L’application d’une mesure pour protéger les productions nationales de la CEDEAO semble déranger les importateurs de la pomme de terre. C’est justement pour cela qu’ils crient au scandale et estiment que la Direction générale des douanes couvre l’opérateur économique, Modibo Kéita, un grand producteur de la filière. Enquête.
Cette mesure protectionniste est conforme aux engagements contractés par la CEDEAO avec l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC). Au lieu d’accueillir avec enthousiasme et soutenir cette initiative de laCEDEAO, certains importateurs des produits agro-alimentaires trouvent matière à saboter les efforts du gouvernement, dont l’objectif est de créer les conditions d’une saine concurrence entre la production nationale et les importations pour permettre aux Maliens de vivre dignement du fruit de leurs efforts. Des sources concordantes indiquent que ce sont les importateurs de la pomme de terre qui remuent ciel et terre pour que la Direction Générale des Douanes du Mali ne respecte pas cette décision.
En effet, le simple fait que les douaniers maliens appliquent la réglementation de la CEDEAO est perçu par les importateurs de la filière comme un parti-pris. Face à la situation, le ministère de l’Economie et des finances a élaboré une note technique dans laquelle il encourage la Direction générale des douanes à poursuivre l’application de la mesure communautaire.
la note technique indique que «dans le but de protéger la production agricole et promouvoir l’agro-industrie, la CEDEAO, à travers le nouveau Tarif extérieur commun (TEC), a porté à 20 et 35% le taux du droit de douane applicable à beaucoup de produits agricoles d’origine étrangère importés dans la Communauté.
En outre, beaucoup d’efforts ont été faits au cordon douanier en vue de la maîtrise des quantités importées. Malgré ces mesures, beaucoup de produits crus, notamment les choux, les piments sont concurrencés par une importation massive de ceux d’origine étrangère. Le cas de la pomme de terre venant principalement du Maroc constitue un véritable goulot d’étranglement pour ce sous- secteur agricole. Mieux, il ressort des observations que ces mesures prises contre l’importation des produits d’origine étrangère ont permis de booster les recettes des marchandises solides des douanes qui ont dépassé pour la première fois les 30 milliards de FCFA au mois de juin passé. Mais, à en croire certaines sources, la prise de position des importateurs de la pomme de terre contre cette mesure salutaire de la CEDEAOn’est que la partie visible de la grogne. Les importateurs maliens de la pomme de terre étaient habitués à payer des tarifs dérisoires à la douane. Sur la base des fausses déclarations, ils payaient entre 300 000 et 400 000 F CFA. Du coup, toutes les marchandises classées dans cette catégorie ont un taux de taxation assez élevé pour permettre à la CEDEAO de protéger les producteurs communautaires.
Il nous revient aussi que pour contourner ce mécanisme mis en place, les importateurs déclaraient à la douane que certains produits sont destinés aux marchés des pays voisins. Il se trouve que certaines de ces marchandises se retrouvent au marché de Médine. Jugez en vous-même !
Incontestablement, Modibo Kéita est un grand producteur de la pomme de terre .Mais, il existe plusieurs petits producteurs dans la région de Sikasso, à Kati et à Koulikoro, auxquels l’état malien doit protection pour leur permettre de vivre de leur production. C’est par cette suggestion que conclut la note technique du ministère de l’Economie et des finances: «Devant la pertinente nécessité d’une maîtrise des quantités de pomme de terre importées et celle d’une meilleure évaluation afin d’augmenter les recettes pouvant y parvenir d’une part et protéger, d’autre part, contre la concurrence déloyale de notre production nationale et communautaire, il est impérieux d’inviter les structures opérationnelles à plus de vigilance et de rigueur lors des contrôles, tant documentaires que physiques, dans le cadre du dédouanement des produits crus en général et de la pomme de terre en particulier».
A T D