…Parti il y’ a très longtemps, Elou, pour une fois des nouvelles de lui, le voici tout simplement donné pour mort par ce mystérieux courrier parvenu à Ria désormais seule face à son impitoyable destin. Un récit d’une fin tragique dans ce chapitre au titre paradoxalement plein d’espoir, l’espoir du « beau temps après la pluie »(chap. 8). Un nouveau départ, une autre vie commence ainsi pour Ria et pour ses amis du reste malgré le doute subsistant sur la mort de Elou, une sorte de refus d’admettre une réalité immuable tant on aurait aimé qu’il en soit autrement …
Dans le chapitre qui suit (chap. n°9), Amina Sow Mbaye, dans des envolées lyriques qui dévoilent son autre talent de poétesse, va user d’une technique digne de « DEUS EX MACHINA » pour annoncer le retour inattendu au bercail d’un Elou nostalgique des fastes , des sons et lumières de l’ancienne capitale Ndar Guedj (Saint-louis du Sénégal).
Son aventure aux Etats-Unis, à vrai dire, n’aura été que tribulations, une mésaventure qui l’aura désastreusement métamorphosé et plongé à la limite dans un « abime sans fin) chap. n°10. Cette mystérieuse lettre n’était donc « qu’une plaisanterie fatale (chap. n°11) conférant à cette oeuvre une dose de tragi-comédie. On se demandera encore pendant longtemps les réelles motivations de Ousseynou auteur de cette fameuse lettre au seul mérite d’avoir « délivré » Ria et Ousseynou et accéléré les choses dans leur commune nouvelle vie .
Et dire que les listikhars (prédictions) de Sérigne Badara avaient, à maintes reprises, prédit le retour de Elou à qui il se chargera de dire à présent «Toute la vérité » chap. n°12 sur la nouvelle tournure des choses après sa mort déclarée et qu’il avait lui même acceptée avec résignation. Elou bien de retour a en face de lui une autre réalité que la nouvelle vie entamée par sa chère Ria et ses enfants sous le toit de son meilleur ami Sidy….
Devant une telle situation une décision s’impose et à force d’y réfléchir Elou sombra dans un rêve ; « le fameux rêve » du chap. n°13.
Un chapitre d’une rare beauté dans la description avec des symboles évocateurs qui campent un décor dans lequel Elou se fond en parfaite osmose.
Le rêve du dénouement peut être, le rêve des remords certainement, le rêve du recueillement de Elou à la recherche de Dieu, à la recherche de la sublimation et implorant la miséricorde…On pourrait parler à la fois du dialogue et du monologue de Elou dans une sorte de retraite spirituelle espérant une solution divinement insufflée.
Finalement c’est par une « lettre décisive » chap. 14, que Elou, la foi en bandoulière, a décidé de renoncer à « son patrimoine » en ne se dévoilant pas à Ria et Sidy. Il n’en veut ni à Ousseynou pour avoir fomenté le coup de la fameuse lettre, ni à Sidy qui n’ont pu le reconnaître malgré les pressentiments de Ria…
Amina Sow Mbaye aura entretenu le suspens jusqu’au bout avec en évidence dans ce dernier chapitre bien des valeurs portées par son héros aventurier qui repartira de nouveau pour Harlem…la cité noire. Des valeurs dans ce dernier chapitre avons -nous dit ; pouvait-il en être autrement dans ce milieu de traditions où Elou et ses amis ont été formatés parfois au prix d’ épreuves identiques à celles du Sang du mortier ; une œuvre à lire et à faire lire.
Michel NAMAR
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