La salle de spectacle du Centre culturel français de Bamako a refusé du monde, le vendredi 26 novembre 2010, à l’occasion de la projection en avant-première du film " Star et immigré ", un documentaire de 52 minutes sur le parcours de l’un des plus grands comédiens de notre pays, Habib Dembélé dit Guimba national. Ce film a été réalisé par Nomade production, dont les responsables, David Helf et sa femme Eva Santamaria, étaient présents dans la salle tout comme notre Guimba national.
La projection de ”Star et immigré” est une avant-première à Bamako. Elle s’inscrit dans le cadre du Festival Etonnants voyageurs. ” Star et immigré” est le portrait de Habib Dembélé, artiste malien et acteur de la troupe de Peter Brook. D’après Eva Santamaria, réalisatrice du film trois raisons ont poussé à faire ce film.
" La première, c’était de montrer aux Maliens ce que fait Habib quand il n’est pas au Mali. La deuxième, c’était que les pays du nord découvrent à travers Habib les valeurs du Mali, les grandes familles, etc. La troisième raison est la question que nous nous posions nous même : d’où Habib tire-t-il sa force personnelle ? Maintenant on sait qu’il tient sa force de sa grande famille.". Cela est d’autant plus claire qu’Habib, dans le film, montre comment il est venu au monde, à travers sa famille paternelle à San, une grande cour où vivent plus de 50 personnes.
Mieux, les cérémonies religieuses que la famille organise chaque année pour ses morts sont pilotées par Habib, notamment avec les lectures de Coran et les bénédictions faites pour les morts. Chaque année, Habib vient à San et rencontre tous les membres de cette grande famille.
D’après le comédien, il lui est facile d’imiter ces gens-là avec qui il vit et on y retrouve toutes les générations.
Dans le documentaire, Peter Brook fait savoir que Habib a une force innée de faire de la comédie : " Il a une qualité qui lui permet d’imiter en une fraction de seconde plusieurs personnages. Cela n’est pas donné à tous les comédiens, c’est sa force ". Son complice éternel, Michel, pense que " Guimba a un défaut-qualité, parce qu’il croit en tout le monde, peu importe le reste ".
Quant à Cheick Oumar Sissoko, ex-ministre de la Culture et réalisateur qui a beaucoup travaillé avec Guimba dans ses films, il affirme que, pour lui, Guimba est plus qu’un acteur sur un plateau de tournage : " Il fait son rôle, mais nous aide au moment du tournage ". Fantani Touré, l’épouse de Guimba, avoue que la bonté de son mari la dépasse : " Quelqu’un qui peut donner son prix de condiments au premier venu, sans chercher à comprendre, cela me dépasse ".
Dans le film, il y a aussi les témoignages des mères et oncles, ainsi que des extraits des spectacles de Guimba tournés dans le monde, ses activités à Paris, surtout son combat " immigration ". En cela, il dit dans le film : " Est-ce que dans la mer il y a des poissons flics européens qui empêchent les poissons africains de venir en Europe ? Je ne sais pas et je ne comprends pas les frontières entre le nord et le sud, les barrières, les contraintes et les difficultés auxquelles nous sommes confrontées".
" Star et immigré " est une invite à la découverte aussi bien d’un homme et de son éducation que d’un pays et d’une culture. Souvent comparé au grand comédien français Coluche à cause de son humour et de son engagement, Guimba pousse à réfléchir au rôle de l’acteur face aux questions d’actualité comme l’avenir des familles africaines, l’immigration ou les relations Nord-Sud.
David Helf a fait savoir à la fin du film que la réalisation a duré plus de trois semaines. Beaucoup d’images n’ont pas pu être utilisées pour des raisons de montage, mais le DVD du film sera bientôt sur le marché. Ce documentaire sera aussi programmé sur l’ORTM et TV5 en décembre de cette année. D’après Guimba, sa collaboration avec Nomade production ne date pas d’aujourd’hui car cette maison l’a aidé dans le film " Les aventures de Sékou ". Et Guimba d’ajouter : "Ceux qui ont fait le film sont des français, très honnêtes, que j’appelle mes frères car ils ont cherché à me connaître, ils sont allés jusque dans ma famille, voir où je suis né et m’ont suivi partout ".
Kassim TRAORE