“Derrière ce roman, on y retrouve l’histoire de Bamako, du Mali de l’époque”
Architecte de profession, passionné par l’écriture, Sébastien Philippe, franco-malien nous a accordé une interview exclusive sur son dernier roman Toubabou Dramane, de son vrai nom Abderahamane Touré, issu des familles fondatrices de Bamako. C’est lui qui a conduit en 1880 le capitaine Gallieni à Bamako. Comment Abderahamane Touré a hérité ce surnom de Toubabou Dramane, comment le roman a été accueilli par la famille Touré, quels sont les différents projets de Sébastien Philippe, ce sont autant de questions auxquelles l’auteur a répondu dans cette interview.
Aujourd’hui Mali : Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs
Sébastien Philippe : je suis franco-malien, architecte de profession installé au Mali depuis 20 ans. Parmi mes œuvres architecturales, j’ai pris part à la finition de la cité administrative, à la reconstruction du palais de Koulouba après les événements de 2012, à l’extension de l’aéroport international Modibo Kéïta de Bamako-Sénou avec le pavillon VIP. Parallèlement à mes activités professionnelles, j’ai toujours été passionné d’histoire. D’ailleurs dès mon arrivée à Bamako, il y a 20 ans de cela, j’ai commencé à faire des recherches dans les archives, à étudier l’histoire du Mali que je ne connaissais pas. Mes recherches ont abouti à l’écriture de plusieurs ouvrages sur l’histoire du Mali. Le premier en 2009, Une histoire de Bamako, le second en 2013 avec Ségou une région d’histoire. En 2017 j’ai publié un livre portant sur le palais de Koulouba avec pour titre Koulouba le palais du Mali, en 2020 j’ai fait une publication sur Les symboles de la République du Mali.
A côté de ces livres d’histoire sur le Mali, j’ai été toujours passionné sur l’histoire des familles, leur généalogie. Toute chose qui m’a poussé à écrire un premier roman paru en 2018 qui s’appelle Pour l’honneur d’Adèle. Ce roman est une recherche familiale, généalogique qui se passe entre la France et l’île de la Réunion.
Mon second roman est un fait qui se passe à Bamako, c’est une histoire entre le Mali et la France qui m’a conduit à faire un écrit sur Toubabou Dramane.
Qui est ce Toubabou Dramane méconnu du grand public malien ?
Toubabou Dramane, de son vrai nom s’appelle Abderahamane Touré, n’est pas connu du grand public, mais il est très connu dans sa propre famille car il appartenait à la famille Touré de Dravéla, une des grandes familles fondatrices de la ville de Bamako. Toubabou Dramane a même une rue à son nom ici dans la capitale, il s’agit de la rue Abdoul Dramani qui est perpendiculaire au boulevard de l’Indépendance et qui coupe ledit boulevard au niveau du monument de l’hippopotame. C’est un personnage dont j’ai croisé le nom lors de mes recherches sur l’histoire de Bamako. C’est comme ça que je me suis un peu intéressé à son histoire. La première question que je me suis posé en voyant son nom Toubabou Dramane dans les archives était de savoir pourquoi on l’appelait ainsi. J’ai fait des recherches en France, au Mali, sur l’histoire de la famille Touré de Dravéla, j’ai échangé avec ses descendants, j’ai reconstitué leur généalogie… C’est la découverte des éléments que j’ai trouvé au cours de ces recherches sur sa vie qui m’ont poussé à écrire ce roman parce qu’il a eu une vie qui, je pense, peut intéresser le grand public.
Pourquoi sa vie mérite d’être connue du grand public ?
Abderahamane Touré est né vers 1850, il avait une vingtaine d’années quand il quitte Bamako pour aller à l’aventure vers le Sénégal. Là, il évolue et doit faire face à quelques mésaventures selon plusieurs témoignages. Ainsi, en 1879, il fait la rencontre d’un officier français du nom de Joseph Gallieni. C’est un militaire très connu en France, car il s’est illustré durant la première guerre mondiale et a fini sa carrière militaire avec le grade de maréchal. Pour rappel, c’est au Soudan que Gallieni a commencé sa carrière, il était un jeune capitaine quand il arrivait ici. Le gouverneur du Sénégal lui avait confié une mission qui n’était pas encore militaire, à savoir aller jusqu’à Bamako, y laisser un résidant avant de continuer son voyage jusqu’à Ségou pour signer un traiter commercial avec Amadou Tall, le fils El Hadj Oumar Tall. Gallieni, qui avait entendu parler que Abderhamane était originaire de Bamako, vint le trouver près de Médine et s’attacha ses services pour le conduire à Bamako. C’est cette rencontre avec Gallieni qui va changer la vie de Abderhamane car il revient à Bamako et continue sa vie sur place. On suppose que s’il n’avait pas fait cette rencontre, il aurait continué son aventure vers les pays côtiers car il avait l’intention de partir jusqu’en Sierra Leone pour tenter sa chance.
Comment vous avez été accueilli lors de vos recherches par la famille Touré de Dravéla ?
J’ai beaucoup travaillé avec les trois familles fondatrices dans le passé. Pour la famille Touré de Dravéla, j’ai rencontré l’ancien patriarche aujourd’hui décédé, qui s’appelait Dramane car il était l’homonyme de Toubabou Dramane. C’est son ancien adjoint, Mamadou Touré dit Madouba qui lui a succédé. Il est lui-même le petit-fils direct de Toubabou Dramane.
J’ai toujours été très bien accueilli dans ces familles car ils ont compris le bien-fondé de cette recherche qui permettait aussi d’approfondir les recherches sur l’histoire de leur clan. Au début, les gens étaient interrogatifs car ce n’est pas courant que les gens mènent ce genre de recherches au Mali.
Comment Abderhamane a donc hérité de ce surnom de “Toubabou Dramane” ?
A son décès en 1908, le commandant français du cercle fait mention dans son journal du décès de Abderhamane en précisant qu’il était surnommé “Toubabou Dramane” en souvenir des services qu’il avait rendu aux Français, notamment à Gallieni.
Comment ce roman a-t-il été accueilli par la famille ?
J’ai offert à la famille plusieurs exemplaires pour qu’ils le lisent, mais le premier a été tout naturellement offert au patriarche. Les personnes qui l’ont lu ont apprécié. Il faut reconnaitre que c’est un roman, ce n’est pas une biographie de leur ancêtre parce que les sources archivistiques que nous avons ont leurs limites. Aussi, ce sont des sources coloniales, des récits écrits par des Français et il a fallu en tenir compte. L’outil qu’est le roman m’a permis de combler les trous de l’histoire, pour les périodes sur lesquelles je n’ai pas trouvé d’information, mais m’a aussi permis de donner la parole à Abderhamane, d’imaginer ses pensées et ses réactions face à ce tout ce qui lui est arrivé. Par exemple on ne connaissait pas les noms de toutes ses femmes, il a donc fallu que j’invente leurs noms.
Le style du roman permet aussi de rendre l’histoire plus attrayante pour que le livre puisse avoir un public plus large.
Après cette publication peut-on savoir vos projets ?
Avant de parler de nouveaux projets, permettez-moi d’apporter une précision sur ce roman pour vos lecteurs. Il s’agit en réalité d’une enquête. Au fil des chapitres, nous avons en alternance deux histoires en parallèle qui se recoupent un moment donné. L’enquête, c’est un jeune chercheur français qui fait des recherches sur ses origines et qui va se découvrir des origines maliennes. Et un chapitre sur deux, nous sommes en 1908, Toubabou Dramane est sur son lit de mort, malade, et il fait appeler ses deux fils aînés, il leur raconte sa vie, ce qui permet de nous plonger dans l’histoire du 19ème siècle. Donc derrière la vie de Toubabou Dramane et ce roman, on retrouve l’histoire de Bamako, du Mali de l’époque. S’agissant de mes projets, je travaille actuellement sur un livre sur les artistes plasticiens maliens contemporains, qui devrait paraître en 2022 car j’aime beaucoup l’art.
Je suis moi-même collectionneur de peintures ou sculptures faites par de jeunes artistes maliens, qui sont très courageux et qui se battent beaucoup pour faire connaitre leurs œuvres. Ce livre a pour objectif de faire mieux connaitre ces jeunes artistes ici au Mali, mais aussi au-delà des frontières maliennes.
A noter que le livre est disponible au niveau de la librairie Bah ou auprès du libraire ambulant Condé au 74149528
Réalisé par Kassoum THERA
Mon frère,
Le problème du Mali, c’est qu’on ne s’intéresse pas à nous-même. Nous sommes comme un rônier. Vous savez ce que cela veut dire
B0Y¢0TT€$LA
B0Y¢0TTWITT€R
B0Y¢R0TTRUMPARA$ITAM€RI¢AIN
B0Y¢0TT0U𝔹𝔄𝔹0U…
🙂 LES FAMILLES DESTRUCTRICES DE BAMAKO 🙂
🙂
LES ETRANGERS TOURE ET NIAKATE N ONT-ELLES PAS TROUVE’ BAMAKO LA’ OU’ IL EST? BAMANAN !
🙂
SILAMEYA TEH MALI DJOH!
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