Souleymane Cissé, réalisateur émérite malien, seul cinéaste africain détenteur de deux étalons de Yennega, est l’invité du mois de septembre 2010 de l’émission télévisée « Tounkagouna ». A ce titre, il a participé à l’enregistrement de l’émission, le 4 septembre 2010, dans la salle du pavillon du Stade Omnisports Modibo Kéita.
Dans le cadre de sa programmation du mois de septembre 2010, l’émission « Tounkagouna », réalisée par Maestro Sound-Mali en partenariat avec l’ORTM, a décidé de rendre hommage à Souleymane Cissé. Le réalisateur devait répondre sans détour à quatre principales questions. Ce sont : Son film qui l’a marqué ? Sa grande satisfaction ? Sa grande déception pendant sa carrière ? Son ambition pour le cinéma malien et africain. Seul réalisateur africain à détenir deux étalons de Yennega, réalisateur de 6 longs-métrages et plus d’une dizaine de courts métrages, Souleymane Cissé est de la catégorie des icônes du cinéma mondial. Si les êtres humains sont de simples mortels, Souleymane Cissé pour sa riche production cinématographique et surtout pour la qualité de ses œuvres, s’est installé à demeure dans le panthéon des immortels.
Et, c’est ce monument qui ne doit souffrir d’aucun superlatif que Boncana Maïga et Aïssata Cissé ont reçu sur le plateau de « Tounkagouna ». Dans sa présentation des œuvres du réalisateur, Aïssata Cissé a énuméré : « L’aspirant » en 1968, « Source d’inspiration » en 1968, « Dégal à Dialloubé » en 1970, « Fête du Sanké » en 1971, « Cinq jours d’une vie », en 1972, « L’Homme et ses idoles » en 1975, « Den Muso » en 1975, « Baara » en 1978, « Chanteurs traditionnels des Iles Seychelles » en 1978, « Finyè » en 1982, « Yeelen » en 1987, « Waati » en 1995 et « Min Yé » en 2009. Elle a ensuite rappelé que Souleymane Cissé est Président de l’Union des créateurs et entrepreneurs du cinéma et de l’audiovisuel de l’Afrique de l’Ouest (UCECAO), depuis 1997. Mieux, en plus de plusieurs autres distinctions, il a été élevé au rang de Commandeur de l’ordre national du Mali en 2006 et est aussi commandeur des Arts et Lettres de la République française. Pour tout cela, Aïssata Cissé dira que Souleymane Cissé est un monument du cinéma qui fait la fierté du Mali et de toute l’Afrique. A la question de savoir parmi sa riche production cinématographique, son coup de cœur, il n’a pas hésité à dire « Den Muso ». Sorti en 1975, « Den Muso » est le premier film long-métrage en bambara de Souleymane Cissé.
Ce film parle d’une jeune fille muette violée par un chômeur. Enceinte, elle subit le rejet de sa famille et du père de l’enfant qui refuse de le reconnaître. Contrairement aux attentes du réalisateur, ce film ne va pas lui attirer que du bonheur. Le film est interdit par le ministre malien de la culture de l’époque et Souleymane Cissé est arrêté et emprisonné. Le film sera interdit pendant trois ans et n’obtiendra son visa d’exploitation qu’en 1978. « Je ne dis pas que Den Muso est mon meilleur film, mais c’est le film qui m’a le plus touché par la trame de l’histoire », a-t-il déclaré. Le réalisateur dont la plus grande satisfaction a été la réalisation des Rencontres cinématographiques de Bamako garde toujours à l’esprit son emprisonnement après la réalisation de « Den Muso » comme la plus grande déception de sa vie. « Avec mon premier long-métrage, j’ai rencontré de faux problèmes. Aujourd’hui, je pense que le Mali n’avait pas besoin de mettre en prison un réalisateur », a-t-il indiqué. Mais, foncièrement engagé pour la promotion du cinéma, Souleymane Cissé dira que grande aspiration aujourd’hui, est d’assister à la réalisation du projet « Jaaso » la maison du cinéma africain. « L’Etat malien a mis un hectare à la disposition de l’UCECAO au bord du fleuve Niger à Ngolonina et l’ensemble des cinéastes africains ambitionnent y réaliser le temple du cinéma africain », a-t-il déclaré. Avant de poursuivre avec beaucoup de fierté qu’il n’a aucun doute sur la qualité des réalisateurs maliens qui vont reprendre le flambeau. Il a nommément cité des réalisateurs comme Boubacar Sidibé, Abdoulaye Ascofaré, Assane Kouyaté et Salif Traoré.
Celui dont l’optimisme naturel l’a aidé à faire des films au Mali reste très optimiste pour l’avenir du cinéma africain. « Je crois à l’image, parce qu’elle nous suit partout », a-il déclaré. Avant d’ajouter que le cinéma est une industrie qu’il faut soutenir. « Même, si l’industrie cinématographique africaine ne bénéficie pas aujourd’hui de la plus grande attention, nous ne devons pas perdre espoir. Un jour des hommes viendront à la tête de nos Etats et feront de la promotion du cinéma une grande priorité », a-t-il estimé. Et en ce qui concerne notre pays, il a sollicité l’appui de l’Etat pour donner une existence à la petite industrie cinématographique du Mali. Le réalisateur Assane Kouyaté qui a connu Souleymane depuis 1982 est intervenu dans une projection pour parler de l’homme et de ses œuvres. En conclusion, il dira que « Solo est un exemple ».
En plus de Solomane Cissé, il faut dire que les spectateurs qui ont fait le déplacement du Stade omnisports ne l’ont pas regretté. Ce fut une très belle soirée où le spectacle était au rendez-vous. Fada Poulo, Miss Mahawa, le groupe Soga du Niger et Paye Camara, dans une salle surchauffée, ont rivalisé d’ardeur pour faire danser un public acquis à leur cause. Mais, le choc de la soirée a été la compétition entre Iris, la jeune Targui et le jeune joueur de Kora Baba Sacko, fils de feu Ousmane Sacko, le rossignol du Khasso. Le duel a tourné en faveur de Baba Sacko qui a bénéficié du soutien de ses collègues de l’INA, venus en grand renfort pour le soutenir. Après ce duel, la compétition a continué avec les jeunes artistes programmés pour septembre. Ce sont Amadou Diadié Traoé, Massaran Bakoroba Diabaté et Sékou Traoré, le nom voyant.
Assane Koné