Crépissage de la mosquée de Djingareyber : les communautés perpétuent leurs traditions ancestrales.

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Tombouctou : les communautés organisent l’entretien de leur patrimoine culturel
crépissage de la mosquée Djingareyber

Le 19 février 2017 fut un jour spécial pour les communautés de Tombouctou, à l’occasion du crépissage de la mosquée de Djingareyber, la plus grande mosquée de Tombouctou, inscrite sur la liste du Patrimoine mondial de l’UNESCO. La cérémonie ne s’était pas déroulée depuis 2013, car la mosquée avait fait l’objet de travaux de réhabilitation.

Le crépissage de la grande mosquée de Djingareyber a réuni les leaders religieux et toutes les communautés de Tombouctou autour d’une cérémonie spirituelle et sociale. On notait également la présence du Chef du Bureau ai de l’UNESCO au Mali, Hervé Huot-Marchand, du Directeur National du Patrimoine Culturel du Mali, M. Moulaye Coulibaly, Représentant le Ministre de la Culture, la chargée de la Section culture de la  MINUSMA, Mme Nadia Ammi, des Chefs des  missions culturelles de Tombouctou, Djenné, Bandiagara, ainsi que du Directeur du Musée du Sahel de Gao. Dès l’aurore, jeunes et anciens convergent vers l’édifice religieux. Sitôt la prière de l’aube  terminée, la première partie des travaux démarre par le coup d’envoi, avec la bénédiction de la première motte de banco par le Grand Imam et les principaux chefs de la corporation des maçons. Des échelles géantes sont placées contre les parois de la mosquée. Les porteurs de paniers de banco font la navette par grappes humaines. Un autre groupe escalade, les maçons se tiennent debout sur les échelles qui hérissent les parois de l’édifice pour mieux crépir à mains nues, dont les empreintes resteront. La réfection  de l’édifice commence par la façade Est, et se poursuit par les façades Nord et Sud.

La deuxième partie des travaux reprend après la prière de 16 heures avec le crépissage du grand minaret. C’est la partie spirituelle des travaux, car elle s’achève par une Fatiha, (sourate d’ouverture du Coran) prononcée par le Grand Imam de la mosquée de Djingareyber. Ces rites religieux sont aussi l’expression de l’islam de tolérance, d’ouverture et de partage pratiqué par les communautés de Tombouctou.

L’autre particularité de cette phase est que « seuls les maçons et leurs fils crépissent les minarets et le toit de l’édifice. Tout le monde peut badigeonner les flancs en restant au sol » a confié Alhassane Hasseye, Chef de la corporation des maçons. Pour apporter leurs contributions, les différents groupes de femmes, calebasse remplie d’eau à la tête, chantent au son des tam-tam mêlé aux cris pour encourager les hommes.

Le Représentant de l’UNESCO au Mali a salué la mobilisation des communautés autour des travaux de crépissage qui, selon lui, au-delà d’une action déjà importante de conservation de la mosquée classée sur la liste  du Patrimoine mondial  de l’Unesco depuis 1988, est une opportunité majeure de renforcement de la cohésion sociale autour d’un évènement fédérateur de haute importance, de dialogue inter-communautaire et inter-culturel, de préservation des valeurs de tolérance et de partage, pour une Culture de la Paix renforcée au Mali. « Protéger la culture c’est protéger les Peuples, c’est pourquoi l’UNESCO œuvre depuis 2013 à vos côtés pour restaurer et réhabiliter votre patrimoine, qui est un véritable facteur de cohésion sociale ».

« Nous ne laisserons jamais notre tradition disparaitre, car cela est ancrée en nous. Nous avons nourri l’espoir de revoir ces travaux depuis presque quatre ans. Nous nous réjouissons de cette cérémonie qui nous permet de retrouver nos repères et nos valeurs culturelles. Merci à l’UNESCO pour son appui », a déclaré Alhassane Toure, jeune étudiant.

Ce jour a été aussi l’occasion pour procéder au lancement des travaux de réhabilitation du bâtiment des ablutions de la mosquée de Djingareyber en présence  du Chef du Bureau de l’UNESCO au Mali, du Représentant du Chef de Bureau de la MINUSMA à Tombouctou et de l’Imam de Djingareyber. Ce projet est mis en œuvre grâce à l’appui financier de la MINUSMA à travers un « Projet à Impact Rapide » (QIP) financé par la MINUSMA. L’UNESCO a soutenu ce projet en formulant des recommandations précises pour l’exécution des travaux qui s’inscrivent dans la continuité des actions de réhabilitation, menées conjointement par l’UNESCO, le Ministère de la Culture, et la MINUSMA.

C. NJIKAM

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