Sotigui Kouyaté, un an après sa mort :Les comédiens du Mali lui rendent un hommage ce vendredi à travers la représentation de ‘’Salina’’

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Sotigui Kouyaté est certainement l’acteur africain le plus connu : figure de proue du théâtre de Peter Brook, il fut le premier comédien africain à gagner le prix du meilleur acteur au Festival de Berlin. Issu d’un ancien lignage de griots, les conteurs traditionnels de l’Afrique de l’Ouest, Kouyaté bouleversa le milieu théâtral européen avec son " non-jeu " et une notion différente de l’art théâtral. Homme élégant, cultivé et plein d’ironie, il fut surtout un grand médiateur des cultures. Une année après son départ, l’Institut Français a décidé de proposer un parcours à la rencontre de l’homme et de son œuvre, à travers ses paroles.

isparu le 17 avril dernier, Sotigui Kouyaté, figure emblématique du cinéma africain et mondial, sera à l’honneur à l’Institut Français ce vendredi 6 mai. Sera interprété, ce même vendredi à l’Institut Français, la représentation de la pièce théâtrale ‘Salina’, une œuvre de Laurent Gaudé et mise en scène par Esther Siraba Kouyaté, l’épouse de Sotigui Kouyaté. Sotigui Kouyate ne fût pas de ces acteurs dont la vie et la carrière ont été épiée, du moins pas en Occident. Pourtant, rares sont les cinéphiles qui ne l’ont déjà vu jouer dans au moins un de leur film préféré, sans, peut-être pouvoir mettre un nom sur cette vraie tronche de cinéma.

Alors, Sotigui Kouyate, il faut répéter son nom pour ne pas l’oublier… Sotigui Kouyate. Décédé des suites d’une infection pulmonaire à l’âge de 64 ans le 17 avril 2010, le comédien malien et burikabé n’a pas seulement servi le 7ème art.

Avant de tourner pour de grands réalisateurs comme Stephen Frears (Dirty Pretty Things), Rachid Bouchareb (London River) ou encore Philippe Lioret (Tombés du ciel), Sotigui Kouyate a été capitaine de l’Équipe du Burkina Faso de football et enseignant.

Le monde de 7ème art du Mali, en collaboration avec l’Institut Français, a décidé de lui rendre hommage à travers la diffusion ses plus beaux films dans lesquels le grand homme, placide et décharné tient le premier rôle.

Mais à l’image de la carrière sans frontière de l’acteur africain, l’Institut Français a décidé de lui rendre cet hommage également à travers la représentation de la pièce théâtrale ‘Salina’ avec la participation des comédiens venus du Burkina Faso, de la France y compris ceux du Mali.
Ne ratez pas le rendez-vous avec Sotigui Kouyaté le 6 mai à l’Institut Français!
Bandiougou DIABATE
bandjoul@hotmail.com

Ils ont dit de lui…
Fatoumata Coulibaly dite FC
:"il était pour moi un conseiller"
"Sotigui Kouyaté est un homme ouvert d’esprit et dans la collaboration. Il était pour moi un conseiller car il cultivait l’esprit de tolérance et de cohabitation pacifique"
Cheick Oumar Sissoko
"La mort de Sotigui Kouyaté est une perte immense"
"Il est bon de rendre un vibrant hommage à cet illustre disparu pour que l’exemple soit connu et que la nouvelle génération s’inspire de la qualité de l’homme. La mort de Sotigui Kouyaté est une perte immense pour l’Afrique, pour le monde de l’art et ses parents"

Hélène Diarra
"L’homme a toujours su rester lui-même, simple et d’une grande générosité. Il était détenteur des savoirs traditionnels. De même, il a résisté à l’inhibition culturelle et est demeuré Sotigui l’Africain en société comme dans son intimité familiale"


Le parcours de l’homme

Sotigui Kouyaté était long comme une liane, sec comme une branche de bel arbre, doux comme un sage. Il descendait d’une famille de griots et dans son art merveilleux de comédien ou de conteur, il y avait toute la grâce mystérieuse de l’Afrique. Sotigui Kouyaté (né le 19 Juillet 1936 à Bamako (Mali) et mort le 17 Avril 2010) à Paris, était un acteur malien et burkinabé. Il descend d’une longue lignée de griots. Selon la tradition familiale, il est devenu acteur, chanteur, danseur, musicien et compositeur. Il a également été joueur de football professionnel jusqu’en 1966. Il est le père du réalisateur Dani Kouyaté et du conteur Hassane Kassi Kouyaté. En Février 2009, il est sacré meilleur acteur au Festival de Berlin pour le film "London River", du cinéaste franco-Algérien Rachid Bouchareb. "London River" est inspiré par les attentats terroristes du 7 juillet 2005 à Londres, "raconte l’histoire d’un homme (représenté par le comédien malien Sotigui Kouyaté) et d’une femme (l’actrice britannique Brenda Blethyn) venus retrouver leurs fils et fille portés disparus. Ils découvrent que leurs enfants respectifs vivaient ensemble". Sotigui Kouyaté est un acteur de théâtre et de cinéma malien et burkinabè, né en 1936 à Bamako(Mali).

Kouyaté commence par être griot dans le pays mandingue avant de devenir joueur international de football (joueur professionnel jusqu’en 1966 et capitaine de l’Équipe du Burkina Faso de football), enseignant puis acteur. En 1966, il accepte de jouer une pièce de théâtre à la demande de son ami Boubacar Dicko. Longue silhouette filiforme, Sotigui Kouyaté a l’allure du patriarche à qui l’on demande conseil, celui qui sait tout de la vie et qui a mille et une histoires à raconter. Sa carrière au cinéma débute en 1968 dans "Protection des récoltes" (Jean David). Jusqu’à la fin des années 1970, il joue dans de petites productions, puis se révèle au grand public en 1985 dans le "Mahabharata", monté par Peter Brook. Le cinéma français lui ouvre alors ses portes, en lui offrant de petits rôles dans des films comme"Black mic mac" (Thomas Gilou, 1985)," Y’a bon les Blancs" (Marco Ferreri, 1987) ou encore "Un thé au Sahara" (Bernardo Bertolucci, 1989). En 1995, il joue dans "Keita" ! L’héritage du griot", un long métrage de son fils Dani Kouyaté .En 2000, il tient le rôle principal de" Little Sénégal (Rachid Bouchareb), l’histoire d’un Dakarois qui s’embarque sur les traces de ses ancêtres américains. Sotigui Kouyaté mène une carrière parallèle au théâtre et à la télévision. On le voit notamment dans "Le Lyonnais", réalisé en 1990 par Cyril Collard. Il a occupé le poste de directeur artistique des Ballets du Burkina Fasso et de la compagnie théâtrale de la Volta. Avec Jean-Louis Sagot-Duvaroux et Habib Dembélé, il créé la compagnie du Mandéka théâtre.

Prix:
* Meilleure interprétation masculine, 2001 au Festival International du Film Francophone (Namur) pour le film : Little Sénégal.

Filmographie
1972 : FVVA : Femme, villa, voiture, argent de Mustapha Alassane.
1973 : Toula ou le génie des eaux de Mustapha Alassane.
1983 : Le Médecin de Gafiré de Mustapha Diop.
1986 : Black Mic Mac de Thomas Gilou avec Jacques Villeret, Isaac de Bankolé, Félicité Wouassi, Daniel Russo , Houdia Seye, Sidy Lamine Diarra, Cheik Doukouré, Mohamed Camara, Lydia Ewandé, Math Samba, Rémi Laurent, Amara Soumah et Pascal Légitimus.
1988 : Le Mahabharata de Peter Brook.
1992 : Golem, l’esprit de l’exil d’Amos Gitai avec Hanna Schygulla, Vittorio Mezzogiorno, Ophrah Shemesh, Samuel Fuller, Muriel Perrier, Fabienne Babe, Bernardo Bertolucci et Philippe Garrel.
1994 : Tombés du ciel de Philippe Lioret
1995 : Le Maître des éléphants de Patrick Grandperret, avec Erwan Beynaud et Jacques Dutronc.
1999 : La Genèse de Cheick Oumar Sissoko avec Jean-Louis Sagot-Duvauroux, Salif Keïta, Balla Moussa Keïta, Fatoumata Diawara, Maïmoura Hélène Diarra, Fatoumata Coulibary, Habib Dembélé, Magma Coulibaly et Oumar Mamory Keïta.
2001 : Little Senegal de Rachid Bouchareb avec Roschdy Zem, Sharon Hope Ida, Karim Traoré Hassan, Adetoro Makinde Amaralis et Adja Diarra Biram.
2002 : Sia – Le rêve du python de Dani Kouyaté avec Hamadoun Kassogué, Fatoumata Diawara et Habib Dembélé.
2003 : Dirty Pretty Things de Stephen Frears.
2004 : Génésis de Marie Perennou et Claude Nuridsany.
2005 : L’Annulaire de Diane Bertrand.

Pièces de Théâtre

1985 : Mahabharata, mis en scène par Peter Brook
1990 : La Tempête, mis en scène par Peter Brook
Novembre 1993 : L’Homme qui prenait sa femme pour un chapeau mis en scène par Peter Brook, d’après l’œuvre d’Oliver Sacks
1996 : Qui est là, mis en scène par Peter Brook
Janvier 1999 : Antigone, de Sophocle, mis en scène par Peter Brook, avec le Mandéka Théâtre de Bamako
2000 : Hamlet, de William Shakespeare, mis en scène par Peter Brook
Décembre 2000 : Le Costume de Can Themba, adapté par Mothobi Muloaste, mis en scène par Peter Brook
Février 2003 : La Tragédie d’Hamlet, de William Shakespeare, traduit par Marie-Hélène Estienne et Jean-Claude Carrière, mis en scène par Peter Brook
Octobre 2004 : Tierno Bokar, mis en scène par Peter Brook d’après Vie et l’Enseignement de Tierno Bokar, roman de Amadou Hampâté Bâ (Tierno Bokar)
(Théâtre (metteur en scène)

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