A l’issue de son 41ème sommet : La Cédéao veut un gouvernement inclusif pour le Mali

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Vendredi dernier, les dirigeants ouest africains se sont réunis à la Fondation Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix à Yamoussoukro, capitale politique de la Côte d’Ivoire, pour les travaux du 41ème sommet ordinaire de la Conférence des chefs d’Etat et de  gouvernement de la Cédéao. Au cours de ce sommet, l’épineux dossier Mali a été passé au peigne fin. En plus de la décision de l’envoi immédiat d’une mission technique d’évaluation au Mali, pour préparer le terrain en vue de l’arrivée de la Micema (Mission de la Cédéao au Mali), le constat désolant et honteux du manque de crédibilité et de représentativité du gouvernement de Dr Cheick Modibo Diarra a été général. C’est pourquoi la Cédéao, en des termes polis, a mis le Premier ministre dans ses petits souliers en demandant à notre pays de mettre sur pied un gouvernement inclusif.

 

En plus de l’allocution d’ouverture du président en exercice de la Cédéao, Alassane Dramane Ouattara, plusieurs interventions ont été enregistrées, notamment celles de Kadré Désiré Ouédraogo, nouveau président de la Commission de la Cédéao; de M. Jean Ping, président de la Commission de l’Union africaine et de M. Saïd Djinnit, représentant spécial du secrétaire général de l’Onu en Afrique de l’ouest. L’autre temps fort de cette cérémonie d’ouverture a été la prestation de serment du secrétaire général de la Commission de la Cédéao, M. Kadré Désiré Ouédraogo, devant la présidente de la Cour communautaire, Mme Ahoua Nanan Daboya.

Après cette cérémonie d’ouverture, les chefs d’Etat et de gouvernement se sont réunis à huis clos. A ce jour, le Mali est malade et coupé en deux par des sectes militaro -religieuses qui sèment la terreur et qui en plus gagnent du terrain. Le Sud, lui, est piloté par un gouvernement  sans proéminence et mis sous la coupe réglée des putschistes. Bien malin qui sait quand le président par intérim, Pr Dioncounda Traoré,  contraint à l’exil forcé après avoir échappé de justesse à la mort,  rejoindra le pays. C’est dans ce contexte, qui se dépeint par le plus grand flou, que la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la Cédéao a rouvert le pertinent dossier Mali, vendredi dernier à Yamoussoukro.

Au même moment,  Washington avait déjà clairement déconseillé à la Cédéao  une intervention militaire dans le Nord du Mali. Aux Etats-Unis, le secrétaire d’Etat adjoint, chargé des questions africaines, Johnnie Carson, dans son avertissement, a indiqué qu’une «éventuelle reconquête du Nord serait une entreprise très lourde pour la Cédéao». Concernant le projet d’envoyer une force de 3 300 hommes au Mali, ce dernier a estimé que ce contingent devrait s’efforcer de stabiliser d’abord le sud du pays qui «n’a plus de force armée digne de ce nom» et ne pas s’aventurer dans le Nord, tout en soulignant qu’une éventuelle mission dans cette partie du pays devrait être «préparée très soigneusement et disposer de ressources en conséquence».

En un mot comme en mille, la gestion de la crise malienne reste complexe. La Conférence  décide, cependant, de l’envoi immédiat d’une mission technique d’évaluation au Mali à l’effet de préparer le terrain en vue de l’arrivée imminente de la Micema (Mission de la Cédéao au Mali. Elle a mis en en garde toute campagne visant à freiner le déploiement des troupes de la Cédéao. Elle a, par ailleurs, instruit la Commission de la Cédéao de faciliter le retour  du président intérimaire au Mali. La conférence a, une fois de plus, exprimé sa non-reconnaissance du Cnrdre, ainsi que le statut d’ancien chef d’Etat conféré au capitaine Sanogo  et a exigé le retour aux casernes des militaires.

Entre autres décisions, non moins importantes, la conférence  des chefs d’Etat et de gouvernement de la Cédéao a «réaffirmé son soutien à la transition politique en cours au Mali et exprime sa détermination pour la consolidation du gouvernement de transition avec l’appui de toutes les parties prenantes, en vue d’assurer une transition dans de bonnes conditions. Elle en appelle à l’élargissement de la base du gouvernement en vue de garantir son inclusivité». Ceci est une manière plus polie de dire à Dr Cheick Modibo Diarra que le  gouvernement sans relief qu’il pilote avec  la junte à la tour de contrôle, n’est pas représentatif et demeure peu crédible. Pour avoir fait du Mali la risée de ce 41ème sommet ordinaire de la Cédéao, par amour pour sa patrie et pour éviter de perdre le peu de crédit qu’il lui reste à la face du monde, Dr Cheick Modibo Diarra doit tout simplement rendre le tablier.

Rokia Diabaté,

envoyée spéciale  à Yamoussoukro

 

Le Mali au sein de Commission de la Cédéao

Ibrahim Bocar Ba, nouveau commissaire

Parmi les huit commissaires nouvellement nommés à la Commission de la Cédéao, se trouve notre compatriote, Dr Ibrahim Bocar Ba. Il représente le Mali au sein de ladite commission où il est chargé de  la Politique macro-économique. Ambassadeur plénipotentiaire du Mali (jusqu’à sa nomination) auprès du Royaume de Belgique, du Royaume de Pays Bas, du Grand Duché de Luxembourg, du Royaume Uni et auprès de l’Union européenne, Dr Ibrahim Bocar Ba est un économiste- financier d’une grande expérience. Ancien directeur général de la Caisse autonome d’amortissement (Dette publique), il a aussi été successivement président du Conseil d’administration de la Banque centrale du Mali et membre du Conseil d’administration de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (Bceao).

Avant ce  brillant parcours,  Dr Ba a été formé dans les plus grandes écoles d’économie et des finances, notamment le Panthéon Sorbonne (Paris), où il a obtenu un Doctorat d’études économiques supérieures en sciences économiques;  l’Université Jean Moulin de  Lyon, où  il a obtenu un autre Doctorat en économie avec mention honorable. Dr Ba est, aussi, auteur de nombreuses publications, parmi lesquelles on peut citer «les conséquences de la dévaluation du franc Cfa en 1994 sur l’économie malienne», «l’expérience monétaire du Mali», entre autres.

Rokia Diabaté

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