Ségou’art 2021 : Qui est Kouamé Kouassi A.W Kouamé, lauréat du 1er prix ?

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L’artiste peintre ivoirien Kouassi Ange Wilfried Kouamé est lauréat du 1er prix de l’édition 2021 de Ségou’Art. Il a été sacré meilleur artiste du jury sur les dix (10) candidats sectionnés pour l’exposition internationale de Ségou’ART. Il obtient ainsi le Grand prix du ministère de la Culture, de l’Artisanat et du Tourisme du Mali devant la photographe malienne, Mariam Niaré et le peintre togolais Kanfitine Yaffah qui arrivent respectivement à la 2e et 3e place.

Ils étaient environ cent (100) artistes maliens et ouest-africains à postuler à l’appel à candidature de l’édition 2021 de l’exposition internationale de Segou’Art-Festival sur le Niger. Au terme d’une méticuleuse sélection du jury, dix (10) d’entre eux ont été retenus dont les trois meilleurs ont été primés.

Né en 1993 à Bouaké (Côte d’Ivoire), Kouassi Ange Wilfried Kouamé découvre son talent artistique depuis son jeune âge. Cette passion le conduit à fréquenter entre 2011 et 2013 le Lycée d’Enseignement Artistique. Après le bac artistique, il entre en 2014 à l’Ecole supérieure des arts plastiques, de l’architecture et du design d’Abidjan où il sort en 2018 major de sa promotion, avec une maitrise en peinture.

Kouassi A.W Kouamé  ne cesse de s’imposer comme l’une des étoiles montantes de la scène plastique ivoirienne, voire ouest-africaine, comme en témoigne ce prix de Ségou’Art 2021. Il compte déjà plusieurs expositions collectives et individuelles à son actif, notamment à la Rotonde des arts à Abidjan (2016) à la galerie Houkami Guyzagn à Abidjan (2018),  au Royal York club en partenariat avec Blueprint Africa (2020). Il a été lauréat du concours Mon super talent artistique de l’émission télévisée “L’art nous parle” en 2019, avant de se tailler la part du lion à Ségou’Art 2021.

L’artiste semi-figuratif Wilfried Kouamé oriente son travail sur la construction identitaire, processus par lequel un individu devra s’ériger une identité individuelle tout au long de sa vie à travers ces relations et son passage d’un groupe à un autre. Ainsi, dans sa quête d’équilibre, l’individu connaitra sa place, son véritable rôle dans ce monde en continuelle mutation vers l’inconnu.

Sans faire du street-art, Kouassi Ange Wilfried Kouamé est un artiste urbain dans la mesure où les personnages de ses œuvres évoluent dans des extérieurs marquant une uniformisation de nos sociétés. Dans ce cadre, il aborde le thème de la relation à l’autre sous un angle humaniste, sans pour autant se montrer didactique. Le style se veut semi-figuratif pour laisser place à la liberté de penser et au mouvement. Il utilise le latex séché et le plastique, la colle à bois et les peintures qu’il incruste dans du latex comme autant d’éléments donnant du relief à son propos. Le résultat donne de l’éclat et de la vivacité aux toiles comme aux messages qu’il porte en lui.

Les personnages de l’artiste sont animés de tâches aléatoires, de fragments de couleurs et d’agents graphiques, il présente l’homme sous son aspect basal favorisant une théorie selon laquelle chaque être humain constitue un maillon d’une même chaine. La complémentarité de couleurs sur les œuvres de Kouassi est un message que chacun doit s’approprier dans son quotidien en allant à la rencontre de l’autre qui vit dans un environnement différent.

Avec sa peinture riche en couleurs et en agents graphiques, mais surtout en expression et en expressivité, l’artiste exploite une technique mixte (tache, grattage de peinture à eau incrustée dans le latex, collage …) avec laquelle il anime ses personnages en ombre chinoise et le fond de ses œuvres transparentes, tout en jouant sur les contrastes de formes et la perspective linéaire.

Dans ses toiles présentées à Ségou’art, Kouassi A.W Wilfried, ne cesse de revendiquer ce mouvement de l’un vers l’autre. Aller à la rencontre, à la découverte de l’autre dans son univers, connaitre sa vision du monde, sa culture tout en y immergeant. Certes, chaque société à ses spécificités et ses caractéristiques, qu’elles soient sociales, culturelles ou intellectuelles, mais la rencontre de ces éléments créent un mélange harmonieux. Cette universalité brise les frontières entre les peuples et les cultures, sans pour autant nier les valeurs propres à chacun.

Sa toile intitulée “l’Eldorado guidant le peuple” inspirée d’une œuvre de l’artiste peintre français Eugene de la Croix (1798-1863)  “Liberté guidant le peuple” réalisée en 1830, est un regard lucide sur l’immigration clandestine. Ici l’artiste s’intéresse plutôt au rejet et au refus d’accueil des émigrés par ces soi-disant Eldorado vers lesquels ils vont à la recherche d’une vie meilleure. L’artiste prône l’acceptation de l’autre, quelles que soient son identité, sa culture et aussi sa provenance, donc le cosmopolitisme.

Kouassi A.W Kouamé est un artiste idéaliste qui inspire, à travers sa démarche artistique, une intégration universelle des peuples et des cultures. Une cohabitation harmonieuse entre les individus et les peuples d’horizons différents.                      

Youssouf KONE

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