Le président Assimi Goïta pose désormais ses conditions pour la libération des 46 soldats ivoiriens (incarcérés à Bamako). A Abidjan, le Conseil national de sécurité de la Côte d’Ivoire, présidé par Alassane D Ouattara, a, lors d’une réunion tenue la semaine dernière, décidé de saisir la commission de la CEDEAO au sujet de cette affaire. Cependant, l’on est en droit de se poser des questions sur cette initiative ivoirienne : Que veulent obtenir les dirigeants ivoiriens de la CEDEAO ? Une médiation ? Des pressions et/ou sanctions à l’adresse du Mali ? Au-delà, qu’est-ce que la CEDEAO peut faire concrètement dans ce contentieux opposant deux de ses pays membres ?
En effet, à l’issue d’une réunion extraordinaire le conseil de sécurité nationale, ivoirien a demandé : « la tenue dans les meilleurs délais d’une réunion extraordinaire des chefs d’État et de gouvernement de la Cedeao pour examiner la crise entre la Côte d’Ivoire et le Mali en vue d’aboutir à la libération des soldats dans les plus brefs délais ». Cette annonce a été faite dans un communiqué lu par le secrétaire général de la présidence Fidèle Sarassoro.
Cette initiative ivoirienne de saisir l’organisation sous régionale intervient après que Bamako ai exigé à la Côte d’Ivoire, l’arrestation et l’extradition de certains anciens responsables du régime d’IBK. Ceux-ci séjournent actuellement en Côte d’Ivoire alors qu’ils sont activement recherchés par la justice malienne. Il s’agit de Boubou Cissé, ancien Premier ministre, Tiéman Hubert Coulibaly, ancien ministre de la Défense et Babaly Bah, ex directeur de la Banque maliennes de solidarité (BMS-SA). Un mandat d’arrêt international a été émis contre eux en juillet 2022 par la Cour suprême dans le cadre de certains dossiers judiciaires.
Autre personne recherchée par la justice malienne, il s’agit de Karim Keïta qui vit à Abidjan depuis le renversement de son père. Son nom est cité dans le dossier sur la disparition du journaliste Birama Touré.
Cependant, les autorités ivoiriennes n’entendent pas répondre favorablement l’exécution du mandat émis par la justice malienne. D’où leur décision de se tourner vers la CEDEAO pour obtenir la libération des 36 soldats (après la libération des trois femmes) qui sont toujours détenus à Bamako. Alors qu’au même moment plusieurs médiations sont en cours entre les deux pays. Parmi elles celle du Togo avait abouti à la libération des femmes détenues. Aujourd’hui, beaucoup d’observateurs s’interrogent sur l’issue de cette affaire qui envenime les relations entre les deux pays.
Après la décision d’Abidjan de saisir la CEDEAO, la réaction de Bamako ne s’est pas fait attendre. En effet, dans un communiqué le gouvernement malien a mis en garde contre toute instrumentalisation de la CEDEAO. En clair, les autorités maliennes lancent un avertissement à des chefs d’Etats membres de cette organisation qui, ces derniers temps, ont multiplié des sanctions et autres décisions illégales contre le Mali.
En effet, la CEDEAO avait pris des sanctions « illégitime et d’illégales », en janvier 2022 contre le Mali. Des sanctions décidées en violations de toutes les règles de la communauté. Certains chefs d’État, de cette organisation sous le couvert de la préservation de l’ordre constitutionnel, ont tenté de vassaliser le peuple malien à travers certaines décisions qui étaient en réalité dictées de Paris… Et à chaque fois Alassane Ouattara a été en première ligne lors de la prise de ces sanctions contre le Mali. L’on se souvient que c’est le même Alassane Ouattara qui avait fortement incité les autres pays de la Cedeao à durcir les sanctions contre notre pays en janvier 2020.
Le président ivoirien veut-il a nouveau entraîner dans son sillage ses compagnons de la CEDEAO ? Tout porte à le croire !
Mémé Sanogo