Elle devrait permettre d’obtenir des changements à travers des mesures concrètes, visant notamment la recherche d’options alternatives aux projets qui conduiraient aux mêmes objectifs économiques tout en réduisant les impacts sociaux et environnementaux
Pour plus de partage de ladite directive, en relation avec le développement des infrastructures hydrauliques en Afrique de l’Ouest, la Coordination nationale des usagers des ressources naturelles du Bassin du Niger au Mali (CNU-Mali) et son organisme financier ont organisé le jeudi dernier à la Maison du partenariat de Bamako, un atelier de sensibilisation et d’appropriation à l’endroit de la société civile, du grand public et des hommes des médias. C’était autour du thème : « Impact économique, environnemental et social des barrages et le partage des bénéfices qui en découlent : Quels changements sont possibles grâce à l’adoption de la directive CEDEAO, relative au développement d’infrastructures hydrauliques en Afrique de l’Ouest ».
Mohamed Gareyane de Wetlands international dans sa communication sur la problématique des grands barrages, fera comprendre que la mise en application de cette directive de la CEDEAO devrait permettre d’obtenir des changements à travers des mesures concrètes, visant notamment la recherche d’options alternatives aux projets qui conduiraient aux mêmes objectifs économiques tout en réduisant les impacts sociaux et environnementaux. A l’en croire, cette directive soutient aussi la généralisation de l’évaluation environnementale stratégique sectorielle (hydroélectricité, énergie, irrigation, etc.) ou régionale (au niveau d’un bassin). Elle prend en compte clairement les cadres juridiques et procéduraux plus robustes pour garantir le partage des bénéfices (terres agricoles, électricité, eau potable, pâturages, zones de pêche, etc.) avec la protection des droits des populations affectées. Toujours selon le représentant de Wetlands International, elle prône une plus grande transparence et une meilleure information pour renforcer la concertation et la collaboration entre les parties prenantes et en particulier la participation effective des populations affectées aux prises de décision en toute connaissance de cause.
Le président Nourédine Zakaria de la CNU, quant à lui, a fait une présentation sur quelques expériences des processus sociaux des projets de barrages en Afrique de l’Ouest. Selon lui, environ 150 grands barrages sont construits à ce jour en Afrique de l’Ouest et 40 supplémentaires sont en projet ou en cours de réalisation, principalement dans les bassins des fleuves Niger, Sénégal, Volta et Gambie. « Les évaluations économiques existantes montrent que les résultats sont mitigés » a-t-il ajouté. Il a souligné que les rendements économiques sont généralement bons pour l’énergie, mais faibles pour l’agriculture, à cause d’hypothèses de faisabilité trop optimistes dès le départ. Les effets néfastes importants et sur le long terme de ces ouvrages sur l’environnement et les sociétés locales interpellent.
Dans la même veine, Richard Lablé Sagno pilotant un projet dans ce sens, dira que la réalisation des trois ouvrages structurants sur le fleuve Niger (Fomi en Guinée, Kandadji au Niger, Taoussa au Mali) déplacera près de 150.000 personnes. De ce fait, les bouleversements sociaux qui en découlent devront être encadrés par des outils juridiques et un accompagnement social solides qui garantissent que les droits des communautés locales sur leurs terres et les ressources naturelles associées sont compensés de manière juste. « La plupart de ces ouvrages hydrauliques ont en effet un caractère transfrontalier avec des implications sur l’ensemble des territoires des bassins hydrographiques et sur les pays concernés » a révélé Richard Lablé Sagno.
Diakalia M Dembélé