La démission du Gouverneur de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest, Philippe Henri Dacoury Tabley, est l’une des décisions majeures issues des travaux de la 15ème session ordinaire de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Uemoa.
La 15ème session ordinaire de la Conférence des chefs d’Etats et de gouvernements de l’Uemoa a entendu le Gouverneur de la Bceao sur l’application des décisions du Conseil des ministres du 23 décembre 2010 à Bissau, qui avait décidé d’octroyer la gestion des fonds de la Côte d’Ivoire aux seuls représentants du président Alassane Dramane Ouatarra. La Conférence, peut-on lire dans le communiqué final, s’est préoccupée de l’impact de la non-application effective de ces décisions sur la stabilité du système économique, financier et monétaire de l’Union. Toujours selon le même communiqué, la Conférence a pris acte de la démission du Gouverneur tout en le félicitant pour son action à la tête de l’institution sous-régionale. Ainsi, il a été demandé au président de la République de Côte d’Ivoire, Alassane Dramane Ouattara, de proposer un candidat au poste de Gouverneur au prochain sommet extraordinaire pour achever le mandat du démissionnaire. En attendant, l’intérim sera assuré par le Vice- gouverneur, Jean – Baptiste Compaoré.
Juste à la fin des travaux, le désormais ex-Gouverneur de la Banque centrale a fait une déclaration à la presse. Il a fait le point sur la mise en oeuvre des décisions prises à Bissau par le Conseil des ministres. La Bceao, dit-il, s’est toujours inscrite dans la ligne du Conseil des ministres. Conformément aux injonctions de celui-ci, la Bceao a envoyé une correspondance aux autorités légitimes afin qu’elles désignent leurs représentants au sein de l’institution. Ce qui a été fait. Cependant, souligne M. Tabley, l’administration de la banque a rencontré des difficultés dans le respect de la signature. A l’en croire, ces difficultés sont liées au climat d’insécurité qui prévaut actuellement en Côte d’Ivoire. Jusqu’à preuve du contraire, a fait savoir l’ancien patron de la Banque centrale, le pouvoir de Laurent Gbagbo maîtrise les rouages de l’administration ivoirienne, notamment les secteurs stratégiques de souveraineté.
Quel impact de ce départ sur la Bceao?
Philipe Henry Dacoury Tabley affirme avoir rendu régulièrement compte des difficultés rencontrées sur le terrain dans la mise en œuvre des décisions du Conseil des ministres. Et cela à travers l’envoi de rapports. Manifestement, l’argumentaire développé par Tabley n’a pas convaincu les chefs d’Etat et de gouvernement qui avaient demandé le limogeage pur et simple du Directeur national de la Côte d’Ivoire. Mais, se défend-il, ce dernier n’a fait que son travail avant de faire comprendre qu’il a été poussé à rendre le tablier. ‘’Face aux incompréhensions des uns et des autres qui n’ont pas saisi la réalité du terrain, j’ai rendu la démission qui m’a été demandée.’’, a-t-il martelé. Il se dit profondément attristé pour l’institution qu’il a eu à servir pendant plus de 30 ans. ‘’La politique a tendance à rentrer dans l’institution’’, regrette-t-il. Quel impact de ce départ sur la Bceao ?
Peut-être, il est un peu tôt de se prononcer sur les conséquences de ce départ précoce et inattendu du patron de la Bceao. Une seule certitude, sa démission a produit l’effet d’une douche froide sur le personnel de la banque. Car, il y a juste quelques jours, le gouverneur avait annoncé l’octroi d’un nouveau Statut applicable au personnel de la Banque Centrale. Conçu « pour motiver les agents en leur offrant une perspective de carrière appropriée et attirer et retenir au service de la Banque Centrale un personnel qui répond à des normes élevées de compétence, d’efficacité et d’intégrité.», le nouveau Statut introduit de grandes innovations consacrées dans des règlements d’application. Quel sera le sort réservé à acquis ? Espérons qu’Ado et celui qu’il aura choisi pour succéder au très estimé Tabley auront la sagesse de ne pas les remettre en cause. Nous y reviendrons.
C D et M F