En mission dans la ville de Djenné il y a quelques mois, une forte délégation de l’Unesco en tête son responsable adjoint Bandiougou Diawara. Sur le terrain la déception était grande au regard de l’état d’avancement de la conservation et de la dégradation de l’authenticité de la ville.
De nos jours, la ville présente un visage peu qui inquiète l’Unesco, c’est pourquoi des fortes recommandations ont été faites en direction de l’Etat malien afin de maintenir Djenné dans son statut de ville patrimoine mondial de l’humanité.
Parmi les recommandations l’Unesco privilégie en premier lieu une cartographie détaillée permettant de préciser les limites des sites et leurs composantes. Aussi, de redéfinir les limites des sites archéologiques et de leurs zones tampons. En d’autres termes, l’Etat malien devrait prendre des mesures pour mettre en place un dispositif de sécurité et de protection du tissu ancien de la ville et des sites archéologiques.
En clair, l’Unesco rappelle à l’ordre les autorités maliennes à leur devoir d’”arrêter de façon ferme l’occupation anarchique et le remblayage des berges : cette action doit être ferme et dissuasive et nécessite une coordination des autorités nationales, des collectivités locales et des chefs traditionnels. Au besoin, il faudra procéder à la démolition des maisons illégalement érigées afin de redonner à la berge son aspect initial”.
Malgré ces observations, dans la ville les constructions se prolongent presque dans le lit du fleuve Bani.
Autres inquiétudes soulignées par l’Unesco, les menaces qui pèsent sur le bien et qui justifient son inscription ou son retrait de la liste du patrimoine mondial en péril. “La situation du patrimoine architectural et archéologique de Djenné est préoccupante”, mentionne avec insistance le rapport de l’Unesco dont nous détenons une copie.
Le hic est que ces menaces citées ne datent pas d’aujourd’hui mais depuis l’arrivée aux affaires de Ndiaye Rama Diallo, qui n’a rien entrepris pour améliorer la situation. Et si rien ne fait, il sera difficile d’éviter à Djenné d’être inscrite sur la liste de patrimoine en péril. Au rythme où évolue la situation, la ville patrimoine sera inscrite sur la liste des patrimoines en péril par l’Unesco. Conséquence, on s’achemine vers un déclassement.
Mais en lieu et place d’un plan d’urgence pour protéger les vieilles villes et des sites archéologiques, notre dame de fer préfère des voyages coûteux et sans impact à l’extérieur ou paraitre dans les événements mondains dans la capitale. Dommage que Djenné qui accueille 15 000 et 20 000 touristes par an grâce à son architecture, sa mosquée, sa foire hebdomadaire, entre autres curiosités, soit sur le point de tout perdre dans l’indifférence du chef du département de la Culture.
Alpha Mahamane Cissé