Association des Municipalités du Mali : Après l'épilogue de la guerre fratricide entre Boubacar Bah Bill et Abdel Kader Sidibé : Qui de l'URD ou du PDES va briguer la présidence de l'AMM ?

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Après le verdict du Tribunal Administratif annulant l’élection du bureau de Bill, ne faudrait-il pas, maintenant, un troisième larron d’un autre parti pour présider l’Association, à la place de Boubacar Bah dit Bill qui a, certes,  interjeté appel auprès de la Cour suprême ? 

 Depuis dix ans qu’elle existe, c’est la toute première fois que l’Association des municipalités du Mali (AMM), créée en novembre 2000,  fait face à une véritable crise interne qui, si elle n’est pas jugulée, risque de compromettre sérieusement sa crédibilité tant auprès des collectivités, elles-mêmes, qu’auprès des partenaires techniques et financiers. Alors que son existence est d’une réelle pertinence. En effet, l’AMM a pour but de participer à la sauvegarde de la libre administration des collectivités territoriales et à l’approfondissement de la démocratie locale. Elle est laïque et apolitique. De 2000 à 2004, elle a été présidée par Ibrahima N’Diaye, ancien maire du District de Bamako, actuel ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle. Durant ce mandat, Abdel Kader Sidibé en était le secrétaire général. Avant qu’il ne soit, lui-même, élu président pour la période 2004 à 2009. Mais c’est en avril 2010, que le bureau a  été renouvelé avec tout le bruit et toutes les contestations qui ont accompagné cette élection. Quand le Comité exécutif de l’Adema-Pasj, majoritaire à l’AMM, a cru bon de ne pas reconduire Abdel Kader Sidibé, pourtant méritant, pour jeter son dévolu sur Boubacar Bah Bill. Pour mieux préparer cette succession à haut risque, notamment pour la stabilité de la ruche, l’Adema s’est adjugé le soutien de plusieurs partis politiques, du Mouvement citoyen et des groupements d’indépendants autour d’un document intitulé : " Donnons un nouvel élan à l’AMM ". Dans ledit document, élaboré en janvier 2010, les parties signataires, parmi lesquelles l’Adema-PASJ, l’URD, le CNID-FYT, la Codem, le RPM, la CDS, le Mouvement citoyen, le PARENA, le BDIA-FJ, le MPR, le PIDS,…se sont engagés " à faire un bureau consensuel, élaborer un programme commun et mener une campagne électorale commune en vue de la mise en place d’un Bureau exécutif de large ouverture et des bureaux consensuels au niveau des cercles et régions ". Comme on le voit, tout avait été minutieusement préparé afin que Abdel Kader Sidibé, qui dirigeait le bureau sortant et avait exprimé le souhait de rempiler, n’ait aucune chance de voir son rêve se réaliser. Face au refus du maire de la Commune III de se désister, l’Adema et ses partenaires ont mené une véritable campagne, avec de gros moyens, en faveur de Bill. Elle enregistra, en dépit d’une débauche d’argent, des résultats plus que mitigés : en effet, le bureau élu lors du congrès de l’Association, le 16 mai 2010, fut attaqué pour irrégularités par le président sortant. Et quelque deux mois après cette saisine, le Tribunal administratif allait donner raison à Abdel Kader Sidibé. Le bureau présidé par Bill se pourvoit en cassation. Voilà comment l’AMM s’est enlisée suite à cette guéguerre ademo-adema dans laquelle les autres partis et mouvements se sont retrouvés comme des victimes expiatoires.

L’Adema disqualifié

Selon de nombreux observateurs, la crise de l’AMM a atteint, aujourd’hui, un point de non retour. C’est désormais une guerre totale à laquelle se livrent les différents protagonistes. Et quelle que soit la décision de la Cour suprême, la crise ne connaîtra un vrai épilogue qu’avec l’implication effective des autres partis dans la recherche d’une solution pérenne, allant dans le sens de l’apaisement. Si Abdel Kader Sidibé, dans l’attente du verdict de la Cour suprême, a jeté l’ancre, il n’a, pour autant, pas jeté l’éponge. De son côté, Boubacar Bah Bill, en dépit de la déconvenue judiciaire que son bureau vient d’essuyer, ne s’avère pas, pour autant, vaincu. Raison pour laquelle, il a pris son bâton de pèlerin pour aller à la rencontre des maires à l’intérieur du pays. Dans le but, certainement, de préparer les esprits à une longue bataille judiciaire.

Du côté de la ruche, les conseillers de ce parti en Commune III, avec l’appui de leurs collègues des partis signataires, ont rejeté, pour la deuxième fois, le compte administratif présenté par le maire de la Commune III. Ne pouvant donc couper sa tête d’une traite, les adversaires de Abdel Kader Sidibé s’attèlent, maintenant, à chercher des poux sur son crâne. En lui coupant l’herbe sous les pieds en vue de l’isoler de sa base et de le retenir loin de ses arrières. Réussiront-ils à le confiner dans un trou à rats afin de l’abattre politiquement ? Tel semble être, en tout cas, l’entreprise de démolition tramée contre l’ancien président de l’AMM qui n’a, pourtant, pas encore désarmé ni dit son dernier mot.

Un maire populaire lâché par son parti

Les partisans du maire Abdel Kader Sidibé ne comprennent toujours pas pourquoi une telle hargne des forces coalisées contre un maire qui est, quand même, à son troisième mandat. Un véritable record dans une capitale où la fonction de maire est loin d’être une sinécure, avec un électorat, certes, exigeant mais très volatile. Ils sont également très nombreux les maires, de divers bords politiques, qui évoquent, sans même se faire prier, le travail abattu par l’ancien président de l’AMM dans la consolidation des acquis de l’association, la bonne gestion des municipalités et la promotion de la coopération décentralisée. En commune III du District de Bamako, des citoyens ne tarissent pas d’éloges parlant des qualités humaines de cet homme d’action qui est apprécié tant par sa sociabilité que par le fait qu’il se bat, au quotidien, pour le développement tous azimuts de sa commune. Son exclusion de l’Adema-PASJ, suite au maintien de sa candidature contre celle de Bill, a laissé plus d’un observateur pantois et des milliers de militants de la ruche dans l’expectative. Ceux-ci se demandent comment les démons de la division ont pu pénétrer dans la ruche avec une si farouche volonté d’en déloger l’un des maires les plus populaires du District voire du Mali. L’histoire du rejet du compte administratif de sa mairie est, à leurs yeux, la résultante de la position de principe qu’il a affichée en dénonçant notamment les irrégularités qui ont entaché l’élection du bureau conduit par Bill. D’où cette cabale ourdie à la base, par ses adversaires, dans le but de l’envoyer à ses chères études. Avec tout le risque que cela pourrait avoir sur le destin, même, de l’Adema-PASJ en Commune III et dans l’ensemble du pays. Car, cette crise au sein du bureau de l’AMM, au départ ademo-adema, a pris depuis une dimension nationale, avec tous les principaux partis impliqués.

Un troisième larron : l’URD ou le PDES

Une éventuelle sortie de crise n’est donc envisageable qu’avec le concours de tous les partis et mouvement signataires de la " Déclaration commune pour une gestion consensuelle de l’AMM " du 21 janvier 2010. La victoire du camp de Bill est comme une victoire à la Pyrrhus. Elle est loin d’être une solution susceptible de  ramener la confiance, l’entente et la bonne compréhension au sein de l’AMM. Au contraire, cette situation la fragilise auprès de ses partenaires sans l’apport desquels l’association ne vivra que de miettes. Il revient, maintenant, aux autres partis de s’impliquer dans la recherche d’une solution durable et consensuelle. En s’interposant dans la gestion unilatérale de l’Adema-PASJ, où la crise a pris racine avant de se propager.

Après le verdict du Tribunal Administratif, les partis politiques, dans le but de préserver la cohésion au sein de l’AMM, ne doivent-ils pas, maintenant, chercher un troisième homme ou une dame pour présider aux destinées de l’AMM ? Car, un bureau, en l’occurrence celui de Bill, qui vient d’essuyer un camouflet, pourra difficilement sortir la tête de l’eau. A fortiori prétendre travailler dans l’intérêt collectif de l’ensemble des municipalités du Mali.

De ce fait, Bill et son bureau désavoués ne doivent-ils pas se barrer ? Non pas qu’ils sont incapables. Que nenni ! Mais à cause précisément des irrégularités constatées lors de leur élection. Si, toutefois, les uns et les autres prétendent œuvrer pour l’intérêt collectif, ils doivent accepter de payer cash cette présumée tentative de fraude. C’est cela aussi la démocratie. Il appartiendra aux quatorze partis, devenus quinze avec la création du PDES, de penser, réellement, à une sortie de crise honorable pour les maires des 703 communes plus celui du District de Bamako qui composent l’AMM. Cela passe par un troisième larron qui pourrait venir soit de l’URD, deuxième force, ou du PDES, troisième force sur l’échiquier politique national.

En tout cas, la fuite en avant, pratiquée par la ruche dans cette crise ademo-adema, n’est pas la meilleure solution. Certainement le temps est venu d’en tirer toutes les leçons. 

Mamadou FOFANA

Chroniqueur politique

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