Il est désormais urgent que les intentions cèdent la place aux actes dans la gestion des problèmes qui minent l’Afrique de l’ouest. Une sous-région caractérisée par l’existence et la résurgence de plusieurs conflits. Or, investi ce 29 mars par ses pairs à Yamoussoukro, comme nouveau président de la conférence des Chefs d’Etats et de gouvernements de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), le Ghanéen John Dramani Mahama a dégagé, dès le lendemain de son élection, trois grandes priorités sur lesquelles vont reposer son mandat.
Des priorités qui sont entre autres : la paix et la sécurité avec la consolidation des acquis au Mali et le rétablissement de l’ordre constitutionnel en Guinée-Bissau, sans oublier la question de Boko Haram au nord du Nigéria ; la priorité à l’intégration économique des Etats, par la prospérité économique collective et la concrétisation de la monnaie unique pour la sous-région ; mais surtout sur le développement des infrastructures économiques comme notamment de la réalisation de l’autoroute Lagos-Abidjan, des infrastructures de gaz etc.
Au prime abord, un discours qui ressemble parfaitement à la langue de bois de ses prédécesseurs. Mais une organisation, désormais vieille de plus de 30 ans, peut-elle continuer, si elle se veut sérieuse, à fonctionner ainsi et ne pas sortir de sa léthargie afin de se consacrer aux vrais défis du développement économique et social de ses populations ? Certainement que non! Ainsi, la CEDEAO doit devenir dynamique sinon elle court inéluctablement un véritable danger de désintégration.
Pourtant créée en 1977 à l’origine pour favoriser la croissance économique et le développement des Etats de l’Afrique de l’ouest, la CEDEAO a très vite vu ses objectifs évoluer par le cours des évènements intervenus sur son espace territorial composé actuellement de 15 pays. Pour contribuer au maintien de la paix dans la sous-région, en 1978 : elle a été contrainte de se doter de prérogatives diplomatiques, en adoptant un pacte de non-agression entre les Etats qui la composent. Mais en 1990, avec la persistance de la guerre civile au Libéria, l’organisation sous-régionale s’est vue dans la nécessité d’imposer la paix entre les belligérants. D’où la création en son sein d’un organisme militaire pour le contrôle et l’application de cessez-le-feu : Economic Community of West African States Cease-fire (Ecomog). Lequel est devenu par la suite le bras armé de la CEDEAO.
Cependant, avec l’invasion du septentrion malien, on s’est rendu compte de la très grande fragilité de l’organisation sous-régionale. Car, on a vite compris qu’en réalité les structures de l’Ecomog n’étaient ni adaptées et ni promptes à faire face à l’armada et aux troupes d’invasion djihado-terroristes. Résultat : les envahisseurs ont marché sans rencontrer aucune résistance sur la quasi-totalité du territoire malien jusqu’au point de menacer la paix et la sécurité de l’ensemble de l’espace sous-régionale. N’eût-été l’intervention des forces extérieures, tous les Etats de la CEDEAO auraient fait les frais de l’insécurité. Alors que sans paix et sécurité, il ne saurait être question de développement économique et social.
La CEDEAO des peuples fera indéniablement le reste. C’est pourquoi la nouvelle présidence doit surtout s’atteler à circonscrire : la résurgence des rebellions Touaregs au nord du Mali et du Niger ; la question de l’intégrisme religieux dans tout le Sahel, notamment s’attaquer à la question de Boko Haram au nord Nigéria. Ce, à partir d’actes concrets. Sans cela, il est évident qu’aucun projet de développement ne peut aboutir dans l’espace CEDEAO.
On doit d’abord œuvrer à préserver la paix et la sécurité dans les faits. Après cela, la CEDEAO des peuples fera indéniablement le reste. Car, dans l’espace CEDEAO, l’interdépendance entre les peuples qui la composent ne date pas d’aujourd’hui. Et, une activation des institutions respectant les droits et intérêts des uns et des autres ne va-t-elle pas parachever l’intégration tout court ?
Par Gaoussou M. Traoré
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