Sotigui Kouyaté :Œuvre et vie du griot du cinéma africain

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Décédé le samedi 17 avril 2010, à Paris à l’âge de 74 ans, des suites d’une maladie pulmonaire, le célèbre comédien africain, Sotigui Kouyaté, qui a donné beaucoup d’éclats à de nombreux films et à de nombreuses pièces de théâtres, est à l’honneur à l’Institut français de Bamako. A la faveur de cet hommage, l’occasion est bonne de revenir sur l’œuvre et la vie de celui qui restera encore pendant longtemps le seul griot du cinéma africain.

«Je suis guinéen d’origine, malien de naissance et burkinabé d’adoption», aimait dire Sotigui Kouyaté de son vivant. Né à Bamako le 19 juillet 1936, descendant d’une famille de griots, Sotigui Kouyaté n’a jamais oublié la fonction sociale éminemment importante de sa caste. Mieux qu’un griot ordinaire, Sotigui Kouyaté a eu l’intelligence de devenir un artiste accompli. Il fut la parfaite illustration d’un homme orchestre dans les domaines des arts et des sports. Il a d’abord commencé par être griot dans le manding, avant de devenir joueur international de football.

Capitaine de l’équipe nationale du Burkina Faso, il mit fin à sa carrière de footballeur en 1966, pour se consacrer à l’enseignement. En 1966, il accepte de jouer dans une pièce de théâtre à la demande de son ami Boubacar Dicko et se révèle un grand comédien. Il a fallu attendre 1968, pour le voir débuter au cinéma, dans le film «Protection des récoltes» de Jean David. Mais, jusqu’à la fin des années 1970, il va jouer dans des petites productions, avant de se révéler au grand public en 1985, dans la pièce de théâtre «Mahabharata» de Peter Brook. En 1972, il joue dans «Femme, villa, voiture et argent» de Mustapha Alassane. En 1973, on le retrouve dans «Toula» ou le génie des eaux de Mustapha Alassane. En 1983, il est sollicité pour «Le Médecin de Gafiré» de Mustapha Diop. Mais, depuis qu’il a joué dans « Mahabharata », le cinéma français lui a ouvert ses portes. Mais là, il va d’abord vivre les affres des petits rôles, avant d’être mieux vu dans des films comme : «Black mic mac» de Thomas Gilou, sorti en 1985 ; «Y’a bon les Blancs» de Marco Ferreri, en 1987 et «Un thé au Sahara» de Bernardo Bertolucci, en 1989. On le voit aussi dans «Le Lyonnais» de Cyril Collard en 1990 et dans «Golem, l’esprit de l’exil» d’Amos Gitai en 1992. Deux ans après, il reprend du service avec «Tombés du ciel» de Philipe Lioret et dans «Le Maître des éléphants» de Patrick Grandperret en 1995. C’est aussi en 1995, qu’il joue dans «Keïta, l’héritage du griot» de son fils Dany Kouyaté. En 1999, c’est le tour de Cheick Oumar Sissoko, réalisateur malien de le solliciter pour «La genèse». En 2001, il revient dans «Little Sénégal» de Rachid Bouchareb. Mais, c’est en 2002, qu’on va le trouver dans «Sia , le rêve du Python», un autre film de son fils Dani Kouyaté. Sotigui Kouyaté sera dans «Dirty Pretty Things» de Stephen Frears en 2003, «Génésis» de Marie Perennou et Claude Nuridsany en 2004, «L’annulaire» de Diane Bertrand en 2005 et «Faro, la reine des eaux» de Salif Traoré. Parallèlement au cinéma, il faut dire que Sotigui Kouyaté a été une bête de scène de théâtre et un metteur en scène redoutable. Cet artiste a été un acteur principal de la plupart des grandes réussites de Peter Brook. D’ailleurs, son tallent a été récompensé en 2009 par l’Ours d’argent du meilleur acteur pour son rôle joué dans «London river» du franco-algérien Rachid Bouchareb.

Hommage à Sotigui Kouyaté
Bamako se souvient

A peine un an après sa mort, le célèbre comédien Sotigui Kouyaté, par le canal de l’Institut français de Bamako, reçoit les hommages qui sont dus à son rang. L’hommage à sotigui Kouyaté à Bamako a tout son sens, quand on sait que cet artiste qui fut l’un des plus célèbres de sa génération, a pendant un bon moment de sa vie séjourné dans la ville des trois caïmans.

Depuis le 2 mai 2011, feu Sotigui Kouyaté est à l’honneur à Bamako. Dans une rétrospective cinématographique exceptionnelle, couplée avec la représentation de la célèbre pièce de théâtre «Salina», l’Institut français de Bamako a décidé de rendre hommage à Sotigui Kouyaté. Six films, tous de très belle facture qui ont bénéficié de la collaboration de Sotigui Kouyaté, en qualité d’acteur, ont été programmés à l’Institut français. Déjà, le lundi 2 mai 2011, «La genèse» de Cheick Oumar Sissoko était au programme. Sortie en 1999, Sotigui Kouyaté y joue le rôle de Jacob qui pleure la perte de son fils Joseph. Le Mardi 3 mai 2011, les cinéphiles bamakois ont pu assister à la projection du film

«Le Courage des autres». Le 4 mai, les amoureux du cinéma à Bamako ont retrouvé Sotigui Kouyaté dans le film de son fils Dani Kouyaté «Keïta ! L’héritage du griot» et le 5 mai, dans le film «Little Sénégal» de Rachid Bouchareb. Le 8 mai 2011, les cinéphiles bamakois pourront voir deux films où Sotigui Kouyaté joue un rôle principal. Ce sont : «Sotigui Kouyaté, un griot moderne» de Mahamat Salet Haroun et le film «London River» de Rachid Bouchareb. Le clou de l’hommage à Sotigui Kouyaté, sera la soirée théâtrale. Le vendredi 6 mai 2011, la salle de spectacle de l’Institut français de Bamako abritera la représentation de «Salina», une pièce de Laurent Baude, mise en scène par Esther Siraba kouyaté, «Salin » est une co-production de «la voix de griot» de la France, de «Umane culture» du Burkina Faso et de «Arac National Guimba» du Mali. Avant sa disparition, Sotigui Kouyaté a consacré son talent et son énergie durant quatre ans à travailler sur le projet «Salina». Après sa mort, sa femme, Esther Siraba Kouyaté a décidé, avec l’accord et le soutien de la famille Kouyaté, de reprendre «Salina» et de le mener à terme.
MTT

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