Au Mali, elles sont rares. Si autrefois elles estimaient que le journalisme était un métier réservé aux hommes, de nos jours c’est plutôt les difficultés liées aux pesanteurs socioculturelles qui leur freinent la route. Bien que la situation s’améliore progressivement, il faut s’armer de courage et de rigueur pour réussir auprès de ses paires. Dans ce reportage, notre rédaction est allée à la rencontre de Ramata Diaouré. Portrait.
Habillé d’un pantalon jeans et d’un tee-shirt blanc, Ramata Diaouré est l’une des premières femmes à exercer le métier de journaliste au Mali. A plus de 20 ans de carrière, elle est Secrétaire de rédaction à « Journal du Mali » et « Journal d’Abidjan », en plus d’être formatrice-consultante. Pour Ramata Diaouré, les femmes s’abstenaient à embrasser la profession de journaliste pour des contraintes sociales. Toutefois elle estime que la situation s’est actuellement améliorée. « Elles sortent de leurs foyers tôt le matin, jusque tard le soir. Des fois il y a des déplacements. Donc il y a des personnes pour lesquelles ça été assez compliqué. Quand je commençais dans le métier, dans les années 1993-1994, il y a beaucoup moins de femmes que celles que l’on aujourd’hui. Je dois avouer que la situation a sérieusement progressé », témoigne Ramata Diaouré.
Pour tirer son épingle du jeu, il faut se former. A cela s’ajoutent le respect de l’éthique et de la déontologie. « Le travail bien fait impose le respect », affirme notre interlocutrice, avant d’ajouter que la question que la sous-représentativité des femmes dans les médias n’est pas un débat femme-homme. « Il y a encore des problèmes pour faire reconnaitre ces compétences là et les faire payer à leur juste valeur. Mais je pense qu’on y arrive toujours dès lors qu’il y a le sérieux, la qualité et le professionnalisme dans le travail », insiste Ramata Diaouré. Selon elle, le journaliste c’est d’abord le respect de soi-même, de la profession. Dès lors qu’on reste dans ce cadre là, dit-elle, on est difficilement attaquable et on peut parler à haute et intelligible voix et faire son travail convenablement ».
Ramata Diaouré se fait remarquer non seulement par son talent, mais aussi par son style particulier. Pour elle, porter des boubous et des hauts talons ne riment pas avec les réalités du terrain, d’où son choix pour la simplicité. « J’ai quasiment toujours été comme ça. Moi j’aime bien être en pantalon, avoir les cheveux courts, mettre de tee-shirts », argumente-t-elle. Avant d’expliquer : « le métier que je fais, c’est souvent avantageux. Vous partez souvent dans des endroits où ce n’est souvent le basin à grand boubou qui peut circuler là-bas. Il y a des cas au Mali où, sur le terrain, ce n’est pas évident de s’en sortir si on a des talons de huit centimètres et un jupe un peu serrée ».
Le rôle d’un doyen quel que soit sa profession, c’est de transmettre aux jeunes. Pour l’émergence du journalisme au Mali, l’apport des anciens est capital. Ramata Diaouré les invite donc à rester ouverts à la jeune génération. Quant à la jeunesse, elle l’appelle à plus de promptitude et de rigueur.
Avec ST