YBrahima Barry, Maître Artisan au « Festival Théâtre des réalités » : « Avec la crise, l’artisanat et le tourisme malien sont tombés dans un puits »

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Depuis quelques décennies, la Mali se distingue  de plus en plus par la diversité des festivals organisés chaque année à travers tout le pays (Festival sur le Niger, Essakane, Festi-cauris, Festival Théâtres des réalités etc.). Au cœur de ces grandes manifestations culturelles, figure en bonne place, l’artisanat et le tourisme. Alors que l’insécurité résiduelle avait fini par réduire en peau de chagrin l’activité au nord du pays, la crise politico-sécuritaire de 2012 est venue sonner le glas d’un secteur qui était déjà mal en point. Au «Festival Théâtre des réalités» à Sikasso, Ybrahima Barry, Maître artisan,  et conférencier a profité de l’occasion pour mettre le doigt dans la plaie. Selon lui, avec la crise, l’artisanat est tombé dans un puits dont les acteurs ignorent encore la profondeur. 

«Il n’est pas un voyageur qui n’ait pas pu s’étonner de la ferveur de l’artisanat au Mali. Des tissus réalisés par bandes qui, assemblées les unes aux autres constituent des nappes ou des dessus de lits avec des méthodes de teinture qui magnifient les couleurs ocres et bleues. Les bijoux ne sont pas en reste et redoublent d’ingéniosité. Les artisans maliens, il serait même plus juste de dire les artistes maliens car bien souvent les pièces qu’ils fabriquent sont uniques, se trouvent dans tous les objets usuelles de la vie courante», disait un touriste européen  à l’issue de sa visite au Mali. Malgré ce génie reconnu et confirmé de nos artisans, forcer est de constater que la vie des acteurs du secteur est loin d’être rose. A l’origine de cette situation les crises cyclique du nord et son corollaire d’insécurité qui ont fini par prendre le dessus sur la curiosité des touristes étrangers. Pour Ybrahima Barry, la destination «Mali» se vendait bien avant la crise par les agences de voyage de la sous-région et les représentations diplomatiques. Il situe la période de grâce dans les années 80 où on avait des activités importantes comme le Rallye Paris Dakar passant par l’Algérie, la Mauritanie, le Mali etc. A cette époque, un tourisme pouvait prendre son approvisionnement dans son véhicule pour traverser tout le Sahara et vendre le véhicule à Dakar pour rentrer sans souci. «Quel bonheur pour les guides, artisans, restaurateurs et les hôteliers à l’époque», soupire Mr Barry. Mais après la crise, Ybrahima Barry, tout comme la plupart des acteurs du secteur, constatent avec regret que c’est les marchands d’armes, d’otages,  et les trafiquants de tout genre qui  ont pris leur place. « Le Pays est divisé, son tourisme et artisanat sacrifié pour le bonheur du business militaire », dénonce-t-il. Pour relancer le secteur, le conférencier propose, à la fois, des solutions politiques économiques et sociales. Il s’agit, selon lui de négocier ce qui est réalisable avec les partenaires, c’est-à-dire les accords signés. De mettre le nationalisme de côté et de regarder dans la même direction que les partenaires techniques. Sur le plan social, il réclame, une justice sociale, blâme la corruption et prône la bonne gouvernance dans le secteur.

Abdoulaye Ouattara, Envoyé Spécial 

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