Timbuktumania : le film africain Timbuktu, aux sept César

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Abderrahmane Sissako : "Au Mali, les Touaregs sont à voir comme des victimes"
Abderrahmane Sissako à Paris, le 8 mai. © Vincent Fournier pour J.A.27

Né de la confiance des partenaires européens le parcours d’Abderrahmane Sissako, est le fruit d’une collaboration européenne.

Sept comme le septième art, est le nombre de Césars raflés par l’équipe de Timbuktu.

Allez on se lance : César du meilleur film, César de la meilleure musique de film décerné au compositeur tunisien Amine Bouafa, César du meilleur scénario original à Kessen Tall (sa femme), César de la meilleure réalisation, César de meilleure photo à Sofian El Fani, enfin César du meilleur montage à Sonia Ben Rachid! Rien que ça ! On avait rien vu.

Et vlan l’Oscar du meilleur film chez l’Uncle Sam ce dimanche 22 février ?

 On voulait y croire, mais c’est déjà une très bonne visibilité outre continent. Le film est d’ailleurs bien accueilli par le public américain.

Ce ne pouvait être que la consécration de plusieurs années d’exigence. Depuis sa présentation à Cannes en mai 2014, Timbuktu a le vent en poupe, plus d’un million d’entrée en France. Du jamais vue pour un film africain dans l’hexagone.

Le film raconte une histoire contemporaine malienne mais surtout un drame africain.

Le sud du Sahara du continent en proie à de multiples attaques Djihadiste, suite à la chute de Kadafi se trouve tourmenté depuis quelques années maintenant.

Pour un rappel historique Tombouctou « la perle du désert », théâtre des événements relatés dans le film, tombe entre les mains des Djihadistes le 3 avril 2012.  L’horreur aux portes du soudan: profanation d’illustres tombeaux des érudits Saints de la ville, pillage des manuscrits qui faisaient de la légendaire la première université africaine datant du moyen âge!

Au-delà d’être un vibrant message de RESISTANCE, c’est le témoignage d’une lutte inconditionnelle pour préserver la liberté d’un peuple jusqu’ici tolérant.

Les scènes successives sont une suite de dénonciation de pratiques liberticides: lapidation d’un jeune couple ; femmes et filles voilées, faites captives, violées ; paroles et musique tuent (une chanteuse châtiée en public à cause de sa passion). La population résiste, le chant continu, les jeunes jouent au foot sans ballon, la vendeuse de poisson tend sa main pour qu’on la lui coupe puisqu’elle refuse de porter des gants.

Ce sont  là de fortes et douloureuses séquences du film. Devant de telles images, le sang est glacé le cœur bat, on est suffoqué, surtout révoltés. Pour dire combien le film est au plus près de la réalité.

Ce témoignage n’est pourtant qu’une infime partie du calvaire que les populations du nord du pays ont vécu.

Les sept trophées, sacrent tant le cinéaste qu’autant d’actes courageux de braves femmes et hommes qui s’insurgent en douceur contre l’invention Djihadiste barbare.

Le film dans son aspect didactique exhorte sans concession à ne pas céder, car céder serait la défaite de toute une culture, l’anéantissement de civilisations qui contribuent à la diversité de ce monde. Dans un climat de terreur, chacun à son rôle à jouer. RESISTER.

Les mots du réalisateur sont forts à la fin de la cérémonie des César. Abderrahmane parle de sa pleine reconnaissance à un pays qui a besoin d’entendre des messages d’espoir de la part de ceux dont elle a tendu un sein nourricier.

C’est en termes d’inclusion qu’il parle de la France, « La France est un pays extraordinaire qui est capable d’inclure tout et tout le monde». Une Aude poétique à ce pays qui lui a ouvert les bras depuis vingt-deux ans après la fin de ses études à Moscou. Abderrahmane est un enfant du Monde, né en Mauritanie, une enfance Bamakoise, jusqu’au coup d’Etat de Moussa Traoré renversant Modibo Keita, où il est contraint de quitter le Mali. Il fait des études supérieures à Moscou et vie aujourd’hui entre la France et le continent africain. Il n’oublie pas son Afrique minée. « Je remercie la Mauritanie, au-delà de la Mauritanie, l’Afrique nous regarde », dit-il.

Ainsi,  continue-t-il dans un ton doux habituel,  rempli d’admiration pour son continent, « même si on entend parler d’elle que dans ses malheurs ce continent est Fort ! ».

C’est cet amour qui donne naissance à cette poétique filmographie, dont l’humain dans ses péripéties est au cœur.  Oh combien la vie est dure pour certains en Afrique!

Il termine ses propos par cette phrase que toute entité personnelle doit incorporer pour le vivre ensemble dans un monde viable soit possible « Il n’y a pas de choc de civilisations, ça n’existe pas, il y a des rencontres de civilisations ».

Dia.D.SACKO depuis France

La Refondation

 

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