Prestations des artistes au festival de Diré :Ami Wassidjé passe bien, Aboubacar Madjou assez bien et Abdoulaye Diabaté rate ses sorties

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Les Diriennes et Diriens ont désormais un rendez vous bien calé dans leur agenda. Il s’agit du festival de Diré. Un événement annuel qui leur permet de voir de grands artistes du pays défiler dans leur cercle.

L’année dernière, les populations étaient satisfaites de la qualité de la prestation des artistes, surtout celle du grand Abdoulaye Diabaté, qui avait émerveillé plus d’un Dirien, y compris Touré Lobbo Traoré, qui avait assisté à une des soirées artistiques. Cette année, au contraire, les gens ont été très déçus par la prestation de l’enfant de Bafa Diabaté. C’est vrai que le griot intellectuel fait les éloges des officiels, mais de là à oublier de chanter pour le public, c’est un pas que Diabaté a fini par franchir. Les spectateurs n’étaient pas du tout contents de lui et pourtant, il était le seul artiste à être programmé lors des trois nuits du festival où il n’a fait que du griotisme pour chercher de l’argent. En tout cas, ses prestations n’ont pas été du goût des jeunes, qui ne se retrouvaient pas dans les chansons d’Abdoulaye.

C’est tout le contraire du chanteur paysan de Goundanm , Aboubacar Madjou, unique dans son genre. Connaissant bien son public, il n’est pas allé par quatre chemins. Il a tout simplement joué des morceaux pleins de rythmes pour faire danser les jeunes filles et garçons qui constituaient la majorité du public. Comme les jeunes ne viennent dans ce genre de manifestations que pour se défouler, Aboubacar Madjou les a bien servis. Le point fort du paysan, c’est surtout les messages qu’il fait passer dans un français pas croyable, qui fait bouger Victor Hugo dans sa tombe: “Le musique de moi, ce pour la paysan, moi paysan chanteur grosse travailleur, toujours aux champs, tu es riche, tu es argent avec l’agriculture, le musique ajoute un peu “. Sachant bien que les jeunes n’aiment que son français, il ne parle qu’en français pour leur faire plaisir. Aboubacar Madjou, c’est aussi un grand danseur, un ambianceur.

La grande satisfaction de cette édition a été Ami Wassidjé Traoré. Elle bénéficiait déjà de la confiance des populations de Diré, lors de l’enregistrement de l’émission Top étoiles de l’ORTM dont elle était l’invitée. Le jeudi, avec son groupe au grand complet dont Makan à la batterie, Fah et Djiby aux deux guitares et des danseuses comme Mata, la fille de feue Koumba Sidibé, ils ont chauffé les berges du fleuve, réveillant le public qui somnolait. En effet, les spectateurs ont commencé à danser pour communier avec Ami Wassidjé. Les danseuses ont été obligées de quitter le podium pour danser avec les spectateurs.

Très applaudie, elle en a profité pour remercier dans une belle chanson le parrain, Oumar Bocar, sans oublier Maharafa Traoré et son épouse, Niamoye Youbba Baby, l’unique député de Diré, Nock Ag Attia et d’autres personnalités de la capitale du blé. Le public a surtout aimé et apprécié la fille de feue Koumba Sidibé qui a prouvé ses talents de grande danseuse, avec un jeu de reins qui n’a pas laissé les Don Juan indifférents.

M’Baou Tounkara, qui était de cette deuxième édition, a confirmé tout le bien qu’on dit d’elle. La fille de Djely Madi Tounkara a cartonné, tout comme les Sidi Touré et le Diiri band. Au finish, on peut dire qu’Ami Wassidjé a été le meilleur artiste, suivi d’Aboubacar Madjou. Abdoulaye Diabaté a tout simplement raté ses sorties à Diré.

Le festival, c’était aussi l’exposition des objets d’art, une foire-exposition, des courses de pirogues et chevaux et des soirées traditionnelles dansantes avec les instruments du terroir. Les conférences-débats sur l’emploi des jeunes et les 50 ans de Diré ont permis aux populations de connaître l’histoire du cercle, en partant de sa création le 12 mai 1961. Pour les populations, malgré ses 50 ans, le cercle de Diré est toujours confronté à des problèmes de route. En effet, même pas un kilomètre de bitume dans le cercle.

L’autre conférence sur l’emploi a permis aux organisateurs d’ouvrir le débat sur un sujet d’envergure nationale car dans chaque famille il y a des candidats à la quête du premier emploi. En tout cas, les jeunes de Diré n’ont pas caché leur déception face à leurs difficultés d’accès au financement de structures comme l’APEJ, le FAFPA, l’ANPE, entre autres structures qui d’ailleurs ne sont pas connues par la plupart des jeunes de la localité. C’est dû au fait que lesdites structures n’ont pas de représentation dans leur cercle.
Envoyé spécial à Diré
Kassim TRAORE

Les potins du festival de la Concorde à Diré
L’injustice

Bamako -Diré en voiture, c’est un calvaire. Pour aller à Diré c’est un parcours du combattant. Que ce soit à partir de Niono en passant par Léré et Niafunké, ou à partir de Douentza en passant par Tombouctou et Goundam, ce sont les mêmes difficultés. Aucune de ces voies n’est bitumée. Et pour arriver à Diré, il faut parcourir plus de 1000 Km. Aujourd’hui, avec le festival et le déplacement de plus en plus important de personnes vers la zone, les ressortissants pensent que les autorités doivent voir la situation de leur route car ce n’est pas Diré seulement qui est frappé par le manque de voie bitumée, mais 4 sur 5 cercles de la région de Tombouctou sont confrontés aux problèmes de route. “En 50 ans d’indépendance, nous n’avons rien comme développement, c’est de l’injustice’ a déclaré Alassane Djitèye, le promoteur de Diré transport.

Etre parrain, ça se mérite !
Oumar Bocar Yattara, directeur de l’Institut national de formation juridique (INFJ), a été choisi comme parrain de la 2ème édition du festival de Diré, comme l’avait été Maharafa Traoré, ministère de la Justice lors de la 1ère édition. L’actuel parrain, disons l’enfant de Kirchamba, en plus de son soutien à l’activité et sa disponibilité, a fait un geste que certains festivaliers venus de Bamako ne sont pas prêts d’oublier. Tombés en panne à 60 Km de Tombouctou, ils ont été secourus par le parrain. Ce dernier est allé à Tombouctou chercher pour eux de l’eau à boire et de la nourriture.. Ce geste a été bien apprécié par les festivaliers. Tout au long du festival, Oumar Bocar n’a fait que poser des actes allant dans le sens du bon déroulement de l’activité culturelle majeure de la capitale du blé.

Top étoiles
Au moment ou les ‘rescapés’ du désert arrivaient à Diré, le mercredi 11 Mai 2011, aux environs de 21 heures, tous les habitants de la ville de Diré se dirigeaient vers la maison des jeunes pour suivre l’enregistrement de Top étoiles, qui avait comme invitée Ami Wassidjé Traoré. Cette manifestation a été organisée par l’Association pour le développement de Diré, (ADD). La marraine de la soirée était Traoré Youbba Baby, femme du ministre Maharafa Traoré et le parrain en était le gouverneur de la région. M’Baou Tounkara, Thialey Arby, et des artistes locaux ont animé cette émission dont le prix des tickets d’entrée était fixé à 2500, 5000 et 10 000 FCFA. La question que tout le monde se pose à Diré, c’est où va l’argent payé pour l’entrée de ce spectacle? En réponse, les organisateurs font savoir que pour faire venir l’ORTM et organiser cette émission, ils ont déboursé plus de 6 millions FCFA. Somme qu’ils ne pourront pas récupérer par la vente des tickets.

La petite sono
La sonorisation de la 2ème édition du festival de Diré a été confiée à Abdoulaye Diabaté. Tout le monde s’attendait à une grande équipe de sons et lumières, avec des hauts parleurs géants. Mais la surprise a été grande de constater que c’est une petite sonorisation qui était à Diré. Avec de petits baffles, que les jeunes de Bamako utilisent pour faire les Balani show dans les rues pendant les vacances. Le matériel de sonorisation de Diabaté ne peut pas être comparé à celui des grandes boîtes comme Média plus, Blonba ou Seydoni. Mieux, à part le groupe de Diabaté, tous les autres groupes ont joué dans des difficultés, à cause de la petite sono dont le son ne dépassait guère les bords du fleuve Niger où se déroulaient les prestations des artistes.

Le festival des excuses
Beaucoup de couacs, des reprogrammations des activités dont certaines sont annulées, sans compter les difficultés pour arriver à Diré. Et à chaque fois, c’est le maire de Diré, président de la Commission d’organisation qui se pointait pour présenter des excuses. Ibrahim Kalil Touré avait tout centralisé à son niveau. Rien ne se fait sans son accord. Les Diriens de Bamako, qui organisaient l’année dernière, ont été mis de côté. Les cars des festivaliers ont failli d’ailleurs ne pas quitter Bamako, faute de carburant pour les véhicules. Et pourtant, tous les participants ont mis la main à la poche en payant 10000 FCFA, chacun. En fin de compte la désolation était totale et l’heure du bilan sera rude pour le maire et son équipe.

Décentraliser le festival
“Il faut que la 3ème édition du festival de la concorde se déroule dans une autre commune du cercle de Diré”. C’est ce qu’a laissé entendre l’unique député de Diré, Nock Ag Attia, qui déclare avoir été commissionné par les 12 autres communes qui disent prêtes, chacune, à accueillir la manifestation. Selon le député, ces communes veulent que le festival soit rentable, parce que ça pourra leur permettre de vendre du mil, du blé et d’autres céréales pendant le festival. Mieux, elles pensent, aux dires du député, que le festival ne doit pas être que du folklore.
Le président du Comité d’appui, Abdoulaye Albadia Dicko, pense qu’il faut que le festival devienne biennal et qu’on revoie son contenu en faisant le bilan. En tout cas, la délocalisation du festival proposée par Nock Ag Attia n’est pas acceptée par bon nombre de participants. En contrepartie, l’option biennale a été bien accueillie.

Dirienne ou Goundamienne

L’actuel Premier ministre est au centre d’une vive polémique entre les Diriens et Goundanmiens. Certes Cissé Mariam Kaïdama Sidibé est née à Goundanm, mais selon nos sources, elle a fait son premier cycle à Goundam où son père était directeur d’école. Mais sa mère qui est une Tombouctienne, n’a jamais résidé à Goundam. Pour preuve, sa maison est toujours à Diré.

Le père de l’actuel Premier ministre est du Wassoulou, alors que sa mère est de Tombouctou. Son époux aussi est de Tombouctou. Mais, d’après les Diriens, il y a eu une erreur dans le CV de Mariam Kaïdama Sidibé, parce qu’elle n’a pas eu son DEF à Goundam car l’époque Goundam n’avait pas de second cycle.

Lors de l’une des conférences-débats du festival, il a été dit clairement que l’actuel Premier ministre se réclame de Diré, qu’elle avait même dit aux Diriens de ne pas l’exclure. En tout cas, Dirienne ou Goundamienne, c’est toujours Tombouctou. Mais si on se situe du côté de son père, on dira qu’elle est du Wassoulou.
Rassemblés par K. TRAORE

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