Qui pourrait dire que les artistes maliens et hommes de culture maliens ne sont pas prompts et créatifs ? Depuis le déclenchement de la crise, il ne se passe de semaine sans qu’une initiative culturelle ne soit proposée aux Maliens. Après les chanteurs, les danseurs, les stylistes, les plasticiens, c’est au tour des acteurs du théâtre, à travers Blonba, de nous proposer une pièce qui va nous obliger à la réflexion sur ce qui nous arrive. Intitulée « Tanyinibougou » ou le village de ceux qui ne cherchent que leurs intérêts, la pièce pratiquement prête sera présentée en grande première le 6 octobre 2012, au Palais de la culture.
« Tanyinibougou », le dernier Kotéba de Blonba est là. Dans une idée originale et une mise en scène d’Alioune Ifra Ndiaye, avec les conseils artistiques de Jean Louis Sagot-Duvauroux et la participation active comme Ntchi Traoré, Tièblèn Traoré, Alima Baldé et Nouhoum Cissé dit « Banyengo », les amoureux du théâtre malien auront le plaisir de renouer avec les belles pièces du Kotéba. Ntchi Traoré, dans le rôle de Guimba Kassambara, est le Maire de Tanyinibougou. La pièce le présente comme un cadre supérieur hyper diplômé, très proche des citoyens, mais avec un esprit fort occupé par un sport bien connu : « le Tanyini ou la chasse à l’argent ». Avec son intrépide acolyte du nom de Tanyini Bablén, ils fomentent le complot de liquider Tanyinibougou et de partager la recette avec tous les citoyens. Pour certains, Tanyini Bablén est soit le « faiseur de thé » ou le planton, d’autres pensent même qu’il est l’assistant du Maire, au moment ou il passerait aux yeux de certains comme un élu. Si à Tanyinibougou, personne ne sait exactement la place qu’il occupe à la Mairie, tous ont néanmoins la conviction que rien ne se trame sans lui. S’il se définit lui-même comme le laquais, le lèche-cul de « son excellence, honorable, monsieur le maire Guimba Kassambra », Tanyini Bablén n’a qu’un seul Dieu : l’argent. Adepte de la religion « l’argent », il est la cheville ouvrière du complot de liquidation de Tanyinibougou. Même s’ils jouent des rôles secondaires dans la conspiration contre Tanyinibougou, l’imam, Bélébélé, Mlle la Présidente de l’Association des femmes veuves de Tanyinibougou, Bocoum le commerçant, le chef des apprentis chauffeurs de Tanyinibougou, le Cap’taine, l’aveugle-mendiant sont tous des protagonistes qui vont vous rappeler des scènes déjà vécues dans ce Mali d’aujourd’hui. Tanyinibougou vendu ! « Guimba et son complice arrivent à leurs fins sans difficultés. Ils ont trouvé preneurs. Tanyinibougou est soldée : terrains vierges, terrains viabilisés, mosquée, cimetière, place publique, Eglise, école, route, même la mairie…. Tout y passe. L’argent est encaissé. Que vont-ils en faire ? Le spectacle vous le dira », indique Alou Ifra Ndiaye dans la note qui présente sa pièce. Blonba n’est pas à son premier coup d’essai. Après les succès du «Retour de Bougouniéré », de «Bougouniéré invite à dîner », de Sourakamoussou Lalley, de « Sud-Nord, Kotéba de quartier », de « Bama Saba » (près de cinq cent représentations en France, en Belgique, au Luxembourg, au Canada, au Sénégal, en Guinée, au Benin, au Togo, en Guinée et au Mali), BlonBa arrive avec « Tanyinibougou ». En plus de la programmation de la grande sortie le 6 septembre 2012, au Palais de la culture, Blonba compte présenter la pièce au public malien dans une tournée nationale dans tous les grands cercles du pays. Une tournée internationale est aussi programmée à l’intention des Maliens de la diaspora et des amis du Mali en Côte D’Ivoire, au Gabon, aux USA, en Espagne et en France.
Assane Koné