Rencontres africaines de la photographie de Bamako : Un foisonnement inventif

0

Les expositions qui se déroulent sur trois sites, regroupent les œuvres de 45 photographes et 10 vidéastes venant de 27 pays.

C’est parti pour les 9è Rencontres africaines de la photographie de Bamako. La rencontre biennale a débuté hier. Les expositions se déroulent sur trois sites : le Musée national du Mali, celui de Bamako et la galerie de l’Institut national des arts (INA). Au total, 45 photographes et 10 vidéastes venant de 27 pays d’Afrique et des Caraïbes exposent leurs œuvres à l’appréciation à la fois du jury et du grand public. Cette partie officielle de la manifestation est dénommée « l’exposition panafricaine ». Le thème retenu cette année est : “Pour un monde durable”. Les œuvres ont été sélectionnées par les commissaires de la manifestation, Michket Krifa et Laura Sérani, le délégué général, Samuel Sidibé, et l’artiste plasticien et directeur du Conservatoire des arts et métiers multimédia Balla Fasséké Kouyaté, Abdoulaye Konaté.

La cérémonie d’ouverture de la manifestation a été présidée hier au Musée national, par le Premier ministre, Mme Cissé Mariam Kaïdama Sidibé. C’était en présence de nombreux membres du gouvernement et d’invités de marque dont le ministre français de la Culture et de la Communication, Frédéric Mitterrand, et le président de l’Institut français, Xavier Darcos, également co-organisateur de la manifestation. Le ministre de la Culture, Hamane Niang, a rendu hommage à ces deux personnalités pour leur engagement pour la cause de l’art en général et la promotion de l’art africain en particulier. « Que de chemin parcouru par la photo ! », s’est exclamé le ministre. « Cette photographie-là qui était anodine, invisible dans le monde il y a 20 à 25 ans. En Afrique même, son usage se limitait à l’enregistrement de souvenirs personnels ou familiaux, réalisés par quelques rares initiés.

Aujourd’hui, la photographie africaine connaît un rayonnement international, un épanouissement extraordinaire et s’érige de plus en plus, en un moyen d’expression artistique à part entière », a-t-il constaté. Et les résultats ne se font pas attendre. De nombreux talents africains éclatent au grand jour. Leur révélation s’accompagne aussitôt de récompenses et de reconnaissances internationales. Outre l’émergence de figures comme notre compatriote Malick Sidibé, lauréat du Lion d’or du Festival de Venise et d’une multitude de prix internationaux, le nombre des expositions sur la photographie africaine augmentent à travers le monde. Des collections se constituent En donnant le coup d’envoi des rencontres, le chef du gouvernement a jugé que les problèmes environnementaux que les artistes traitent dans leurs œuvres, sont des sujets très importants. Des photos très expressives illustrent des thèmes variés comme l’ensablement, la pollution, les déchets toxiques.

Mme Cissé Mariam Kaïdama Sidibé a lancé un appel au public bamakois à visiter les expositions, après s’être réjouie du fait que notre capitale soit devenue une place forte de la photographie africaine et même internationale. En choisissant le thème « Pour un monde durable », la 9è édition des Rencontres africaines de la photographie de Bamako invite les artistes, photographes et vidéastes, à s’engager dans la réflexion sur un phénomène qui agite le monde et compromet son devenir. En effet, comme l’a souligné le ministre de la Culture, le réchauffement climatique, avec les perturbations qu’il entraine dans l’écosystème, est révélateur de notre responsabilité vis-à-vis de notre propre environnement. « Le mode de développement économique dominant qui se fixe comme objectif absolu, la croissance sans fin, a conduit au déboisement des forêts, à l’industrialisation effrénée, à la surexploitation des ressources minières, au gaspillage des ressources en eau, à l’exploitation immodérée de la faune. Notre continent subit de plein fouet les conséquences de cette course effrénée dans laquelle, nous sommes relégués au rang de pourvoyeur de matières premières et de consommateur de produits industrialisés du Nord et d’Asie », s’est inquiété Hamane Niang.

Le ministre français de la Culture et de la Communication a confirmé que la création photographique africaine était, aujourd’hui, pleinement reconnue sur la scène mondiale, dans la diversité et la singularité de ses écritures, par l’ensemble des acteurs du monde de l’art. Et les Rencontres de Bamako ont contribué à cette reconnaissance. Pour Frédéric Mitterrand, « de nombreux artistes sur tous les continents, empruntent au foisonnement inventif d’une photographie qui s’appuie sur des traditions esthétiques fortes, et qui laisse toute sa place à l’innovation ». « En Afrique, parfois encore plus qu’ailleurs, la photographie a constitué un formidable laboratoire de pratiques artistiques en prise directe avec les questions d’actualité, avec leur contexte social et politique. Elle représente une contribution majeure et universelle à nos visions du monde, et cette 9è édition de la Biennale en est une fois de plus le reflet », a-t-il souligné. Parlant de la coopération culturelle entre la France et l’Afrique, Frédéric Mitterrand a assuré que le département qu’il dirige ne cesse d’enrichir ses liens avec la création africaine.

Après de grandes expositions comme « les Magiciens de la terre » d’André Magnin et Jean-Hubert Martin en 1989, « Africa Remix », entièrement consacré à la création africaine contemporaine, le Nigérian Okwui Enwezor est en train de préparer « la Triennale de l’art africain » à Paris en 2012. Il y a aussi « Paris Photo », une exposition où une sélection très attendue des Rencontres de Bamako sera à l’honneur dès la semaine prochaine (réf l’Essor d’hier). Pour le ministre français de la Culture, « le langage photographique apporte par sa capacité unique de condenser sur un même support le témoignage, l’analyse et l’engagement ». « Les photographes et vidéastes invités à Bamako témoignent, dénoncent, agissent, résistent. Les démarches documentaires ou journalistiques, la force de la métaphore, l’usage de la fiction, la variété des expressions plasticiennes sont autant d’armes au service de la prise de conscience et de l’action », s’est félicité le responsable français.

Commentaires via Facebook :