Une navigation sur l’Internet nous a permis de comprendre que le cinéma est un art du spectacle. En français il est désigné comme le septième art, d’après l’expression du critique Ricciotto Canudo dans les années 1920. L’art cinématographique se caractérise par le spectacle proposé au public sous la forme d’un film. Notre pays n’est pas resté en marge de l’évolution du cinéma. En d’autres termes, notre 7e art s’est distingué en Afrique par sa thématique variée et ses productions de qualité. Nos cinéastes : Souleymane Cissé, Falaba Issa Traoré, Cheick Oumar Sissoko, Adama Drabo, Djibril Kouyaté… n’ont jamais manqué d’inspiration pour réaliser de belles œuvres cinématographiques, contribuant au rayonnement de notre culture. Cette semaine nous avons rencontré une réalisatrice et scénariste, Kadiatou Konaté. Son amour pour le cinéma définira son statut d’icône de la discipline. Comment ? Les détails plus bas. Les raisons de son amour pour le cinéma ? Comment elle a vécu ses premières expériences ? Le secret de l’inspiration d’un réalisateur ? Les qualités d’un acteur ? Ses projets ? Kadiatou Konaté déballe tout sous le temple de la rubrique “Que sont-ils devenus ?”
Nous avons connu Kadiatou Konaté dans notre adolescence au milieu des années 1980. Nous jouions au ballon devant leur concession familliale. Son retour en taxi chaque après-midi aux environs de 16 h interrompait nos mouvements. Lors de notre rencontre, Kadiatou nous a informés d’où elle revenait en ces moments. Elle préparait la production du film avec Souleymane Cissé.
Son saut dans le marigot cinématographique relève du pur hasard. La production des films africains, l’émergence des cinéastes comme Sembène Ousmane, Souleymane Cissé, la création du Fespaco ont balancé son cœur. Mais c’est surtout le film marocain Amok du réalisateur Souley Ben Barka qui la révolte.
A ses dires, elle avoue avoir vécu l’apartheid en direct à travers ce film. Cela l’a traumatisée. Après la projection Kadiatou profite d’un débat autour du film pour chercher à voir le réalisateur. Celui-ci étant absent, elle s’entretient avec un réalisateur burkinabé Mahama Johnson. Elle est alors à la Faculté de Dakar, en 1982.
A ce dernier, elle dévoile son amour, surtout les effets que le film Amoka a produits sur elle. Un constat d’autant plus palpable qu’elle décide de faire carrière dans le cinéma. Mahama Johnson lui conseille de prendre attache avec Souleymane Cissé pour donner plus de solennité à son ambition.
Étudiante à Dakar, comment rencontrer le cinéaste, alors qu’elle n’a aucune information sur son programme ? Kadiatou continue ses études à la Faculté en attendant. Coup de théâtre ou coup de chance ? En route pour ses vacances à Bamako, elle aperçoit Souleymane Cissé dans l’avion.
Sans fioritures, elle lui fait part de son amour pour le cinéma, qui traduit logiquement son ambition de faire carrière dans le septième art. Solo l’apprécie et lui dit qu’il a un film en projet, “Yeleen”. Dès lors, ils restent en contact jusqu’à la réalisation du film. Ils œuvrent sur le casting : les comédiens, les costumes et tous les accessoires.
Lors du tournage, Kadiatou est affectée à l’intendance. Avant la fin du tournage, à cause de sa perspicacité, elle occupe une place prépondérante dans la réussite du projet. En plus de ses prises de notes de script, Souleymane Cissé ayant décelé un vide dans un passage du film, lui confie la mission de réparer cette erreur.
“Yeleen” a été un grand succès grâce à son implication. Il a remporté même un prix du Festival de Cannes. Une prestation à partir de laquelle le talent de Kadiatou fut découvert. Et les experts du cinéma africain ont conclu qu’elle peut être une bonne comédienne.
Une bucheuse
Pourtant, elle ne jouera plus dans un autre film, mais se spécialisera en production de cinéma. Elle se lance dans dans la production et réalise des documentaires sous la forme de courts métrages : “l’Enfant terrible”, “l’Enfant et l’hygiène corporelle”, “l’Enfant et la circulation routière” (1993), “Femmes et développement” (1995), “Un enfant en milieu carcéral” (1997), “Petit à petit” (2001), “Daman Da” (2008), « Rêves de femmes”, “Degui Degui, le destin hypothéqué”.
La bourse qu’elle décroche pour des études supplémentaires à l’INA de Paris la propulse dans la conception de films. Et pour cause! Partie en France pour être formée en production et réalisation, Kadiatou Konaté ne s’est pas empêchée d’apprendre le montage pour donner plus de visibilité à sa carrière.
Elle retourne à l’Ecole internationale de Bordeaux entre 1991 et 1992, pour parfaire ses connaissances en technique de film d’animation. L’année suivante dans son ambition de faire l’animation en trois dimensions, elle s’envole pour la Belgique pour une autre formation.
Le cinéma de façon générale lui a procuré de bons souvenirs, notamment les relations, les voyages, le tournage du film “Guimba” où elle a travaillé sur la production. Son seul mauvais souvenir se résume aux difficultés rencontrées lors du tournage de son film, “l’Enfant terrible”. Pour Kadiatou Konaté, les qualités d’un bon cinéaste résultent de l’amour qu’il éprouve pour le 7e art. Tout part de là pour aboutir à des résultats probants, qui constituent des baromètres pour évaluer ses qualités.
Comment un cinéaste ou un producteur s’inspire pour concevoir un film ? Cela est facile, selon Kadiatou Konaté. Cette inspiration est la suite logique de l’amour du métier. Pour être précise, elle soutient que les problèmes de la société, l’environnement de tous les jours aident beaucoup à produire un film. Des projets ? Elle en a beaucoup : un documentaire sur le fleuve Niger, sur la démocratie à partir du 26-Mars 1991, sur le basket-ball féminin malien.
La mise en œuvre de ces projets est bloquée, par le manque de financement. Mais Kadiatou Konaté ne se décourage pas du tout. Puisqu’elle a opté pour le cinéma, elle est toujours à la recherche de bailleurs pour commencer le travail à proprement parler.
O. Roger
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