La Communauté économique des Etats d’Afrique de l’ouest (CEDEAO) a tenu lundi à Abidjan la 71è session de son Conseil des ministres. Dernière de l’année en cours, la session était consacrée à l’examen des principaux programmes communautaires ainsi qu’aux questions budgétaires et institutionnelles pour l’exercice 2014.
Les travaux, dirigés par le président du Conseil des ministres, Charles Diby Koffi, le ministre ivoirien des Affaires étrangères de la Côte d’Ivoire, ont enregistré la participation du président de la Commission de la CEDEAO, Kadré Désiré Ouédraogo, et de représentants de l’ensemble des pays membres de l’organisation. La session a permis à l’institution sous-régionale d’examiner des sujets d’intérêt commun, indispensables pour conforter les progrès réalisés notamment dans la consolidation de la paix et de la sécurité dans la sous-région.
Le président du conseil des ministres s’est réjoui de l’engagement de la CEDEAO aux côtés de la Guinée Bissau dans ses efforts de sortie de crise et de rétablissement de sa stabilité. Tous ces efforts, a-t-il indiqué, marquent la réelle volonté de nos dirigeants de construire un espace de coopération dans un environnement de paix durable et de développement dans l’intérêt des populations qui aspirent plus que jamais au bien-être.
De l’avis de Charles Diby Koffi, l’organisation régionale doit mener des actions novatrices qui concourent à la création d’une véritable CEDEAO des peuples et à une intégration économique, politique et sociale réussie. Les thèmes soumis à l’examen de ce conseil englobent la paix et la sécurité, les performances économiques, les accords de partenariat et les capacités financières et budgétaires. Ils visent globalement à consolider les actions de l’organisation pour atteindre ses objectifs d’intégration économique.
Cependant, a souligné le président du Conseil des ministres, la CEDEAO doit faire face à de nombreux défis qu’elle se doit de porter et de relever. Il s’agit, entre autres, des challenges liés à la sécurité alimentaire, à la gouvernance, au changement climatique, à l’industrialisation, à l’emploi, particulièrement celui des jeunes ainsi que la question du genre. La communauté, a insisté Charles Diby Koffi, ne pourra venir à bout de ces défis que dans le cadre d’actions concertées et solidaires.
La session a permis à l’organisation d’évaluer les performances des programmes et activités spécifiques assignés par les chefs d’Etat dans tous les domaines de son champ d’activités. Cependant, a averti le président du Conseil des ministres, l’intégration régionale tant désirée doit être inclusive. « Elle doit prendre en compte les attentes légitimes de nos populations respectives et réaliser les programmes macro-économiques communautaires notamment la mise en œuvre effective du tarif extérieur commun (TEC) visant à lever toutes sortes de barrières aux échanges commerciaux et à la mobilité des personnes », a professé le ministre ivoirien des Affaires étrangères.
Ce schéma de libéralisation des échanges ne sera une réalité qu’à travers l’application stricte des règles d’origine de la CEDEAO. Autre impératif : la poursuite des efforts pour la levée des barrières non tarifaires en vue de parvenir à une nécessaire uniformisation des droits et taxes de porte et à l’instauration d’un prélèvement communautaire unique au niveau du cordon douanier de la région.
Il s’agit aussi et surtout de parvenir, à terme, à la convergence des politiques macro-économiques, laquelle passe sans délais par la création d’une deuxième zone monétaire de la CEDEAO. Au titre des réformes, le président du Conseil des ministres a annoncé l’augmentation de 9 à 15 du nombre des membres de la commission. Il faut aussi noter l’allocation des positions statutaires selon la nouvelle structure de la commission. En ce qui concerne la gestion des crises politiques, Charles Diby Koffi a mis l’accent sur la situation en Guinée Bissau.
SORTIE DEFINITIVE DE LA CRISE. Le Conseil de médiation et de sécurité réuni lors de la 43è Conférence des chefs d’Etat, avait recommandé la fin effective du processus de transition à la date du 31 décembre 2013. A cet égard, la CEDEAO fait appel au sens élevé de l’intérêt général de la classe politique et des autorités de la Guinée Bissau pour tenir les élections reportées en mars 2013, élections pour lesquelles le financement est désormais acquis.
Dans le domaine politique et économique, le président du Conseil des ministres de la CEDEAO s’est réjoui de la tenue en France du sommet sur la paix et la sécurité en Afrique. Le sommet s’est, ainsi, appesanti sur le renforcement de la coopération entre l’organisation et la France en vue d’une meilleure gestion des conflits, de la recherche dans une démarche holistique, de solutions aux fléaux nouveaux et complexes que sont le terrorisme, les trafics transfrontaliers de drogue et la piraterie maritime. Ces maux menacent la sécurité collective et handicapent nos efforts de développement.
Sur la question du partenariat économique pour le développement, une recommandation a été prise pour encourager les partenaires européens, dont la France, à accompagner l’organisation dans la conclusion des négociations sur les accords de partenariat économique avec des conditions de calendrier et de contenu plus flexible et plus favorable à notre espace économique. Ces négociations doivent prendre en compte les questions environnementales dans la construction de notre développement.
Il y a de bonnes raisons de croire davantage en l’avenir de la CEDEAO, a assuré Kadré Désiré Ouédraogo. Il a salué les efforts de l’organisation qui ont permis progressivement la stabilisation politique et sécuritaire de la région. A cet effet, le conseil s’est réjoui de l’irréversibilité de la marche vers la normalité démocratique dans notre pays. Evoquant la situation politique, le président de la Commission de la CEDEAO a donné l’assurance que la Communauté continuera à contribuer à une sortie totale et définitive de la crise.
Kadré Désiré Ouédraogo a expliqué qu’avec la mise en place effective du TEC à partir de janvier 2015, couplée à une uniformisation des droits et taxes de porte pour son application harmonieuse, un pas décisif sera franchi en faveur de la consolidation du marché commun.
Le président de la Commission a également annoncé que les présidents ghanéen, John Dramani Mahama, et nigérien, Mahamadou Issoufou, conduiront l’accélération du processus de convergence monétaire et l’exécution de la Feuille de route du programme de la monnaie unique de la CEDEAO. Ces éléments parachèveront l’intégration économique en Afrique de l’Ouest. C’est pourquoi les chefs d’Etat et de gouvernement ont exprimé leur attachement à la conclusion d’un APE (Accord de partenariat économique) régional, équitable et axé sur le développement.
Les différents points abordés au cours de cette 71è session confirment la détermination de toutes les institutions de la CEDEAO, d’améliorer son fonctionnement et de conduire efficacement la réalisation des principaux programmes communautaires. Le président de la Commission a ainsi pu expliquer que le concept de la CEDEAO des peuples est plus qu’un slogan « mobilisateur », il « inspire » et « innerve » nos actions de tous les jours et les actes de gestion.
M. A. TRAORE
Programme d’urgence d’électrification de la CEDEAO : UNE DOTATION POUR LE MALI, LA GAMBIE ET LA SIERRA LEONE
Les trois pays ont bénéficié, respectivement, de 27,1, 15,9 et 10,9 milliards Fcfa de subvention pour améliorer l’alimentation en énergie électrique
En marge des travaux de la 71è session ordinaire du Conseil des ministres de la CEDEAO qui s’est tenu lundi à Abidjan, le président de la Commission, Kadré Désiré Ouédraogo, a procédé à la signature des conventions de financement des programmes d’urgence d’alimentation en énergie électrique du Mali, de la Gambie et de la Sierra Leone. Ce programme de financement de la CEDEAO entend résoudre la crise énergétique qui perdure depuis plus d’une décennie. En effet, les déficiences des systèmes électriques sont multiples dans la région et entrainent des effets pervers sur la productivité, la compétitivité et la croissance économique.
Notre sous-région est malheureusement le théâtre de délestages fréquents d’électricité qui touchent même les principales villes et les capitales. Les besoins en énergie ne sont donc pas satisfaits sans compter les multiples conséquences négatives de ces délestages qui entrainent des pertes importantes pour l’industrie et provoquent le mécontentement populaire avec parfois des manifestations de rue.
De manière générale, l’offre de services énergétiques reste largement inférieure à la demande et le taux d’accès de nos populations à l’électricité est largement insuffisant ce qui limite le progrès social et les opportunités de développement économique. La CEDEAO a, par conséquent, décidé d’apporter son soutien à des Etats membres dans la mise en œuvre de programmes d’urgence d’alimentation en énergie électrique.
Les chefs d’Etat et de gouvernement de la communauté accordent une attention particulière à la problématique de l’électricité dans la sous-région considérée comme un élément clé du développement. C’est ainsi qu’a été lancé un programme spécial d’alimentation en énergie électrique des villes de Bissau et de Conakry.
A la suite de ces initiatives, des demandes de soutien pour la mise en œuvre de programmes spéciaux ont été soumises à la CEDEAO par notre pays, la Gambie et la Sierra Leone. Dans notre pays, les difficultés à assurer la continuité du service public de l’électricité ont été aggravées ces dernières années par la crise sécuritaire.
Ainsi, le programme spécial qui sera conduit avec un appui financier de 27,1 milliards Fcfa de la CEDEAO, comprend l’approvisionnement des groupes, le renforcement du parc de production des centres isolés. A cela, il faut ajouter la révision générale des groupes en service dans les zones qui étaient occupées par les groupes armées, la réhabilitation des réseaux et l’installation de compteurs à prépaiement.
La Gambie a déposé une demande d’assistance pour l’approvisionnement en électricité de la ville de Banjul. Cette requête indique un manque sévère d’électricité qui a un impact défavorable sur le bien-être socio-économique de la population.
Le manque d’électricité affecte également le fonctionnement approprié des services sociaux comme les centres de santé, occasionnant une augmentation de la mortalité maternelle et des maladies de la petite enfance. Il faut ajouter la baisse du taux de scolarisation, des perturbations dans la fourniture d’eau et l’assainissement. Toutes ces raisons ont convaincu la Commission de la CEDEAO de mobiliser 15,9 milliards Fcfa afin de participer à la mise en œuvre du programme d’urgence d’alimentation en énergie électrique de Banjul.
Le troisième programme qui bénéficiera d’un appui de la CEDEAO au cours de l’année 2014 est le Programme spécial d’alimentation en énergie électrique de la ville de Freetown en Sierra Leone. Ce programme consistera essentiellement à la mise à la disposition d’une subvention d’un montant 10,9 milliards Fcfa pour l’achat de combustibles, la révision des groupes électrogènes, la réhabilitation d’une partie du réseau de distribution et l’achat de compteurs à prépaiement.
Le président de la Commission de la CEDEAO explique qu’en finançant ces programmes, la communauté est persuadée que leur mise en œuvre permettra une alimentation sensible de l’offre de fourniture d’énergie électrique au Mali, en Gambie et en Serra Leone. Kadré Désiré Ouédraogo espère ainsi que dès 2015, les populations des villes concernées par ces programmes bénéficieront d’un service fiable de l’électricité ou tout au moins d’un changement positif dans la stabilité de la fourniture.
Le ministre gambien chargé d’Energie et de l’Eau, Mme Teneng Mba Vaiteh, a, au nom des pays bénéficiaires, remercié la CEDEAO pour cette aide précieuse qui permettra de relever les défis posés en matière d’électricité dans leurs pays respectifs. Cette marque d’attention de la CEDEAO pour la promotion de l’énergie électrique dans son espace prouve que l’organisation aspire au développement de la région, a t-elle estimé.
Ce programme de la CEDEAO répond également aux objectifs de l’institution sous-régionale : l’intégration et la solidarité. Mme Teneng Mba Vaiteh a promis que les trois pays bénéficiaires travailleront à une mise en œuvre rapide du programme et que des mécanismes de gestion garantiront l’utilisation judicieuse des fonds.
M. A. T
Honte à nous: nos ministres étaient absents alors que de sérieuses décisions y ont été prises! Pauvre pays.
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