La promotion du livre et de la lecture comme facteur de développement, est un créneau dont les autorités ivoiriennes en font leur cheval de bataille. C’est pourquoi, Abidjan, la capitale de la Côte d’Ivoire a abrité du 12 au 16 novembre 2013, la 6ème Edition de son Salon International pour la promotion des métiers du livre dénommé SILA. Selon les organisateurs, ce Salon se situe en droite ligne des idéaux de l’Organisation des Nations-Unies pour l’Education, la Science et la Culture (UNESCO) dont ses statistiques confirmées par la Conférence des Nations-Unies pour le Commerce et le Développement (CNUCED), estiment que les industries culturelles contribuent au PNB mondial à hauteur de 7% dans le monde et de 3% dans les pays en voie de développement. Par exemple, en Côte d’Ivoire, une récente étude a pu révéler que l’industrie du livre « produit chaque année 150 nouveautés avec 7 millions de livres imprimés par an dont 70% pour l’édition scolaire et 30% pour la littérature générale ». Ce même secteur représente, seulement dans la région d’Abidjan, « un chiffre d’affaires de 51,2 millions de US dollars soit 26, 4 milliards de francs CFA et emploie 1291 personnes. Cette prospérité est due à la vitalité de l’économie ivoirienne dont l’essor de son marché fait d’elle un pays essentiel dans la sous-région. Si la Côte d’Ivoire est très connue pour son café et son cacao, elle possède aussi une grande richesse intellectuelle et culturelle. Le pays a donné à l’Afrique des écrivains qu’on peut classer parmi les plus célèbres et les plus talentueux. Le nombre de prix littéraires est l’un des plus élevés du continent. Citons au passage : Ahmadou Kourouma, Bernard B. Dadié, Jean-Marie Adiaffi, Maurice Kouakou Bandaman, Kitia Touré, Fatou Keïta, Tanalla Boni, Véronique Tadjo, Aké Loba, Niangoran Bouah Georges, Amon d’Aby, Zadi Zaourou, Venance Konan ect…A cela s’ajoute l’essor de la littérature enfantine ivoirienne qui connaît un énorme succès dû non seulement à des auteurs hors pairs, mais aussi à des illustrateurs de talent dont la notoriété dépasse largement les frontières du pays. La qualité d’un livre se juge en grande partie par le travail technique effectué. En Côte d’Ivoire, de grands imprimeurs travaillent régulièrement pour le livre. Plus de 7 millions de livres sont imprimés annuellement sur les presses des imprimeurs locaux. Le nombre très important de journaux favorise la promotion des livres. Chaque quotidien, chaque hebdomadaire dispose d’une page « culture ». La Côte d’Ivoire est l’un des rares pays d’Afrique où les journalistes font de la critique littéraire à travers des pages spécialisées. A Abidjan et à l’intérieur du pays, la Côte d’Ivoire dispose d’un réseau de libraires organisés et performants. C’est dans ce contexte de recherche de voies et moyens pour booster l’économie ivoirienne du livre qu’intervient SILA 2013, la 6ème Edition du Salon International du Livre d’Abidjan pour promouvoir l’industrie et les acteurs du livre et permettre une meilleure vulgarisation du livre et de la lecture dans différentes couches de la population. En outre, le Salon vise à promouvoir l’intégration sous-régionale à travers le livre. Cependant, pour cette 6ème Edition, le royaume du Maroc était l’invité d’honneur. Le choix du Maroc, selon les organisateurs, se justifie par la vitalité de son industrie du livre et le foisonnement de ses différents Salons au cours de l’année.
La cérémonie d’ouverture du Salon, placé sous le haut parrainage de Son Excellence Daniel Kablan Ducan, premier ministre de la Côte d’Ivoire et sous le haut patronage de Maurice Kouakou Bandaman, ministre de la culture et de la Francophonie, a été riche en couleurs et en enseignements de qualité. Présidée par le ministre Bandaman, accompagné de son homologue du Maroc, Mohamed Amine Sbihi et assisté de Mme Kandia Camara, ministre ivoirien de l’éducation nationale et de l’enseignement technique, l’ouverture officielle du SILA 2013 a enregistré la présence de plusieurs personnalités entre autres l’Ambassadeur du Maroc en Côte d’Ivoire, du ministre ivoirien du tourisme, Roger Kacou, du Directeur du livre de la Côte d’Ivoire, Henry N’Koumo, du Directeur général de NEI-CEDA Editions, sponsor officiel dudit Salon, Guy Lambin, du 1er Adjoint au Maire de Treichville, Ahissi Agovi Jérôme ainsi que des partenaires tels que Mme Amoïkon Fouquemberg, Directeur général des Editions Eburnie, Mr Réné Yédiéti, PDG de Librairie France Groupe, Mr Dramane Boaré, Directeur général des Editions Les Classiques Ivoiriens, Mme Isabelle Kassi Fofana, présidente de Akwaba Culture, Mr Marc Anglage, Directeur général de Tratafric Motors CI sans oublier les acteurs des métiers du livre et un public massivement sorti pour la cause. Après les mots de bienvenue du modérateur, Victor-Junior Djokouhehi, la parole est donnée à Ahissi Agovi Jérôme, le 1er Adjoint au Maire de Treichville pour son mot de bienvenue. Ce dernier, très content du fait que sa commune abrite un tel évènement, dira que lui et ses collaborateurs ont le devoir et l’obligation de soutenir cette 6ème Edition du SILA. Faisant l’apologie du livre, il dira que bien avant l’avènement des nouvelles technologies de l’informatique et de la communication, le livre est apparu comme l’élément essentiel de toutes les révolutions que le monde a connu. Pour lui, lire, c’est voyager, c’est vivre plusieurs vies, c’est rêver des choses d’ici et d’ailleurs. Citant André Maurois, écrivain français : « Rien n’est plus important pour l’humanité que de mettre à la disposition de tous le livre, instrument de dépassement, d’évasion et de découverte qui transforme à la lettre, la vie et accroît la valeur sociale de l’individu » ; il conclut par le message de son maire Amichia François qui a souhaité un agréable moment culturel à tous les participants. Après son allocution, Mr Lucien Agbia, Commissaire général du Salon, entama son discours. Ce manager pétri de talents et doté d’une solide réputation intellectuelle, dira que le SILA revient après une petite hibernation. Pour lui, le SILA se devait de consolider sa renaissance et rassurer ses partenaires et tous les amoureux du livre. A ses dires, le SILA 2013 s’est voulu populaire en déménageant du quartier des affaires du plateau pour s’installer à Treichville, se rapprochant ainsi de la population au Parc des Sports de Treichville. A cette innovation s’ajoute la présence d’un pays Invité d’honneur en l’occurrence, le royaume du Maroc dont la délégation est conduit par le ministre de la culture, Mohamed Amin Sbihi. Il a en outre souhaité la bienvenue à toutes les délégations à savoir les Editions L’Harmattan du Burkina Faso, les Editions Belin et les Editions Jaguar de France, Mallory International Ltd de Grande-Bretagne, les Editions Nouveaux Horizons des Etats-Unis etc…
Il s’est dit réjouit de cette 6ème Edition du SILA tout en félicitant le ministre de la culture et de la Francophonie de la Côte d’Ivoire, Mr Maurice Kouakou Bandaman, lui-même Grand Prix littéraire d’Afrique, pour sa détermination à faire du livre un élément important de la culture ivoirienne, l’un de ses principaux vecteurs. Soulignant au passage les chiffres 30 milliards de francs CFA et 1500 personnes, dont l’industrie du livre en Côte d’Ivoire pèse, faisant d’elle la plus importante de la sous-région ; il dira que le SILA ne pouvait ne pas se tenir. A cela s’ajoutent ses vifs remerciements au sponsor officiel NEI-CEDA Editions e Librairie de France Groupe pour leur soutien. Il a aussi salué l’engagement des membres du comité d’organisation et les journalistes sans oublier Tratafric Motors CI pour son soutien logistique. Quand au Directeur général de NEI-CEDA Editions, Mr Guy Lambin, son intervention a été pédagogique et interpellatrice. Il dira que le leadership de la Côte d’Ivoire dans le domaine de la promotion du livre n’est pas usurpé et la présence des grands écrivains africains d’expression française en est l’illustration parfaite. Il renchérit pour dire que le SILA 2013 sera aussi l’occasion d’évoquer entre les spécialistes du domaine le fléau qui affecte gravement la profession. (la fraude et le piratage des documents). Il dira ensuite que sans l’implication des autorités, ils ne pourront lutter seuls contre ce mal qui affecte l’industrie du livre. C’est sur des notes d’espoir qu’il a souhaité un bon Salon aux uns et aux autres. C’est ainsi que le ministre marocain de la culture, Mohamed Amin Sbihi s’est dit très réjouit du choix porté sur le Maroc comme Invité d’honneur de ce Salon. A ses dires, le Maroc a une tradition et une expérience en matière de promotion du livre. Ce constat est visible grâce à la vitalité de l’industrie du livre au Maroc qui emploie des milliers de personnes. Cela a été possible suite à l’appui inestimable des autorités marocaines au secteur de l’édition. Il renchérit pour dire que ces expériences permettront aux uns et aux autres de s’enrichir mutuellement. En conclusion, il a souhaité un bon Salon à tout le monde.
Quand à Maurice Kouakou Bandaman, ministre de la culture et de la Francophonie de la Côte d’Ivoire, il a d’abord remercié les autorités marocaines d’avoir accepté l’invitation des autorités ivoiriennes d’être l’invité d’honneur du SILA 2013. En outre, il dira qu’en matière de promotion du livre et de la lecture, l’expérience marocaine a été pédagogique pour lui du fait qu’il a eu à effectuer un voyage de stage au royaume chérifien dans le cadre du livre. Le ministre Bandaman renchérit pour dire qu’il n’ya aucune gêne à copier un modèle qui a réussit. Et le Maroc a réussit à imprégner sa marque dans le domaine de l’édition. Cependant, le ministre Bandaman, homme de lettres et écrivain de son état (13 titres à son actif), n’a pas hésité à dire que le livre est un outil indispensable au développement, à l’apprentissage et à la culture. Et le gouvernement de Côte d’Ivoire entend apporter tout son appui aux acteurs du secteur. Il renchérit pour dire que prendre part au SILA, c’est venir célébrer l’humanisme par le livre ; c’est venir à un puits inépuisable d’échanges et de connaissances. Le livre que célèbre le SILA est une arme efficace contre la haine et l’intolérance. Là où le livre et la littérature prospèrent, les fusils désespèrent et se taisent. Il assaisonne ses propos par l’implantation future de 2000 kiosques de distribution de livres à travers la Côte d’Ivoire. Ce qui signifie qu’il entend faire la Côte d’Ivoire la vitrine du livre en Afrique de l’Ouest. Pour y arriver, il a sollicité l’accompagnement de tout le monde. A sa suite, nous assistâmes à la remise des trophées honorifiques à certaines personnalités. La coupure du ruban par les officiels a permis la visite des stands. Nous étions le mardi 12 novembre 2013.
Les jours suivants ont été riches en ateliers d’écriture et en débats très fructueux autour de la problématique du livre sous la houlette de l’Association des Ecrivains de Côte d’Ivoire (AECI). La population est massivement sortie pour venir visiter les stands et acheter des livres.
La cérémonie de clôture a permis au Commissaire du Salon, Mr Lucien Agbia de remercier vivement la délégation marocaine ainsi que les autres participants. Dans le même sillage, le Directeur général de NEI-CEDA Editions dira que c’est le meilleur Salon que la Côte d’Ivoire ait organisé. La remise des diplômes de participation et des trophées a été un temps fort de cette cérémonie de clôture. A tout seigneur, tout honneur, c’est alors que le ministre Maurice Kouakou Bandaman, a vivement remercié tous les participants à ce Salon avec un air d’autosatisfaction. Il en est de même pour son homologue du Maroc.
Ainsi les rideaux sont tombés sur cette 6ème Edition du SILA 2013.
Vivement la 7ème Edition !
Mamadou Macalou
Envoyé spécial à Abidjan