Elle a organisé une importante conférence pour échanger sur les problématiques suscitées par la satisfaction des besoins des utilisateurs des manuscrits, les défis et les enjeux auxquels sont confrontés les détenteurs de manuscrits anciens
Les rideaux sont tombés, le samedi 12 Aout 2017 au Grand Hôtel de Bamako, sur une conférence de haut niveau sur les manuscrits de Tombouctou avec comme thème central : « Les détenteurs de manuscrits face à la demande croissante d’accès aux manuscrits ». Cette rencontre qui a regroupé des experts nationaux et internationaux était placée sous la présidence du ministre de la Culture, représenté par son chef de cabinet à la cérémonie d’ouverture. C’était en présence du directeur de l’Ong, Abdel Kader Haidara.
Initiée par l’Ong SAVAMA-DCI (Sauvegarde et Valorisation des Manuscrits pour la Défense de la Culture Islamique) et son partenaire, la Fondation Gerda Henkel, cette conférence a permis de jeter un regard sur les différents acteurs des manuscrits (détenteurs, professionnels de bibliothèques ou institutions patrimoniales et usagers), afin de mieux cerner leur travail, leur interaction, le cadre juridique ainsi que les possibilités d’actions pour une meilleure collaboration autour des manuscrits. La conférence a aussi permis d’échanger sur les problématiques suscitées par la satisfaction des besoins des utilisateurs des manuscrits, les défis et les enjeux auxquels sont confrontés les détenteurs de manuscrits anciens. L’accent a été mis sur le rôle du conservateur traditionnel de manuscrit, des mutations de sa fonction au regard de l’évolution des besoins, des usages, des pratiques modernes et des enjeux.
Dans son intervention, le directeur de l’Ong Savama-DCI a bien justifié la tenue de cette conférence. En effet, le Mali, à l’instar d’autres pays subsahariens, est héritier d’un riche patrimoine écrit en langue arabe et en langues africaines « ajami » connu sous le vocable de ‘’manuscrits arabes et ajamis’’. Ces manuscrits ont résisté aux temps et aux aléas climatiques grâce aux efforts collectifs ou individuels des générations précédentes qui ont voulu les préserver et les perpétuer pour la postérité. De génération en génération, les familles détentrices ont accompli une mission historique de conservation de la mémoire collective. Selon lui, pendant que ce patrimoine historique commence à susciter un intérêt scientifique national et mondial, les détenteurs de manuscrits manquent de répondant en raison de leurs réalités en contraste avec la modernité: insécurité, pauvreté, sous-développement et enclavement des régions où ils vivent, manque d’infrastructures et déphasage avec les technologies et le monde du numérique. « Aujourd’hui, c’est à notre tour de porter le flambeau de préservation et de perpétuation de ce héritage et mieux, de l’enrichir en y apposant la marque de notre évolution par notre travail de description, d’analyse, nos progrès de tous ordres (scientifiques, technologique et artistiques) et tout ce qui peut constituer de la valeur ajoutée », a-t-il souligné.
Plusieurs thématiques ont été abordées lors de cette rencontre. Il s’agit, entre autres : « les manuscrits face à la modernité : enjeux et mutation du rôle du bibliothécaire » ; « la notion de droit appliqué aux documents (manuscrits et archives) : droit de propriété (détention physique), droit d’auteur, droit de propriété intellectuelle et d’œuvre protégée, droit de reproduction et d’exploitation » ; « la numérisation et problématiques de droits : droits de l’image, propriété, utilisation, exemples de cas litigieux » et « la législation malienne et les droits applicables aux bibliothèques de manuscrits ». Aussi les expériences de gestion des manuscrits entre détenteurs et usagers ont été largement partagées, notamment les cas de l’institut des Hautes Etudes et de Recherches Islamique Ahmed Baba, de l’Ong Savama-DCI, de la Bibliothèque de Djenné, du cas de gestion des manuscrits en Mauritanie, des manuscrits au Niger et celui des archives en Guinée Conakry.
Daniel KOURIBA