A travers Blonba, des acteurs du théâtre malien, en cette période tumultueuse pour notre vivre en commun, ont décidé d’inviter les Maliens à la réflexion. Sans le dire par cette démarche, ils veulent amener chaque Malien à réfléchir sur sa responsabilité individuelle et celle collective de la communauté nationale. Cet exercice a donné une pièce intitulée « Tanyinibougou » ou le village de ceux qui ne cherchent que leurs intérêts. Et, le 8 décembre 2012, nombreux sont les bamakois, qui étaient au Cinéma Babemba pour voir la pièce qui nous plonge dans des réalités grossies.
« Tanyinibougou » ou le village de ceux qui ne cherchent que leurs intérêts, est une pièce qui dénonce les travers de notre société devenue esclave de l’argent. Ntchi Traoré, dans le rôle de Guimba Kassambara, est le Maire de « Tanyinibougou ». La pièce le présente comme un cadre supérieur hyper diplômé, très proche des citoyens, mais avec un esprit fort occupé par un sport bien connu : « le Tanyini ou la chasse à l’argent ». Avec son intrépide acolyte du nom de Tanyini Bablén, ils fomentent le complot de liquider Tanyinibougou et de partager la recette avec tous les citoyens. Pour certains, Tanyini Bablen est soit le « faiseur de thé » ou le planton.
Mais, lui-même se dit être l’assistant du Maire, et pourquoi pas un élu comme lui. Si à Tanyinibougou, personne ne sait exactement la place qu’il occupe à la Mairie, tous ont néanmoins la conviction que rien ne se trame sans lui. S’il se définit lui-même comme le laquais, le lèche-cul de « son excellence, honorable, monsieur le maire Guimba Kassambra», Tanyini Bablén n’a qu’un seul Dieu : l’argent. Adepte de la religion « l’argent », il est la cheville ouvrière du complot de liquidation de Tanyinibougou. Même s’ils jouent des rôles secondaires dans la conspiration contre Tanyinibougou, l’imam, Belebele, Mlle la Présidente de l’Association des femmes veuves de Tanyinibougou, Bocoum, par moment commerçant et par moment chef des apprentis chauffeurs de Tanyinibougou, le Cap’taine et l’aveugle-mendiant sont tous des protagonistes qui vous rappellent des scènes déjà vécues dans ce Mali d’aujourd’hui.
Et, comme le metteur en scène voulait rappeler aux Maliens que ce qui nous arrive était prévisible et mieux que Blonba avait pris le devant, les spectateurs ont eu droit à des séquences de grandes productions audiovisuelles qui ont marqué les dix ans du régime d’ATT. Dans une mise en scène qui utilise la technique du Koteba, ou les masques ont été remplacés par la vidéo, le metteur en scène nous a rappelé la séquence « Massa Ke Tountourou », de « Bagnego », de « Bayereye Bougou » et le « Faso nalomaton ». A regarder de prés et à réfléchir, on se rend compte que Blonba avait rapidement compris notre société. Dans tous les cas, « Tanyinibougou », le dernier Koteba de Blonba, restera une idée originale et une mise en scène d’Alioune Ifra Ndiaye, avec les conseils artistiques de Jean Louis Sagot-Duvauroux et la participation active des comédiens comme Ntchi Traoré, Tièblèn Traoré, Alima Baldé et Nouhoum Cissé dit « Banyengo ».
Assane Koné
Tous les maux de la société malienne y passent les religieux la classe politique les associations personnellement j’irai voir cette pièce à chaque sortie.Bravo Ifra.
Comments are closed.