La Cité des balanzans a vibré aux pas de la 16e édition de Ségou art/festival sur le Niger du 4 au 9 février. Une édition spéciale réussie
Caravane culturelle, foire artisanale, colloque, exposition d’art, prestations théâtrales, contes et ou même musique… sur chaque composante, Ségou Art/ festival sur le Niger, en sa 16e édition, a répondu aux attentes des nombreux festivaliers, venus des régions, de Bamako, des pays de la sous-région et d’ailleurs.
L’édition 2020 était consacrée à la réconciliation et à la cohésion sociale. Elle a vu l’organisation d’une caravane culturelle pour la paix, un projet sahélo-transsaharien du festival sur le Niger, festival Taragalte (Maroc) et du festival au Désert. A dos d’âne, sur les motos tricycles et à abord des véhicules, la caravane a sillonné la ville de Ségou et environs avec les mots prônant la paix, la cohésion sociale et la réconciliation entre les nord et le sud.
Ségou a réuni également durant la semaine des chercheurs, créateurs et décideurs du monde autour du thème migrations et identité(s). Sur deux jours, ces intellectuels du monde se sont questionnés sur les enjeux et perspectives de nos identités face au phénomène des migrations. L’espace d’échange a permis aux autorités maliennes de cerner les problèmes migratoires et d’améliorer leur gestion.
“Le phénomène migratoire constitue aujourd’hui un enjeu politique, socioculturel et économique majeur notre pays”, a rappelé le ministre des Maliens de l’Extérieur Amadou Koita, jeudi à Ségou à l’ouverture du colloque scientifique. Pour le ministre, il est clair qu’on ne peut pas réduire la gestion des migrations à la dimension politique, à des effets économiques, ni à une simple coexistence de cultures différentes sur un même territoire. “Ces aspects viennent compléter la défense et la promotion de la personne humaine, la culture de la rencontre des peuples et l’unité pour la construction d’une culture universelle”.
D’un cadre de rencontre à d’autres. Art Ségou/festival sur le Niger c’était aussi la foire artisanale et agricole (l’espace a réuni plus de 200 exposants de trente pays à travers le monde) des prestations théâtrales et des contes. L’espace consacré au conte “Fèré Kénè”, a été tenu en haleine par des conteurs dont Salif Berthé, l’oiseau conteur.
L’esprit de génie des artistes africains et leur talent de créativité était une fois de plus au rendez-vous cette année au salon d’art contemporain avec la jeune génération. De la création “danse des Kôrèdugaw” d’Ibrahim Bemba Kébé, où l’artiste à partir de plastiques noirs et d’objets recyclés, donne vie aux déférents messages et sens cachés de ces pratiques, à la technique de modelage les pointes et les morceaux de fer d’Hamidou Koumaré, qui invite les uns et autres à se souder comme un seul hommes pour lutter la dégradation de ce monde passant par les images de la jeune photographe Fanta Diarra, qui exprime dans son exposition “prête moi ton pagne” le lien d’intégration entre les femmes africaines et met en valeur la production locale qui fait défaut.
A côté des artistes seniors, Siriki Ky ( Burkina Faso), Wadi Mhiri (Tunisie) Soly Cissé (Sénégal) Barthélémy (Caméroun), Abdoulaye Konaté et Amahiguéré (Mali), ils étaient, près d’une vingtaine d’artistes (Souleymane Ouloguem, Mohamed Diabagaté, Ibrahim Ballo, Amadou Opa Bathily Dicko Traoré, Kani Sissoko) qui ont montré leurs talents dans le salon d’art (Bi Mali, le Mali contemporain) en peinture, en photographie, en sculpture aussi bien qu’en vidéo.
Deux grandes soirées thématiques en musique ont marqué cette édition. La première était dédiée à la diversité avec la caravane culturelle pour la paix. Elle a vu la participation des troupes traditionnelles et orchestres de la région, du nord et du centre et des artistes musiciens dont Super Biton de Ségou, Néba Solo, Bassekou Kouyaté, Aboudoulaye Diabaté, Paye Camara, Safi Diabaté, Kader, Amanar, Ayidissa de la Côté, création Oumar Konaté et Kader (Mali/Algérie)
La soirée de musique urbaine, quant à elle, a fait bouger les festivaliers avec une brochette d’artistes et rappeurs, parmi lesquels Serge Benaud de la Côte d’ivoire, Iba One, Calibre 27, Gaspi, Mali, Malika la slameuse du Burkina Faso, Dr. Keb, Zikino, Yong Pô.
Devant un public sorti massivement malgré le froid et des multiples messages de mise en garde circulant sur la toile à propos d’une possible d’attaque sur le festival, les artistes et rappeurs ont chanté une Afrique et un Mali uni, riche dans sa diversité culturelle et en paix. Cette ambiance a été tenue tout au long de cette édition par les festivaliers et aussi par les forces de défense et de sécurité de la région. Un important dispositif de sécurité était déployé sur le site.
Kadiatou Mouyi Doumbia
(envoyée spéciale)