44ème Sommet ordinaire de la CEDEAO : Le constat d’avancées notables

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Ouverture du 44è sommet de la CEDEAO à Yamoussoukro en présence de 14 chefs d’Etat.
Ouverture du 44è sommet de la CEDEAO à Yamoussoukro en présence de 14 chefs d’Etat. (Photo APA)

La Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement a été dominée par le point des situations de sortie de crise dans notre pays et en Guinée Bissau, et la finalisation de l’Accord de partenariat économique entre l’Afrique de l’ouest et l’Union européenne

Yamoussoukro, la capitale politique de la Côte d’Ivoire a abrité les 28 et 29 mars, le 44è sommet ordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO). Quatorze chefs d’Etat (sur les 15 que compte la Communauté), dont le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta, ont pris part à ce sommet qui s’est déroulé au siège de la Fondation Félix Houphouët-Boigny. Seul le président togolais Faure Gnassingbé manquait à l’invitation.

Ce 44è sommet ordinaire de la CEDEAO a été dominé par le point des situations de sortie de crise  dans notre pays et en Guinée Bissau, et la finalisation de l’Accord de partenariat économique (APE) entre l’Afrique de l’ouest et l’Union européenne ainsi que l’élection d’un nouveau président en exercice à la tête de l’organisation sous-régionale.

Dans son discours d’ouverture, le président sortant de la Conférence des chefs d’Etat, l’Ivoirien Alassane Ouattara s’était réjoui du bilan de la CEDEAO au cours des dernières années. « A l’heure du bilan, nous pouvons être fiers de la CEDEAO qui a gagné le respect de la communauté internationale », a déclaré Alassane Ouattara en  faisant référence à la résolution de la crise malienne marquée par l’élection du président Ibrahim Boubacar Keïta à la tête de l’Etat.

« En Guinée Bissau, a poursuivi Ouattara, nous sommes en passe de rétablir l’ordre constitutionnel avec l’élection présidentielle qui aura lieu dans deux semaines (Ndlr, le 13 avril) ». Le chef de l’Etat ivoirien s’est également réjoui des avancées notables enregistrées dans le cadre des négociations sur les APE.

Le président Alassane Ouattara a fait remarquer que ce 44è sommet revêtait un caractère spécial, parce qu’il marque la fin de son mandat à la tête de l’Organisation sous-régionale et donc lui offrait par la même occasion, l’opportunité de dresser le bilan de ses actions et d’envisager en toute sérénité la mise en œuvre de l’agenda communautaire.

Faisant le résumé de ce bilan, le président ivoirien s’est réjoui des « avancées notables » réalisées dans bien de domaines de la vie de l’organisation commune et de la défense des intérêts de ses peuples. Ce qui a permis à la Communauté de gagner le respect de la communauté internationale.

LE TEC A PARTIR DU 1ER JANVIER 2015. Au plan politique, la région ouest-africaine a su tout au long de ces deux dernières années, renforcer la démocratie, l’Etat de droit et faire face aux menaces contre la paix et la sécurité notamment au Mali et en Guinée- Bissau. Pour le président Ouattara, l’élection du présent Ibrahim Boubacar Keïta le 11 août 2013, ainsi que l’organisation des prochaines élections (présidentielle et législatives) en Guinée- Bissau le 13 avril prochain témoignent du succès politique de la CEDEAO.

Dans le domaine économique, Alassane Ouattara a noté également les importants progrès réalisés, en particulier en ce qui concerne l’harmonisation des politiques économiques et financières ainsi que la réalisation de l’Union douanière. Ce qui a permis d’aboutir à l’adoption du Tarif extérieur commun (TEC) qui sera mis en place à partir du 1er janvier 2015.

Au regard de toutes ces avancées, le président en exercice sortant de l’organisation ouest-africaine estime qu’une nouvelle ère s’ouvre pour celle-ci. Une nouvelle ère porteuse de plus de démocratie, de croissance et de progrès. Cette période, a-t-il indiqué, sera marquée par la libre circulation des personnes et des biens, ainsi que la marche irréversible vers la monnaie unique. Sans oublier les grands projets d’interconnexion d’infrastructures routières, ferroviaires et énergétiques.

Le chef de l’Etat ivoirien a aussi salué les réformes institutionnelles opérées au sein de la CEDEAO au cours de son mandat notamment au niveau du nombre des membres de la Commission qui est passé de 9 à 15. Pour lui, les perspectives sont encore prometteuses avec la vision 2020 de la CEDEAO qui est de passer de la CEDEAO des Etats à une communauté des peuples sera une réalité ; même si plusieurs défis restent encore à relever dont celui de la sécurité dans la sous- région.

A la suite du président en exercice sortant de la CEDEAO, Kadré Désiré Ouédraogo, Said Djinnit et le major Pierre Buyoya, respectivement, président de la Commission de la CEDEAO, représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et représentant spécial de la présidente de la Commission de l’Union africaine, sont intervenus pour rendre un hommage mérité au président Alassane Ouattara pour ses actions à la tête de l’organisation sous-régionale au cours de ses deux mandats. Ils ont salué sa vision, son engagement et son leadership.

Par ailleurs le président de la République Ibrahim Boubacar Keïta a au nom du peuple et du gouvernement maliens a décoré les présidents Alassane Ouattara (Côte D’Ivoire Blaise Compaoré (Burkina Faso), Goodluck Jonathan (Nigeria), Boni Yayi (Bénin), Idriss Déby Itno (Tchad) et le président de la Commission Kadré Désiré Ouédraogo pour leur contribution exceptionnelle au dénouement de la crise dans notre pays..

Plusieurs personnalités militaires et civiles qui se sont investies dans la résolution de la  crise malienne ont également reçu des distinctions. Ainsi, la médaille de la Valeur militaire a été décernée au général Soumaïla Bakayoko, chef d’état-major général des armées de Côte d’Ivoire et président du Comité des chefs d’état-major de la CEDEAO. Tout comme au général nigérian Shehu Usman Abdulkadir, commandant de la Mission internationale de soutien au Mali (Misma) qui a par la suite été intégrée à la Minusma.

Le général nigérien Yayé Garba, ancien commandant en second de la Misma, retrouvé mort en mai 2013 dans la chambre de la résidence de Bamako a reçu à titre posthume la même médaille.

HOMMAGE AU PRESIDENT OUATTARA.Dans non intervention au sommet, Pierre Buyoya, le chef de la Mission de l’Union africaine (UA) pour le Mali et le Sahel (MISAHEL), représentant la présidente de la Commission de l’UA, a adressé ses félicitations au gouvernement et au peuple malien pour les progrès remarquables accomplis en à peine un an. Pierre Buyoya a en même temps appelé « à aller de l’avant, notamment avec le lancement des pourparlers inclusifs».

Parmi les progrès enregistrés par notre pays, l’ancien président burundais a cité les efforts faits pour la réconciliation nationale, à travers notamment des consultations populaires dans le pays et les actions préliminaires et préparatoires au lancement des pourparlers inclusifs ainsi que les mesures de confiance, comme la libération de prisonniers identifiés par les mouvements armés et la levée des mandats d’arrêt frappant certains leaders de mouvements armés.

Après la cérémonie d’ouverture,  les chefs d’Etat se sont retrouvés pour une séance à huis clos avec six points à l’ordre du jour : le rapport annuel du président de la Commission de la CEDEAO, celui de la 71è session du Conseil des ministres, les rapports de la 12è et 13è sessions extraordinaires du Conseil des ministres ainsi que le rapport de la 31è réunion du Conseil de médiation et de sécurité de la Communauté, la situation en Guinée Bissau

Au terme du sommet, le président du Ghana, John Dramani Mahama a été élu président de la CEDEAO. Celui-ci a rendu un vibrant hommage à son prédécesseur pour le leadership dont il a fait montre au cours de ces deux dernières années, permettant à la sous-région de franchir des pas importants dans plusieurs chantiers, notamment sur la conclusion d’un accord de partenariat économique avec l’Union européenne ou sur les crises malienne et bissau-guinéenne.

Le chef de l’Etat ghanéen a dévoilé les grandes lignes de la feuille de route qu’il entend suivre, en indiquant qu’il mettra un accent particulier sur trois points : la paix et la sécurité, l’intégration régionale, le développement et la réhabilitation des infrastructures régionales. Il a requis le soutien et les conseils de ses pairs pour l’accomplissement réussi de sa mission.

Auparavant, les chefs d’Etat et de gouvernement avaient, dans une motion lue en leur nom par le président  de la République, Ibrahim Boubacar Keita, rendu un hommage bien appuyé à Alassane Ouattara pour «les réalisations remarquables obtenues dans le processus d’intégration économique et de stabilisation politique en Afrique de l’Ouest sous son mandat et leadership de notre organisation régionale bien-aimée, la CEDEAO».

Envoyé spécial

A. DIARRA

 

 

LES GRANDES DECISIONS DE YAMOUSSOUKRO

Dans le communiqué final lu par le président de la Commission, le Burkinabé Kadré Désiré Ouédraogo, les chefs d’Etats et de gouvernement se félicitent des progrès réalisés par notre pays sur la voie de la réconciliation, notamment de la signature du mode opératoire sur le cantonnement des groupes armés et exhortent toutes les parties prenantes de l’Accord préliminaire de Ouagadougou à assurer sa totale mise en œuvre.

À cet égard, ils réitèrent leur appel à tous les groupes non étatiques au Mali pour qu’ils déposent leurs armes, se soumettent au cantonnement et participent à la recherche d’un règlement pacifique des différends, dans le cadre du dialogue.

La Conférence encourage le gouvernement à assurer la pleine responsabilité de la tenue du dialogue inclusif inter-malien devant favoriser la réconciliation nationale avec l’appui de la CEDEAO et de la communauté internationale, et à en diligenter les préparatifs.

Le Sommet félicite le président Ibrahim Boubacar Keïta et le gouvernement pour les efforts engagés en vue de la préservation de l’intégrité territoriale et de l’unité du Mali, de la reconstruction nationale, de la promotion de la bonne gouvernance, de l’Etat de droit et du respect des droits humains dans le pays. Le Sommet encourage le gouvernement à poursuivre la lutte contre l’impunité, les violations graves des droits humaines ainsi que la corruption, dans le strict respect de l’Etat de droit. La Conférence entérine les conclusions du Conseil des ministres sur la revue à posteriori des initiatives et des réponses de la CEDEAO à la crise multidimensionnelle.

Les chefs d’Etat et du gouvernement ont renouvelé leur confiance au président  Blaise Compaoré, président du Faso comme médiateur de la CEDEAO au Mali et à Good Luck Jonathan, président de la République Fédérale du Nigéria comme médiateur associé.

Pour ce qui est de la Guinée Bissau, les candidats aux élections à venir dans ce pays et leurs sympathisants sont invités à s’abstenir des actes de provocation ou d’incitation à la violence et à recourir exclusivement à des moyens pacifiques et légaux pour résoudre tout contentieux.

La Conférence des chefs d’État et de gouvernement met en garde les acteurs politiques et les militaires de la Guinée-Bissau. « Les chefs d’État et de gouvernement mettent en garde les membres des forces de défense et de sécurité ainsi que tous les acteurs politiques en Guinée Bissau contre tout acte de nature à perturber le bon déroulement du processus électoral », indique le communiqué final.

Le Sommet a également exhorté l’Union africaine et le reste de la communauté internationale à accélérer la levée des sanctions contre la Guinée Bissau. Et les exhorte à joindre leurs efforts à ceux de la CEDEAO pour faciliter l’adoption et la mise en œuvre d’un programme consensuel postélectoral, visant la réforme structurelle des institutions du pays et des processus en vigueur. Les chefs d’Etat et de gouvernement ont par ailleurs décidé de prolonger la période de la transition dans ce pays jusqu’à l’investiture des nouvelles autorités légitimes issues des élections.

Au titre de l’Accord de partenariat économique (APE), les chefs d’Etats et de gouvernement réaffirment leur ferme engagement en faveur de la l’intégration régionale. La Conférence salut l’approche participative consensuelle et constructive qui a prévalu au sein de la région Afrique de l’Ouest et qui a permis la finalisation des négociations de l’Accord de partenariat économique avec l’Union européenne.

La Conférence a validé les conclusions de l’Accord dans le principe. Elle note cependant qu’il reste quelques questions techniques à résoudre. À cet effet, la conférence a demandé aux négociateurs en chef de prendre les mesures nécessaires, dans un délai de deux mois, en vue de trouver une solution aux questions soulevées par certains Etats membres, notamment le Nigéria avant la signature de l’Accord.

Un comité technique incluant des représentants du Ghana, du Sénégal et de la Côte d’Ivoire a été mis en place pour examiner ces questions et soumettre leurs conclusions aux chefs d’Etats et de gouvernement.

Le Sommet a demandé au président de la Commission de la CEDEAO en collaboration avec son homologue de l’UEMOA (Union économique et monétaire ouest-africaine) d’entrer en négociation avec la Mauritanie en vue de conclure un accord avec ce pays du fait de son appartenance à la configuration géographique des négociations.

Le prochain sommet est prévu à Abuja au Nigeria.

A. D.

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