La crise qui a secoué le nord du Mali a porté des atteintes graves aux droits de l’homme. Ce fut aussi l’occasion pour les groupes armés, de saccager une grande partie des éléments du patrimoine mondial malien. Aujourd’hui, avec le retour de la paix, le Mali est en passe d’ouvrir de grands chantiers de reconstruction.
Mais, en fonction de la spécificité des éléments du patrimoine culturel, leur reconstruction nécessite une méthode pour garder leur valeur universelle exceptionnelle. C’est conscient de cela que le ministère de la culture du Mali, à travers la direction nationale du patrimoine culturel, en collaboration avec l’UNESCO, a décidé de l’élaboration d’un document de stratégie de reconstruction du patrimoine culturel endommagé. Le 4 avril 2014, le document était au centre d’un atelier de restitution et de validation, organisé au CICB. « Depuis le début de la crise, l’UNESCO s’est tenue aux côtés du ministère de la culture, pour l’accompagner dans ses efforts de sauvegarde du patrimoine culturel endommagé », a indiqué Sokona Tounkara, chargée de programme culture au bureau de l’UNESCO à Bamako. Elle a indiqué que la validation de la stratégie de reconstruction marque une période importante de l’histoire du patrimoine culturel du Mali. Avant de dire que la reconstruction, c’est d’abord une stratégie bien pensée qui prend en compte les communautés et les responsables des édifices concernés.
Selon elle, c’est aussi mener des études. « Reconstruire c’est aussi documenter avant et après pour les générations à venir », a-t-elle indiqué. Avant de conclure que l’élaboration d’une stratégie de reconstruction est indispensable pour pouvoir intervenir sur un site du patrimoine mondial. Pour sa part, Marcel Stoessel, Directeur résident suppléant de la coopération Suisse au Mali, a estimé que les évènements de 2011 et 2012, ont aussi porté un énorme coup au patrimoine culturel du Mali. « Pour aider à la reconstruction de ce patrimoine, mon pays a décidé de mettre 530 millions de FCFA à la disposition de l’UNESCO », a-t-il indiqué. En sa qualité de ministre de la culture, Bruno Maïga a estimé que le conflit armé et l’occupation des régions du nord ont eu un impact très négatif sur les ressources du patrimoine culturel, et par ricochet sur les modes d’existence de différentes communautés partageant des traditions et des pratiques sociales harmonieuses. Selon le ministre, Tombouctou a été particulièrement touchée. « Quatorze des seize mausolées inscrits sur la liste du patrimoine mondial, et le monument de l’indépendance à l’effigie d’El Farouk ont été détruits », a-t-il indiqué. Avant d’ajouter que la porte de la mosquée Sidi Yahia, considérée comme « sacrée » par les habitants de la ville, a été arrachées et endommagée. Pire, il dira qu’environ 4203 manuscrits anciens de très grande valeur de l’Institut des hautes études et recherches islamiques Ahmed Baba ont été brûlés. Ila aussi indiqué que le site du Tombeau des Askia inscrit sur la liste du patrimoine mondial en 2004, et qui a vaillamment été protégé par la population de Gao, a connu des dégradations à cause de l’arrêt des travaux d’entretient dont il bénéficiait annuellement. Le ministre a souhaité que des dispositions particulières soient prises pour le site de la Falaise de Bandiagara et celui des « villes anciennes de Djenné », inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO.
Assane Koné