Conclusions du sommet de la CEDEAO à Accra : Un pied de nez à Macron et ses valets

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Bonne fin de mois de mai pour le Colonel Assimi Goïta ! Le nouveau président de la Transition est rentré hier à Bamako tout auréolé de ce que l’on peut qualifier, sinon de compréhension de la Cedeao, du moins de fair-play de l’instance sous-régionale.

 Le sommet extraordinaire sur la situation politique nouvelle du Mali née de la mise à l’écart du Président et du Premier ministre de la Transition a vécu le dimanche, 30 mai 2021. Déjà adoubé par la Cour constitutionnelle qui l’a confirmé comme nouveau président de la Transition, le Colonel Assimi Goïta y a participé et la moisson qu’il a faite n’est pas maigre. Certes, les chefs d’État ou leurs représentants dûment mandatés ont suspendu le Mali des instances dirigeantes de la Cedeao, mais ils se sont bien abstenus d’aller au-delà de cette sanction diplomatique qui n’est que de principe.

Pourtant, parmi les dirigeants de l’espace communautaire, il y en avait bien qui nourrissent des sentiments hostiles au Mali depuis le coup d’État du 18 août 2020 qui a renversé Ibrahim Boubacar Keïta et son régime. Parmi ceux-ci, il faut citer Alassane Dramane Ouattara de la Côte d’Ivoire, mais surtout Mohamed Bazoum du Niger qui a même poussé un coup de gueule sur RFI en qualifiant les nouvelles autorités maliennes d’illégales. Mais au contraire de ces chefs d’État considérés au Mali comme les valets de l’impérialisme français, la communauté internationale dans son ensemble s’est voulue bien-pensante à l’égard de notre pays et de nos populations.

D’abord, le Conseil de sécurité de l’ONU, réuni d’urgence à l’instigation de la France et du Niger, s’était contenté d’une condamnation de principe de toute prise du pouvoir par la force, mais il n’a pas exprimé la moindre volonté de sanctions autres, ni diplomatiques, ni économiques. Il sera suivi quelques jours après par les assises de la Francophonie à Kigali, qui ont exprimé leur soutien au Mali pour se sortir de l’épreuve.

Pourtant, le président français, Emmanuel Macron, était sorti de ses gongs avant tout le monde en brandissant véhémentement des menaces de sanctions contre le Mali et des rétorsions ciblées contre les auteurs de « ce coup d’État dans un coup d’État inadmissible ». Mais après le constat de la bonne lecture faite par la communauté internationale des événements du 24 mai 2021 survenus au Mali, il a sorti une formule alambiquée à laquelle les meilleurs analystes peinent à trouver une explication intelligente : il va retirer ses troupes si le Mali va dans le sens d’un islamisme radical ! Sa formule tient de l’emporte-pièce, sans doute parce qu’il est aux abois, manifestement désespéré, car tous ses plans quant à une présence sans fin des soldats français au Mali se sont brusquement effondrés.

Les conclusions du sommet de la Cedeao tenu à Accra ce dimanche, 30 mai 2021, sonnent d’ailleurs comme un pied de nez à Emmanuel Macron. La Cedeao a été clémente contrairement aux vœux de la France. En effet, les chefs d’État suspendent le Mali des instances de la Cedeao, mais demandent la nomination immédiate d’un Premier ministre (par qui ?) alors qu’ils restent muets sur le cas de celui qui est devenu Président en laissant vacant la place de Vice-président. En plus, ils demandent aux partenaires d’aider le Mali. Ils ne condamnent donc absolument rien. Le vin est tiré, ils l’ont bu en remuant seulement la langue. Preuve qu’ils ont été convaincus que l’arrestation de Bah N’Daw et de son Premier ministre, suivie de leur démission, était bien motivée par de réels manquements au devoir au sommet de l’État et qu’il y avait même conjuration contre la Transition. La fuite du Directeur de la Sécurité d’État, Colonel-major Kassoum Goïta, toujours recherché, donne à admettre qu’une opération militaire secrète était bien pensée en complicité avec la France. Mais il appartient désormais au nouveau président de ne pas donner à la communauté internationale de regretter sa mansuétude. Au travail mon colonel !

Nouhoum DICKO

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