La 17em édition de Ségou’Art-Festival sur le Niger, pourtant tenue dans un contexte particulier de Covid-19, s’est montrée résiliente face à l’éprouvante pandémie. En plus d’une pléiade d’activités alternantes et innovantes, cette édition était également un espace d’échange et de réflexions de haut niveau autour de nouvelles perspectives de valorisation de l’art et la culture en Afrique.
A défaut des grandes manifestations culturelles, notamment les concerts géants et les foires, cette 17em édition de Ségou’Art-Festival sur le Niger a fait la part belle au salon d’art contemporain, à travers plusieurs espaces d’expositions, des activités alternantes et innovantes comme Kôrè Fab Lab, un atelier avec les plus jeunes, ainsi que des séminaires et conférences dont le séminaire panafricain. Aussi, en écho au thème retenu cette année: “Culture & Covid-19: Quel espace pour le digital en Afrique ?”, un débat virtuel de haut niveau a été organisé entre panelistes locaux et internationaux. Que dire du débat ResiliArt (virtuel) organisé en collaboration avec l’Unesco sur la diversité culturelle et la résilience ?
En effet, dans le sillage de l’Union africaine qui a déclaré 2021, année des Arts, de la Culture et du Patrimoine, Ségou’Art 2021, en collaboration avec l’Observatoire des politiques culturelles en Afrique (Ocpa) ont organisé le premier séminaire panafricain autour du thème : “Art, patrimoine et culture: leviers pour bâtir l’Afrique que nous voulons”. Ce séminaire, qui a ouvert les activités de l’édition 2021 de Ségou’Art dans la cité des Balazans, a offert un cadre de réflexion, d’échanges et de propositions d’actions concrètes entre les acteurs culturels, les artistes, la société civile culturelle, les personnes ressources et les experts du continent sur les défis et les enjeux liés à la sauvegarde, la valorisation de l’art, la culture et le patrimoine matériel et immatériel africain, comme un puissant facteur de développement social et économique en Afrique.
“Les conclusions des travaux du séminaire seront retransmises au président de la République dans le cadre de son mandat de champion pour les arts, la culture et le patrimoine de l’Union africaine”, a déclaré Mme Kadiatou Konaré, ministre la Culture, de l’Artisanat et du Tourisme, lors de la cérémonie d’ouverture du Festival. Mieux, cette conclusion consistera également en un rapport final, un Plan d’action avec une proposition à la Commission de l’UA et une recommandation aux Institutions culturelles d’Afrique et de la Diaspora.
L’édition 2021 a surtout accordé une attention au Salon d’art contemporain qui a réuni les galeristes, les collectionneurs, les amateurs et les critiques d’art autour des talents émergents du Mali et d’autres pays de l’Afrique de l’ouest. De nombreux artistes de renommée internationale, comme Soly Cissé (Sénégal), Pascal Konan (Côte d’Ivoire), Philippe Dodard (Haïti) et Berthélémy Toguo (Cameroun) étaient exposés aux cotés des artistes maliens comme Abdoulaye Konaté et Cheick Diallo. Les nombreuses salles d’expositions consacrées à l’art contemporain, notamment aux arts plastiques et les prix décernés aux trois jeunes artistes de l’exposition internationale en sont une belle illustration. Kouassi Ange Wilfried Kouamé (Côte d’Ivoire, 1er prix), Mariam Niaré (Mali, 2e prix Kanfitine Yaffah (Togo, 3e prix) ont été les trois meilleurs jeunes artistes désignés par le jury.
L’un des points d’orgue de ce volet a sans doute été le Master Class aminé par le célèbre critique d’art camerounais, Simon Njami. “Un Master class est un exercice qui aide les artistes participants à mieux comprendre leur démarche artistique. Il arrive qu’un artiste manque de perspectives par rapport à lui-même et son travail. Il a toujours besoin d’une caisse de résonnance”, explique Simon Njami. Aussi un atelier de peinture a été organisé à l’endroit des plus jeunes (7 à 10 ans), animé par l’artiste peintre Souleymane Ouologuem. Une initiative du festival qui vise à inculquer l’art dans l’esprit des enfants car, selon Ouologuem, “un enfant éduqué à l’art est un adulte qui connait l’art”.
L’une des activités phares de cette édition 2021 est l’espace Kôrè Fab Lab qui est un laboratoire d’incubation et d’innovation pour les industries créatives de l’Institut Kôrè des Arts et Métiers (IKAM). “Kôrè Fab Lab sert d’espace de rencontre et de création collaborative pour les jeunes entrepreneurs porteurs de projets, les designers, les artistes, et les étudiants qui veulent passer plus rapidement de la phase de concept à la phase de prototypage, puis de mise au point, jusqu’au déploiement de leur projet et ou entreprise”, explique le coordinateur de Ségou’Art, Attaher Maïga.
Cette première édition s’est axée sur deux projets. Dans un premier temps l’identification et la formation des jeunes dans les métiers des arts et multimédia (Kôrè qualité) et ensuite la foire Kôrè Fab Lab. “Avec le programme de Kôrè qualité, nous formons les jeunes aux différents métiers du cinéma de l’écrire des scénarios jusqu’à phase réalisation. Quant à la Foire Kôrè Fab Lab, il s’agit d’une foire numérique interactive qui a identifié quelques jeunes porteurs de projets innovants liés au numérique”, explique Mohamed Doumbia, secrétaire général de l’Institut Kôrè des Arts et Métiers (IKAM).
Plusieurs autres activités comme Ségu-Falli, ainsi que l’exposition des musiques traditionnelles du Mali ne sont pas passées inaperçues des festivaliers qui ont certes été privés cette année des grands podiums musicaux et des grandes foires culturelles, mais qui sortent d’une édition innovante, créative et résiliente.
“Le festival Ségou’Art est un moteur de développement, un facteur de croissance, de création de richesse d’emploi et d’interprétation des peuples. C’est un évènement qui continue de jouer un rôle clé dans la restauration de l’image de marque du Mali”, dira Nouhoum Diarra, maire de la commune urbaine de Ségou.
Ségou’Art-Festival sur le Niger fait aujourd’hui de la ville créative de Ségou une plaque tournante des rencontres artistiques et culturelles du Mali, de la sous-région, voire de l’Afrique faisant écho au-delà des frontières du continent.
Vivement la prochaine édition !
Youssouf KONE