L’artiste plasticien togolais, Kanfitine Yaffah, est le lauréat du Prix de l’Institut Kôrè des Arts et Métiers (Ikam ; 3e prix) de l’édition 2021 de l’exposition internationale de Ségou’Art-Festival sur le Niger. Il reçoit ainsi une enveloppe de 500 000 francs Cfa. Dans sa démarche qui frôle l’impressionnisme, Kanfitine Yaffah s’est surtout penché sur deux thématiques dont une d’actualité : Education et Covid-19.
Sérigraphe de formation, Kanfitine Yaffah (né en 1981 à Lomé, la capitale togolaise) était à sa toute première participation à Ségou’Art-Festival sur le Niger, cette année. Bien qu’autodidacte, la démarche impressionniste de cet artiste a impressionné plus d’un dont le jury.
Pas étonnant que son talent ait été récompensé en 2015 par le Prix du jury du Musée Saint-Frajou, à Toulouse (France). Kanfitine Yaffah compte également de nombreuses expositions dans de nombreux pays africains et en France, à l’instar d’“Africa-Arts”, à la galerie Joseph, à Paris. Il a aussi animé plusieurs ateliers dans son pays natal et en dehors du Togo.
Kanfitine Yaffah définit son travail artistique comme le miroir de la société vue à travers le prisme de ses émotions. Ses tableaux d’influence impressionniste sont marqués par la symbolique de la légèreté du vol de l’oiseau. L’assemblage des couleurs chez cet artiste est une inspiration venant du cœur et porteuse d’un message d’espoir. Il utilise différents matériaux, aux fins de créer des œuvres originales : papiers mâchés, des objets de récupérations, la toile d’araignée qui symbolise le cheminement de la vie, l’ardoise scolaire comme réminiscence de la permanence du savoir acquis à l’école.
Sa conception de l’art étant fondée sur l’interactivité, il estime que la beauté d’une œuvre se trouve dans la création et dans l’œil de celui qui la voit. En résumé, l’univers artistique de Kanfitine Yaffah se résume en un “rendez-vous du donner et du recevoir”.
C’est pourquoi dans sa série “Education” présentée à Ségou’Art, l’artiste fait une rétrospection à la base de l’éduction académique là où tous les décideurs de l’Afrique et du monde sont passés avant d’être où ils sont aujourd’hui. Sur toutes ses toiles, on remarque un élément omniprésent : l’ardoise ! Cet outil qui a servi aux premiers pas d’apprentissage de chaque élève devenu aujourd’hui untel ou untel. Sur sa toile “Discussion”, le symbole est fort. L’artiste y remet en question la commercialisation de l’ardoise à travers une discussion entre instituteurs sur la pédagogie à adopter pour inciter les enfants à s’intéresser à l’école. Se comprenant et comprenant aussi les réalités actuelles, ils pensent que le premier outil de l’écolier qui est l’ardoise ne doit pas faire l’objet de vente.
La deuxième thématique à laquelle l’auteur s’est intéressé dans son travail est la pandémie à coronavirus. Cette maladie, qui a durement éprouvé le monde qui subit toujours ses affres, est symbolisée dans les toiles de Kanfitine Yaffah par des boules rouges. Dans “La réunion en Afrique”, l’artiste fait immersion dans les premiers jours de l’apparition de la Covid-19 en Afrique, occasionnant des réunions de crise à la plus haute sphère des Etats. Un état d’urgence a été décrété face à cette crise sanitaire. Tous ses fils acceptent enfin d’adopter les règles d’hygiène recommandés pour ne pas tous périr. L’Afrique, la tête à l’envers, n’implore que le ciel pour voir cette pandémie loin de ses entrailles.
Pourtant la démarche de Kanfitine est pleine de poésie qui se joue autour de la peinture dont les nuances remplies de l’espoir.
Youssouf KONE