Dans cet entretien exclusif, M. Sadou Harouna Diallo, l’Indépendant qui a quitté la ruche quelques jours seulement avant les municipales, en appelle à la sagesse de ses camarades qui ont soutenu M. Abdel Kader Sidibé, non moins Maire de la Commune III. Ce cadre ADEMA qui sait dans quelle condition a-t-il élue ? Mieux, ce « bête politique » déconseille au Comité Directeur de l’ADEMA PASJ de ne pas sanctionner les « récalcitrants » menés par l’infortuné Abdel Kader Sidibé, qui risque d’avoir d’énormes conséquences sur la stabilité du parti. Et sur la réforme Constitutionnelle qui fait l’actualité, le Premier Magistrat de Gao la trouve bonne, logique. Il va même à affirmer que la présente réforme constitutionnelle prouve la maturité de notre démocratie. Entretien.
Mali Demain : Quels enseignements avez-vous tirés de l’élection du Président de l’Association des Municipalités du Mali (AMM) ?
M. Sadou H. Diallo : L’élection qui vient de se dérouler la semaine dernière (le 16 mai dernier), n’est pas à l’image de notre démocratie actuelle. Et pour cause, notre modèle démocratique est cité en exemple dans la sous région. Mieux, ce n’est pas un hasard que nous nous acheminons vers la décentralisation qui voit 703 Communes qui fonctionnent. Ceci n’est pas un hasard. Et nous devons remercier Dieu et les pouvoirs publics de notre pays. C’est pour cela que nous sommes beaucoup en avance sur les autres pays de notre sous région.
Mais à vrai dire, l’élection du 16 mai dernier, je ne l’ai pas apprécié dans la forme même si les textes disent que le vote peut être « à bulletin secret » ou bien « à main levée ». Et l’élection à main levée à mon avis nous rappelle le parti unique. Aujourd’hui, nous sommes dans un pays où les hommes et les femmes se respectent et où aussi le cousinage nous oblige à nous respecter les uns, des autres.
« Je n’ai rien contre cet homme mais, il n’est pas mon candidat »
Cela me fait mal que Bill sache que je n’ai pas levée ma main pour lui. Je n’ai rien contre cet homme mais, il n’est pas mon candidat. Vous savez, le vote à main levée brise l’amour que nous avons les uns pour les autres. C’est pour cela que je n’ai aimé ce mode de vote. Mieux, le vote démocratique dans les urnes était le mieux indiqué. Comme cela, le meilleur gagnera. Et le choix des hommes sortira de ce genre de vote. Mais ce qui s’est passé le 16 mai dernier, devait nous amener à mettre le Mali au-dessus de nos intérêts personnels.
« Laissons ce bureau fonctionner »
Mali Demain : C’est-à-dire ?
M. Sadou H. Diallo : Il s’est passé une élection. Je veux que mes camarades et moi qui n’étions pas d’accord avec l’élection de Boubacar Bah dit Bill dans les conditions que j’ai cité plus haut, j’interpelle tout le monde, tous les maires du Mali à être Faire play afin de sauver notre démocratie ainsi que notre décentralisation qui a pris un bon en avant. Cela pour l’honneur de notre pays, nous devons être Fair play lors que l’on sait que Bill et ses amis ont pris le soin quand même de faire intégrer certains de nos camarades dans le nouveau bureau de l’AMM sans leur avis. Cela a son importance. Pour ce qui précède, je respecte ce bureau car, en prenant soin d’intégrer les Maires de Mopti, de la Commune VI du District de Bamako, de Pélengana, une femme très connue, ce sera une faiblesse de demander à nos camarades de démissionner de ce bureau. Au contraire, je demande à nos camarades de continuer le processus avec le nouveau Président et son équipe. De toutes les façons, il faut savoir que nous sommes en démocratie qui recommande le fair play. Et ce n’est pas la peine que nous nous traînions en Justice. Ce qui sans nul doute, ternira l’image de notre association et de notre pays. Laissons ce bureau fonctionner. Si le Président que nous n’avons pas voulu se montre efficace, le temps nous donnera tord. Et si c’est le contraire qui se produit, le temps nous donnera raison. M. Boubacar Bah dit Bill a été élu pour cinq ans. Si durant ce mandant, il se montre incapable, nous (les 703 maires) le déposerons à travers la même Assemblée Générale. Cette élection à la présidence de l’AMM n’est pas comme celles du Président de la République, ni du Président de l’Assemblée Nationale ou de celui du Haut Conseil des Collectivités. Il s’agit d’une élection d’association qui à travers une majorité a élu son président et pourra en cas de déception, le déposer. En tant que Premiers Magistrats de nos Communes respectives, Officiers de Police Judiciaires que nous sommes, devons être responsables et montrer le bon exemple. Nous devons éviter de créer d’autres associations diriger par des hommes. Je désavoue la manière dont Bill a été élu. Donnons-lui une chance. Il est vrai que j’avais ma place de l’autre côté, mais je ne suis pas un homme qui trahit. C’est pour cela que j’ai voté pour Abdel Kader Sidibé. Et puisque Dieu a décidé autrement, nous devons baisser les bras et être fair play. Nous devons tenir compte que de l’intérêt supérieur de notre association et du Mali.
« Il est vrai que les partis politiques se sont mêlés d’une élection qui est apolitique. Mais cela n’est pas une raison pour ne pas respecter la discipline au sein de nos formations politiques ».
Mali Demain : Comment comptez-vous convaincre vos camarades à renoncer à la création d’un second bureau parallèle ?
M. Sadou H. Diallo : J’interpelle mes camarades à baisser les bras et être fair play. Il est vrai que je ne suis pas content. Mais je me suis dis qu’en politique, il faut toujours un gagnant et un perdant qui doit savoir accepter sa défaite. Mais il faut savoir que même si nous étions majoritaires, nous sommes des individus contre des partis politiques. Cela est très important à savoir. Nous sommes issus de ces partis. D’ailleurs un adage Songhaï dit ceci : « Si ton Père te terrasse, tu mœurs. Et si tu le terrasse, tu te casses ». Il est vrai que les partis politiques se sont mêlés d’une élection qui est apolitique. Mais cela n’est pas une raison pour en pas respecter la discipline au sein de nos formations politiques parce que lorsque dans un parti politique ou dans l’Armée, il n y a pas de discipline, il n y aura pas de progrès. C’est fort de tout cela que je demande à mes camarades de mettre un peu d’eau dans leur vain. Donnons la chance à ce premier bureau de 75 personnes de prouver ce dont il est capable.
« … il y a des divisions qui pourraient carrément détruire le parti »
Mali Demain : Ne craignez-vous pas des sanctions contre vos camarades de l’ADEMA qui ont désobéit aux mots d’ordres du CE ?
M. Sadou H. Diallo : J’ai beaucoup de respect pour l’ADEMA pour avoir longtemps milité là-bas durant quelques années. Et j’avoue que c’est le plus grand parti africain, sinon le deuxième après l’ANC, c’est un parti que je respecte. J’espère que le temps donnera aux responsables de l’ADEMA de ne pas arriver aux sanctions de ces camarades. Il faut reconnaître que nos camarades sont de fortes personnalités au sein du parti. Il est vrai que l’ADEMA peut être divisé en plusieurs morceaux et demeure toujours fort. C’est cela qui fait sa particularité. Mais il y a des divisions qui pourraient carrément détruire le parti. Surtout qu’ici il s‘agit de la base. Je ne suis pas un grand politicien mais les divisions à la base sont très dangereuses. Par exemple lorsque el Chef se fâche et s‘en va, ce n’est pas grave. Mais lorsque la base se fâche, ceci est mauvais. Pour moi la base, ce sont les maires. Un maire pour tout un parti est la base. C’est l’institution la plus solide. Et celui qui la gère doit être respecté. J’en appelle les partis d’être indulgents à l’égard de nos camarades qui sont quoi qu’on dise ou fasse sont les racines des partis politiques.
la réforme Constitutionnelle ?
« Elle confirme la maturité de notre démocratie, son évolution positive ».
M. Sadou H. Diallo : C’est logique. C’est normal. Elle confirme la maturité de notre démocratie, son évolution positive. Vous savez d’année en année, les choses évoluent. Surtout dans le domaine politique. Je veux dire de la démocratie. Nous devons évoluer aussi. Car le monde évolue à, une vitesse que d’aucuns qualifient d’hallucinantes. Selon un chanteur ivoirien : « Seuls les imbéciles ne changent pas ». Nous sommes obligés de changer avec le monde sinon, le changement ne sera pas au rendez-vous. La réforme constitutionnelle est une bonne chose. Nos compatriotes doivent l’adopter avec « Oui ». En tout cas, je fais partie des gens qui apprécient cette réforme parce qu’elle reflète que notre démocratie évolue.
Mali demain : Vous n’êtes pas sans le savoir que cette nouvelle réforme constitutionnelle est déjà décriée par des citoyens puisqu’il y a des obstacles ( par exemple article 31) empêchant certains compatriotes de briguer la magistrature suprême. Que dites-vous ?
M. Sadou H. Diallo : Je suis profane en la matière. Mais si on me demande de faire un choix, je n’irai pas la chercher hors de ma famille. Et ceux qui boudent cette réforme ont tord car, on ne peut pas aller chercher son Chef en dehors de sa propre famille. Et lorsqu’on va chercher son Chef outre que sa famille, cela veut dire qu’il n y a pas de changement.
« Pour bien construire, tout forme d’élection doit se faire dans les urnes ».
Mali Demain : Quel appel avez-vous à lancer par rapport à cette réforme constitutionnelle ?
M. Sadou H. Diallo : Cette réforme me satisfait. Aussi en guise de rappel, je dis que « seuls les imbéciles ne changent pas » puisque nous sommes dans une mondialisation accélérée. Mieux, nous sommes en démocratie. Donc la réforme est normale.
Enfin, je rappelle que par rapport à l’AMM, la révision des statuts s’impose. Et pour cause, les élections se font dans les urnes et non à main levée qui doit être supprimé. Il faut dire l’élection à main levée crée des divisions, des rancoeurs, les ravive. Pour bien construire, tout forme d’élection doit se faire dans les urnes.
Propos recueillis par Bokari Dicko