier toutes les actions qui ont conduit à l’instabilité persistante au Mali et ses conséquences dans la région; Décider de suspendre le Mali des institutions de la CEDEAO conformément aux dispositions de la CEDEAO; Demander la nomination immédiate d’un nouveau Premier ministre civil; Un nouveau gouvernement inclusif devrait être formé pour poursuivre le programme de transition; Réaffirmons la nécessité de respecter la période de transition de 18 mois décidée à Accra. Dans ce contexte, la date du 27 février 2022 déjà annoncée pour l’élection présidentielle doit être absolument maintenue. Un mécanisme de suivi sera mis en place à cet effet ; Réitèrent les décisions antérieures selon lesquelles le chef de la transition, le vice-président et le premier ministre de la transition ne devraient en aucun cas être candidats à la prochaine élection présidentielle », révèle le communiqué de la CEDEAO.
Cependant, la CEDEAO réaffirme son soutien pour accompagner le processus de transition au Mali. Elle exhorte tous les partenaires internationaux (l’Union africaine, les Nations Unies et l’Union européenne) à continuer à soutenir le Mali dans la mise en œuvre réussie de la transition. La CEDEAO félicite son Médiateur, Goodluck Jonathan, à persévérer dans ses efforts de médiation et à rester saisi de la situation au Mali à travers le Comité Local de Suivi. Par ailleurs, les chefs d’État appellent à la mise en œuvre immédiate de toutes ces décisions conformément au calendrier de transition défini.
À cette fin, ils exhortent le Médiateur à retourner au Mali dans un délai d’une semaine pour impliquer les parties prenantes sur ces décisions. Au cours de cette rencontre, les chefs d’État ont exprimé leur gratitude à Nana Addo Dankwa AKUFO-ADDO, Président de la République du Ghana et actuel Président de l’Autorité des chefs d’État et de gouvernement de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), pour la convocation de ce Sommet extraordinaire sur la situation politique au Mali et pour les moyens mis à disposition pour assurer le bon déroulement du Sommet extraordinaire.
Aguibou Sogodogo
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Coups d’Etat : le paradoxe français au Sahel
Par Charlotte Lalanne,
publié le 01/06/2021 à 15:37 , mis à jour à 18:17
Emmanuel Macron au côté de Mahamat Idriss Déby, autoproclamé chef de l’Etat tchadien à la mort de son père, le président Idriss Déby le 20 avril.
Emmanuel Macron au côté de Mahamat Idriss Déby, autoproclamé chef de l’Etat tchadien à la mort de son père, le président Idriss Déby le 20 avril. CHRISTOPHE PETIT TESSON / AFP
En un mois, deux militaires ont pris le pouvoir de force au Tchad et au Mali. Après avoir adoubé le premier, Emmanuel Macron a condamné le second… Et tente d’imposer ses lignes rouges à Bamako.
C’est à n’y plus rien comprendre. Voilà qu’Emmanuel Macron, qui adoubait hier un putschiste au Tchad, dénonce aujourd’hui un “coup d’Etat inacceptable” au Mali. Le scénario est pourtant étrangement similaire : un militaire à peine quarantenaire s’octroie les pleins pouvoirs au nom de la stabilité du pays et de l’intérêt supérieur de la Nation.
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