Les deux parties se sont séparées dimanche en queue de poisson sur la durée de la transition. Le médiateur de la Cédéao, s’est montré intraitable sur un chronogramme de douze mois rejeté
Ce nouveau cycle de négociations entre les deux parties – le premier depuis l’échec des pourparlers du mois dernier– a été relativement long. A l’issue de deux jours de discussions à huis clos dimanche, l’air plutôt tendu, le médiateur de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest, Goodluck Jonathan, ancien président du Nigéria, a ensuite pris la direction de l’aéroport international Modibo Keïta. Un membre de sa délégation en a soufflé un mot à la presse. « Nous sommes à la fin de la mission à Bamako. Si la question est « sommes-nous tombés d’accord sur une date pour la fin de la transition ? », je réponds tout de suite non »
Le différend sur la durée de la transition qui empoisonne depuis des mois les relations entre l’organisation sous régionale et le Mali qui a écopé de sanctions économiques et financières. Bamako s’est montré très flexible, en révisant è la baisse sa proposition de trente-six mois ramenés à vingt-neuf mois, puis enfin à vingt-quatre. Mais Jonathan s’est contenté de ressasser la position commune des chefs d’Etats favorable à une prolongation de douze mois. Pas un jour de plus.
Douze mois, pas plus !
Une intransigeance qui en dit sur la volonté partagé de ces décideurs de mettre sous boisseau les aspirations légitimes des forces vives du Mali à conduire des réformes politiques et institutionnelles. Dans un communiqué, « le gouvernement de la République du Mali a déploré le fait que cette proposition de la Cedeao soit essentiellement électoraliste et ne prenne pas en compte les aspirations légitimes de réformes politiques et institutionnelles exprimées par le peuple malien ». Les Assises nationales de refondation (ANR) ont fixé une fourchette de six mois à cinq ans pour la tenue des élections.
Qu’on ne se fasse guère d’illusions. Celui qui tire les ficèle se trouve bien à Paris. Il vient d’appeler la Cédéao à foncer sur le Mali, matraque levée, en édictant de nouvelles sanctions, en réaction à la suspension de Rfi et France 24 au Mali. Le ton, l’assurance prouvent encore une fois que l’institution couche dans son lit. En parlant donc de « sanctions illégitimes et illégales », le gouvernement malien n’invente pas un roman pour troubler le monde, mais exprime un affreux dégoût qui remplace l’étonnement. Macron se nourrit de fumées. Les racines du Mali sont profondément ancrées dans le sol. Elles ont résisté à des tempêtes et sont encore capables d’endurer d’autres.
Georges François Traoré